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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

5 novembre 2010 5 05 /11 /novembre /2010 13:07

 

Sahara aux mille ressources

 

Tourisme, hydrocarbures, énergie solaire, culture du palmier dattier, industrie cinématographique… Le Sahara maghrébin c’est tout cela !

 

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Le Sahara. Au-delà de l’amoncellement de sable et de pierres, le plus grand des déserts du monde  recèle d’importantes potentialités économiques, en dépit des contraintes naturelles imposées par les aléas climatiques et accentuées par son dérèglement. Focus sur les ressources sahariennes que se partagent notamment les trois pays du Maghreb central : le Maroc, l’Algérie, la Tunisie.

Le tourisme est l’un des moyens permettant la promotion du patrimoine saharien et la création de richesse. Cette industrie est une source capitale de revenus pour le Maroc et la Tunisie qui ont alternativement accueilli pas loin de 8,5 millions et de 7 millions de visiteurs en 2009. L’Algérie se centre également sur cette activité depuis la restauration de la sécurité dans le pays. L’année dernière, elle a ainsi enregistré près de deux millions d’entrées.

« Redécouvrir une nature généreuse qui nous rappelle nos devoirs à l’égard de sa préservation désormais si précieuse, se recueillir et découvrir des populations à l’hospitalité légendaire, cela, il n’y a que notre grand Sahara pour vous le garantir » atteste Cherif Rahmani, l’ex-ministre du Tourisme. L’appel du sud est du reste si fort qu’il a créé la fondation internationale Déserts du monde, un instrument au service de la protection de l’environnement. L’intention affichée est de favoriser le développement durable afin de protéger les peuples résidant dans « ces sables infertiles » et de promouvoir leurs cultures.

Au programme des séjours dans le désert que se partagent ces trois pays d’Afrique du nord, sont prévus des bivouacs en campement, des étapes en maison d’hôtes ou en palace hôtel. Du plus écotouristique séjour au plus somptueux accueil, à Douz, Djanet ou Merzouga, le grand sud est devenue une terre de ressourcement et d’aventure, pour les voyages de stimulation, de cohésion, d’introspection.

Nagib Rouagdia en a fait son métier. Depuis plus de dix ans, il organise des treks management pour les cadres dirigeants de PME/PMI, à Timimoun, dans le sud algérien. Son objectif est d’amener ces publics de professionnels à travailler ensemble. Rien de tel alors que quelques jours passés dans cette zone désertique pour trouver quelque intérêt au travail collaboratif !

 

Photo-059.jpgLa maitrise des ressources naturelles. Mais si les parcours à travers ergs et regs contentent les appétences des aventuriers en quête d’authentiques émotions, le Sahara n’en demeure pas moins ce « corsage de feu du continent africain ». Nonobstant les lacs, les chotts aux eaux salines, les oueds, les cascades ou les guelta (sources chaudes), il n’en est pas moins dominé par l’aridité. L’optimisation des ressources hydriques est par conséquent la gageure.

203_0373.JPGPour capter et gérer l’or bleu, les trois pays ont recours à de multiples procédés. Il y a les foggaras (systèmes de drainage souterrain) et les seguias (canaux d’irrigation). Dans la province de Zagora, au Maroc, des associations ont créé des bassins de retenue pour les eaux de ruissellement ou encore des barrages de déviation. La Tunisie doit pour sa part à Ibn Chabbat, savant du XIIIe siècle, d’avoir inventé un système de répartition d’eau en provenance des 200 sources artésiennes de la région de Tozeur. Des techniques plus modernes sont aujourd’hui expérimentées. En Algérie, une étude en cours de lancement concerne le transfert des eaux du Sahara septentrional vers les régions du Nord.

A contrario des ressources hydriques qui sont utilisées avec parcimonie parce que rares, les énergies fossiles et renouvelables sont plus abondantes. Que ce soit les hydrocarbures, les ressources minières, ou encore l’énergie solaire, le Sahara est un gigantesque vivier de matières premières essentielles au développement d’une bonne partie des économies d’Afrique et d’Europe, voire d’au-delà.

D’un point de vue pétrolier, le potentiel algérien est concentré dans les régions sahariennes, à l’est, au centre et à l’ouest. A titre illustratif, la production d’or noir pourrait atteindre 2 millions de barils/jour, à l’horizon 2010/2012. Outre cela, le sud du pays dispose d’importantes ressources minières, parmi lesquelles du diamant, du fer, de l’or, du sel, de la fluorine, du wolfram-étain, de l’uranium. L’énergie solaire - avec notamment le photovoltaïque - est également abondante et fait l’objet de développement en différentes lieux via des capteurs à Ghardaïa, Naâma, Tindouf.

Le Maroc mise aussi sur son potentiel solaire avec un ambitieux programme. Le Projet intégré de production électrique solaire vise la production, à l’horizon 2020, de 2 000 MW sur cinq sites, dont l’un à Ouarzazate et trois autres dans les provinces du Sud. Ces mêmes provinces disposent également de conséquentes réserves de phosphate qui sont estimées selon l’Office chérifien des phosphates à 1,13 milliard de m3.

En Tunisie, des gisements pétrolifères au sud du pays permettent de garantir une partie non négligeable de la production intérieure d’hydrocarbures. Le sous-sol recèle en outre du phosphate en quantité. Concomitamment, il  a été établ i un Plan solaire tunisien couvrant la période 2010-2016. L’un des projets conçus dans ce cadre est le « Soleil de Nefta », localisé dans le sud-ouest tunisien. L’électricité ainsi produite par cette énergie renouvelable assurera la production électrique de la ville oasienne.

S’agissant des ressources agricoles, les dattes sont la source majeure de revenus de ces régions sahariennes et leur production est si importante qu’elles propulsent la Tunisie et l’Algérie en tête des ventes à l’international. L’un est leader mondial de l’exportation de la deglet nour, plus poétiquement appelés doigts de lumières, et l’autre est classé cinquième pays producteur mondial. Toujours en Tunisie, 10 % de la population tire ses revenus du fruit de l’emblématique arbre des oasis, le  palmier. C’est une activité organisée seloPhoto 073n une chaine de production et de distribution particulièrement performante. Sur les 145 000 tonnes produites en 2008, 60 à 80 % ont été dédiées à l’export, ce qui représente 16 % du total des exportations agricoles. 

Nabil Chokmani est positionné sur la filière datte. Directeur d’Eden Palm, il est le concepteur d’un aménagement totalement innovant alliant la découverte de ce fruit et de la palmeraie à un espace de dégustation et d’animation touristique. « L’intention est de redonner toute sa valeur à cette culture oasienne qui est génératrice d’emploi » explique ce natif de Tozeur, la ville aux 400 000 palmiers, d’où provient du reste l’essentiel de la production de ce fruit du désert. Issu d’une famille de phoeniciculteurs,  il œuvre ainsi à la valorisation et au maintien de cette activité vivrière ainsi qu’à la commercialisation de produits dérivés tels les objets artisanaux conçus à partir des feuilles et du bois de palmier, ou des rachis. Dans des laboratoires attenants, toute une gamme de produits sont parallèlement élaborés, depuis la confiture et le vinaigre, jusqu’aux cœurs de palmiers. A noter enfin que la reine du désert est annuellement fêtée, lors de festivals qui ont lieu dans chacune des régions sahariennes, à l’automne, au moment de la récolte.

Si le palmier dattier fait florès au pays des sables, les vergers du désert regorgent d’autres productions, comme en Algérie, à Timimoun, Adrar, Ghardaïa, où se cultivent tomates sahariennes et oranges. Dans la province du Jerid, en Tunisie, ce sont les bananiers qui croissent à l’ombre des palmiers, tandis que dans le Souss Massa Draâ, au Maroc, ce sont les amandiers, les arganiers, les oliviers, ou encore le safran et les roses de Kelaâ M’Gouna.

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Le Sahara fait son cinéma. Toujours dans ces régions que l’on aurait tôt fait de considérer – à tort – comme désertiques, l’industrie cinématographique a trouvé son décor naturel, dans cette alternance de dunes et d’oasis, de ksour et de kasbah. A Ouarzazate, des studios de productions ont été édifiés. L’activité bat son plein et la labellisation du lieu est en cours. « Le cinéma est une locomotive pour la province et tout y est prévu pour offrir les meilleures conditions de tournage. La ville de Ouarzazate a trois studio de cinéma, dont celui de Dino De Laurentis, considéré comme le plus grand d'Afrique » confirme le Centre régional d’investissement du Souss Massa Draâ. Depuis 2006, l’Institut spécialisé dans les métiers du cinéma (ISMC) a ouvert ses portes et l’année suivante, le musée du cinéma.   

En une vingtaine d’années, une véritable économie s’est ainsi créée en partenariat avec des cinéastes nationaux et internationaux qui réalisent leurs séquences sur ces sites. Des séries télévisées syriennes, qataries, libanaises et colombiennes ont  également été tournées au Maroc, dont un grand nombre à Ouarzazate. Au total, 862 autorisations de tournage ont été attribuées en 2009 par le Centre Cinématographique Marocain (CCM), pour tous types de productions : longs, moyens et courts métrage, séries, documentaires, reportages, clips, publicités...

Copie--1--de-Tournage-Fort-Sagane.jpgEn Tunisie, l’option cinéma est également privilégiée dans le sud saharien, en particulier dans la région des oasis de montagne, à l’endroit du canyon de Midès qui a été choisi pour le tournage de Fort Sagane et du Patient anglais. La création d’un studio de cinéma est  projetée à Tozeur qui est régulièrement investie par les équipes de cinéma françaises et italiennes. Lotfi Layouni, producteur, explique les raisons de cet intérêt. « Outre la diversité des paysages, nous disposons de techniciens, de comédiens et de figurants maitrisant plusieurs langues étrangères. Nous sommes également très performants pour fabriquer des accessoires selon des procédés industriels et artisanaux et nos infrastructures hôtelières de qualité permettent l’accueil des équipes de réalisation à des coûts compétitifs.»  

Nul doute que la valorisation de toutes ces ressources telles qu’entreprises par les trois pays du Maghreb permettra au Sahara de prospérer, et que ne seront ainsi pas désertés ces bancs de sables.

 

 

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