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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 11:36

 

Autour des Africaines du Nord

Paru dans Arabies - Octobre 2010

 

Photo-022.jpgA l'approche du Forum des femmes à Tunis, un tour d'horizon s'impose pour voir comment les femmes maghrébines ont vu leur rôle progresser dans les sociétés d'Afrique du Nord.

  

A l’avant-garde pour accompagner les mutations et perpétuer dans le même temps les valeurs de leurs sociétés, les femmes du Maghreb sont le fer de lance du changement, grâce à la négociation et au dialogue.

Elles ont en commun de résider en Afrique du Nord et d’appartenir à des sociétés qui puisent à la source de cultures similaires. Cela étant, les femmes du Maghreb central n’en partagent pas moins le même idéal que leurs concitoyennes du monde : celui de renforcer - de manière consensuelle – leurs droits. Nabiha Gueddana est l’une d’elles. Candidate tunisienne au poste de secrétaire générale adjointe des Nations unies en charge de la nouvelle entité « ONU-Femmes », ce médecin pédiatre, qui est également responsable de l’Office national de la famille et de la population (ONFP), entend bien concourir à la promotion des femmes. « Issue d’un pays musulman qui a su démontrer qu’on peut faire avancer les lois vers l’égalité, appartenant à une société tolérante et modérée, j’ai compris que nos jeunes filles et nos femmes ne doivent pas rester au banc de la modernité », écrit celle qui s’emploie à réduire les inégalités d’accès des femmes aux services de santé et à lutter contre la mortalité maternelle.

Vie et mariage. Au Maroc, des améliorations sont également enregistrées sur ce plan. En attestent les quatorze années d’espérance de vie supplémentaire que les Marocaines ont acquis, en près de 30 ans, nonobstant des disparités persistantes entre villes et campagnes. La baisse de la fécondité et le relèvement de l'âge au mariage sont des facteurs également pris en compte pour mesurer les changements qui opèrent au sein de la société maghrébine. De 1966 à 1998, l’âge du mariage des Algériennes a ainsi reculé de près de dix ans. Il est à présent égal ou supérieur à 27 ans.  

 

Population et démographie   ALGERIE   MAROC   TUNISIE
Population totale 2009 35 600 000 31 514 000 10 434 400
Espérance de vie femmes 76,3 74,2 76,3
Indice de fécondité 2,36 2,23 2,06
Ratio de décès maternel pour 100 000 naissances

 180

 240  100

 

Pour soutenir une politique et impulser des initiatives en leur faveur, trois femmes dirigent un ministère dédié à ce public, dans chacun des gouvernements. En Algérie, il s’agit de Nouara Saadia Djaffar, ministre déléguée chargée de la Famille et de la Condition féminine. Journaliste de profession, elle s’implique dans bon nombre de dossiers dont celui de l’entreprenariat féminin, soutenant les jeunes promotrices en milieu rural qui réalisent des projets d’investissements.

Au Maroc, Nouzha Skalli est en charge du ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité. Ancienne présidente de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc, cette activiste de la cause féminine est entre autre fondatrice du Comité national pour la participation des femmes à la vie politique. Elle a par ailleurs contribué à plusieurs publications dont Droits des femmes au Maghreb : l’universel et le spécifique.

En Tunisie, la même responsabilité incombe à Bebia Bouhnek Chihi, ministre des Affaires de la femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes âgées. Elle a occupé plusieurs fonctions au sein  du ministère des finances et au ministère de l'Industrie, de l'Energie et des PME, avant d'être nommée présidente directrice générale de la Société nationale de distribution des pétroles (SNDP, Agil). 

 

Représentation des femmes dans la vie publique et politique 

  ALGERIE 

 MAROC

  TUNISIE
Femmes membres du gouvernement 3 soit 7.8 %  5 soit 14.2 % 4 soit 9.5 %
Femmes dans les parlements nationaux 6.4 % 6.35 % 21.4 %

 

En fonction des particularités et de l’histoire spécifiques à chaque pays du Maghreb central, le genre féminin s’investit dans l’espace public. Au Maroc, la diplomatie est déclinée au féminin. Oumama Aouad Lahrech est l’un des ambassadeurs de la monarchie chérifienne. Précédemment directrice de l’Institut des études hispano-lusophones de Rabat, son parcours académique l’a conduite au Pérou où elle officie à présent en qualité d’ambassadeur. Assia Bensalah Alaoui, initialement professeur de Droit international, est pour sa part ambassadeur itinérant. Avec autant de verve et de pertinence dans le propos, elle n’hésite pas à plaider en faveur d’un plus juste équilibre dans les échanges Nord/Sud. Comme elle, quantité d’intellectuelles interviennent dans tous les champs disciplinaires. Soumaya Nouamane Guessouss, écrivaine et professeur universitaire de sociologie, a pour sa part choisi d’aborder sans tabou la sexualité féminine. Elle a été décorée du Wissam du mérite national de l'ordre de commandeur par le roi du Maroc, en 2009. 

En Algérie, les femmes ont payé un lourd tribut durant les années de terrorisme. Elles  s’investissent corps et âme aux côtés des hommes pour consolider le processus de cohésion sociale. A Alger, en avril dernier, elles étaient nombreuses à avoir répondu à l’appel de l’Organisation nationale des victimes du terrorisme (ONVT) et à témoigner en faveur de la Réconciliation nationale. Parmi elles, la sénatrice Zahia Benarous, la présidente de l’Organisation nationale des victimes du terrorisme Fatma-Zohra Flici, la secrétaire générale du Parti des Travailleurs Louisa Hanoune et la députée Saliha Djeffal. Avec détermination, les Algériennes œuvrent au développement économique et humain de la nation. Elles constituent plus de 50 % de l'effectif universitaire, plus de 60 % de celui du corps médical, et sont également plus de 30 % de magistrates et 55 % des journalistes.

 

Femmes d’Etat. Les Tunisiennes sont très présentes au sein des instances décisionnaires d’Etat. L’orientation telle qu’adoptée au lendemain de l’indépendance a été favorable à une participation pérenne des femmes à la conduite des affaires du pays. Au sein du pouvoir législatif, le taux de députées est passé de 11,5 % en 1999 à environ 23 % en 2004. Le pouvoir judiciaire comptait près de 30 % de femmes magistrates en 2005.

En 2004, pour la première fois dans l’histoire de la Tunisie, une femme a été nommée au poste de gouverneur. Quelque 32 % siègent parallèlement au sein des conseils régionaux.

Dans les partis politiques, les militantes ne manquent pas. Le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) a multiplié, au cours de la dernière décennie, les opportunités de participation des femmes, polarisant sur ces compétences qui constituent 30 % des effectifs.

Le Parti démocratique progressiste est quant à lui dirigé par une femme, Maya Jribi. Des Tunisiennes accèdent également à de hautes fonctions internationales. C’est le cas de Khadjia Zammouri-Ribes, directrice générale adjointe de l’UNESCO à Paris, depuis avril. D’importants efforts en direction de la scolarisation des jeunes filles ont été consentis pour qu’émerge cette élite maghrébine et se démocratise l’accès au savoir pour toutes. « Au regard de la situation de l'emploi des femmes à l'aube de l'indépendance, des progrès considérables ont été réalisés. La scolarisation et la formation sont les facteurs qui ont favorisé leur évolution ». L’assertion du ministère algérien chargé de la Famille et de la Condition féminine vaut pour les trois pays du Maghreb central. Incontestablement, les Algériennes, les Marocaines et les Tunisiennes sont sorties victorieuses de la nuit coloniale. 

Pour rappel, en 1960, soit quatre ans après l’indépendance du Maroc, seulement 4 % de cette catégorie de population était alphabétisée. Il en était de même en Tunisie, en 1956. Cinquante ans plus tard, plusieurs générations de Maghrébines se sont succédé aux affaires - qu’elles soient familiales, politiques, sociales, culturelle, économiques, éducatives, sportives ou artistiques. Tout n’est pas encore totalement acquis pour celles qui ont eu à s’émanciper d’une tutelle étrangère, et, dans le même temps, lutter avec témérité et obstination pour relever des défis économiques et sociétaux d’envergure au lendemain des indépendances. Néanmoins, quantité de combats sur le terrain de l’égalité des droits ont été remportés.

femmes-ecrivaines.JPG  Image-4-1507.jpg  etudiants-ENST.JPG 

 

Un bémol au Maroc. Si l’analphabétisme n’est pas éradiqué au Maroc (la moitié de la population féminine âgée de 10 et plus est non alphabétisée), ce taux devrait bientôt enregistrer une substantielle baisse. En 2008/2009, 89.9 % des filles de la classe d’âge 6-11 ans étaient en effet scolarisées (93,3 % de garçons), ce qui constitue une progression de plus de 15 points en 10 ans. De même, le taux de féminisation en deuxième année de baccalauréat était de 58,4 % en 2008-2009 et celui des lauréats du troisième cycle de l’enseignement supérieur universitaire de 52.3 % en 2007-2008.

 

Education et formation   ALGERIE   MAROC 

 TUNISIE

  

Taux analphabétisme femmes 29 50,8 31
Taux alphabétisation des 15/24 ans 2006-2008   89,1  68,4    94,9
Taux scolarisation 6/14 ans 90,6 77,4 94,7
Part des filles dans l’enseignement supérieur   57,7  52,3  59,5

 

La gent féminine contribue également à la croissance de l’économie et à la création de richesse. Dans les entreprises publiques et privées, les ateliers, les bureaux d’études et les administrations, les femmes bénéficient du statut de partenaire dans le processus de développement.

 

Femmes au travail. En Tunisie, ce sont les activités de services qui concentrent le plus grand nombre de main d’œuvre féminine, puis les industries manufacturières. Dans les instances syndicales et patronales, la femme tunisienne fait valoir ses droits. En 2002, elles étaient 12 % au sein du bureau exécutif de l’organisation patronale Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica, patronat tunisien). Concernant l’activité économique des Algériennes, son taux pointait à 17 % en 2007 - contre seulement 3 % en 1966. Près de 75 % de l'emploi féminin en Algérie est circonscrit aux villes. Il est de surcroît moins précaire que celui des hommes. Plus de la moitié des femmes occupées sont des salariées permanentes contre 41 % d’hommes. Les activités de services pourvoient aux deux tiers de leur emploi et l'agriculture procure un emploi sur dix.

 

 Emploi et chômage  ALGERIE   MAROC  TUNISIE
Taux d’activité économique 15 à 59 ans  15,4  25,8  25,2
Taux chômage16 à 59 ans   18,1  9,5  16,7

 

Le secteur informel. Au Maroc, en revanche, c’est le secteur de l’agriculture, de la forêt et de la pêche qui est le plus féminisé (39,1 % en 2009), puis celui de l’industrie (28,9 %). Seulement 1,7 % des femmes du monde rural sont au chômage contre 19,8 % des zones urbaines. Les citadines le sont néanmoins en plus faible proportion qu’en 1999 où 27,6 % de la population féminine était sans emploi (contre 20,3 % d’hommes). A cela s’ajoute la part des emplois « cachés » que le secteur informel génère dans l’industrie, les services, le commerce et le BTP. Elles sont 10,8 % à être employées dans ces secteurs et 9,9 % à diriger des unités de production informelles (UPI) non agricoles.

Il n’est quasiment plus aucun domaine où la femme maghrébine ne soit représentée. Elle est l’incontournable avec laquelle « l’homme Maghrébin » compose sa partition. En cela, elle est semblable en tous points aux autres femmes, a fortiori au moment où la mondialisation des échanges passe par les réseaux sociaux d’Internet. « Le monde virtuel  a en quelque sorte nivelé les différences » convient Fatiha Nouhou, journaliste pour la presse écrite marocaine féminine.

 

 

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