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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 17:32

 

Le prix de la reconstruction

 

Paru dans African Banker – Octobre-Novembre-Décembre 2011

 

Redonner du souffle à un pays qui a subi l’épreuve d’une révolution, et à une économie qui en a pâti, c’est ce à quoi sont utilisés les fonds octroyés depuis le 14 janvier par la communauté internationale et les institutions bancaires et financières. Le FMI, l’Union européenne, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, les pays du Golfe, tous y contribuent, chacun selon ses capacités et ses intérêts.

 

Vingt-cinq milliards de dollars sur cinq ans. C’est le montant estimé par la Tunisie pour relancer son économie. Afin de réunir cette somme, l’Etat tunisien invite tous ses partenaires à apporter leur contribution. Ces capitaux permettront de développer des industries sur lesquelles s’étaient adossés de nombreuses entreprises et multinationales étrangères en s’implantant en Tunisie et en y externalisant certaines activités. Les Européens figurent au premier rang. L’Union européenne (UE) représente en effet plus de 75% du commerce extérieur et est émettrice de 80% des Investissements directs étrangers. C’est ce qui explique qu’elle soit si prompte à transférer des capitaux. Sur la période 2011-2013, la Banque européenne d'investissement (BEI) destinera ainsi près de 5 milliards de dollars (3,5 milliards d’euros) à l'Egypte et à la Tunisie. L'UE a annoncé en août qu’elle accorderait 110 millions d’euros à la Tunisie dont 90 millions d’euros seront dédiés à la relance de l’économie et 20 millions d’euros au soutien aux politiques nationales de modernisation du secteur des services.

Quelques semaines plus tôt, la Primature de Tunisie indiquait que 2 850 millions de dinars avait été mobilisés pour l'année en cours dans le cadre de la coopération bilatérale et multilatérale. Abdelhamid Triki, ministre de la Planification et de la Coopération internationale, soulignait que la Tunisie avait reçu des promesses d'appui de plusieurs pays, dont la France, qui s’est engagée à accorder des prêts estimés à 350 millions d’euros. L'Italie a fait de même avec un montant équivalent à 135 millions d’euros. L'Algérie est également intervenue avec une enveloppe de 100 millions de dollars. En parallèle, 1 500 millions de dinars de financements d’autoroutes et de projets de développement sont en cours d'examen. Ces soutiens financiers seront accordés à des conditions préférentielles et leur remboursement échelonné sur 17 à 20 ans, avec 5 années de différé. En mai, le G8 réuni à Deauville a lui aussi promis quelque 40 milliards de dollars pour ce qu’il est convenu d’appeler le « printemps arabe » en Afrique du Nord. Le Fonds monétaire international (FMI) débloquera 35 milliards de dollars à l’Egypte et à la Tunisie et la Banque mondiale 6 milliards de dollars. La France octroiera de son côté 1 milliard d’euros à ses partenaires tuniso-égyptiens.

Une aide technique et financière a aussi été annoncée par les Emirats arabes unis, le Koweït et le Qatar. En mai, Doha s’est dit disposé à soutenir Tunis dans le domaine de l’investissement, notamment dans les secteurs minier, financier et technique. Le ministre d'Etat qatari de la Coopération internationale a annoncé dans le même temps que des compétences tunisiennes seraient recrutées. Les Etats-Unis ont également manifesté leur appui à toutes les initiatives qui seraient favorables à la reconstruction tunisienne et ont déjà indiqué qu’ils soutiendraient les investissements américains dans les domaines des énergies renouvelables et du commerce ainsi que dans les secteurs à forte employabilité. Enfin, un programme de coopération allemand va être mis en place pour soutenir la transition démocratique. Il concerne notamment un dispositif de promotion des PME, de formation professionnelle et de formation continue destinée aux cadres.

 

La finance africaine au secours de la Tunisie

L’intervention de la Banque africaine de développement (BAD) a été immédiate et constante depuis la révolution. Dès le 14 février, à Tunis, Donald Kaberuka, président de la BAD, déclarait que la Tunisie aurait besoin, dans le cadre de sa transition actuelle, de tout l'appui qu'elle peut obtenir de ses partenaires. Un mois plus tard, en mars, cette dernière accordait un don d’urgence d’un million de dollars au Comité international de la Croix Rouge (CICR) et au Croissant rouge tunisien (CRT), une somme destinée aux personnes déplacées à la frontière tuniso-libyenne. En mai, de nouveaux secours sont venus de la BAD qui a décidé de l’octroi de 500 millions de dollars en appui budgétaire d’urgence au pays. La Banque mondiale s’est engagée à même hauteur. Au total, la Tunisie est créditée d’1 milliard de dollars. Le 10 juin, l’accord était d’ailleurs signé entre la BAD et le gouvernement tunisien. Donald Kaberuka profitait de l’occasion pour indiquer qu’un montant additionnel de 500 millions de dollars allait être débloqué d'ici à la fin de l'année.

Outre cela, un don de 310 000 dollars a été approuvé par le comité technique sur la gouvernance de la BAD pour financer une étude qui vise à améliorer les programmes de fourniture des prestations sociales en Tunisie et au Maghreb. Une enveloppe qui complète les 1,4 milliard de dollars d’engagements souscrits par la BAD, la Banque mondiale, l’Agence française de développement (AFD) et l'Union européenne pour soutenir la transition de la Tunisie vers la démocratie.

Mais ce n’est pas tout. Donald Kaberuka a également déclaré que la BAD pourrait offrir 5 à 7 milliards de dollars pour soutenir la transition économique en Afrique du Nord au cours des prochaines années. Pour l’heure, c’est la Facilité africaine de soutien juridique (ALSF) qui intervient en contribuant au renforcement des capacités du comité tunisien chargé du recouvrement des avoirs détournés par l’ancien régime. En juin, lors des Assemblées annuelles du Groupe de la BAD, à Lisbonne, la décision a été entérinée. L’ALSF devrait ainsi mobiliser plus d’un million de dollars de ressources.

Dans un autre registre, le Conseil d’administration de la BAD a approuvé en juin un prêt de 137 millions d’euros à la Société Tunisie Autoroutes (STA) dans le cadre du financement de la liaison autoroutière Gabès-Médenine-Ras Jédir, à la frontière tuniso-libyenne. Le projet d’infrastructure est cofinancé à hauteur de 136 millions d’euros par un prêt de l’Agence japonaise de la coopération internationale (JICA) et, pour 180 millions d’euros, par le gouvernement tunisien. D’autres financements de la Banque africaine ont été prévus au cours des prochains mois et comprennent notamment une ligne de crédit de 50 millions de dollars pour les PME en difficulté. La Banque mondiale soutient l’initiative avec une somme d’un montant équivalant. Au total, ce sont quelque 100 millions de dollars qui sont alloués aux PME tunisiennes. Le montant des prêts octroyés aux entrepreneurs variera entre 50 000 et 1 500 000 dinars. En parallèle, le conseil d’administration de la BAD a approuvé une prise de participation de 20 millions d’euros dans le fond d’investissement Maghreb Private Equity Fund  III (MPEF III). Ce fonds d’investissement privé ciblera les investissements dans les PME au Maroc, en Tunisie, en Algérie, en Libye et, selon les opportunités d’investissement, en Egypte.

La Banque islamique de développement (BID) accompagne aussi le pays dans sa transition en dédiant 80 millions dinars au financement de projets. L’un concerne le développement agricole, l’autre un programme d’appui au microcrédit. Le Fonds arabe pour le développement économique et social (Fades) accordera pour sa part 75 millions de dinars au titre des prêts destinés aux microprojets, tandis que 150 millions de dinars iront aux régions intérieures. Une aide technique de 15 millions dinars est également proposée pour le dédommagement des dégâts.

 


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