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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 10:24

 

Burkina Faso


Entreprises cherchent fonds désespérément

 

 

Paru dans African Business | Février-Mars 2013

 

 

Au pays des hommes intègres, banques et entreprises ne font pas toujours cause commune…

 

Il n’y a pas d’économie compétitive sans investissement dans la productivité et l’innovation. Sur ce plan, le concours des banques est indispensable. Mais au Burkina Faso, le financement du secteur privé est faible : il représentait une moyenne de 14 % du PIB entre 2004 et 2007. L’entreprise ne peut en conséquence exercer pleinement son rôle de pilier de la croissance économique. Les PME qui souhaitent se développer, mais ne disposent pas suffisamment de fonds propres, ne  peuvent avoir accès au crédit bancaire.

 

Tout pour le coton

Quant à celles du secteur informel, elles sont de fait écartées des circuits de financement. « Les prêts bancaires sont concentrés sur les grandes entreprises et le secteur public », atteste la Banque mondiale (BM). Le milieu bancaire de la place ouagalaise confirme. « Certaines sociétés ont des besoins colossaux, mais leur base financière ou leur capacité de management sont insuffisantes. Pour d’autres, en revanche, l’offre de financement est bien supérieure aux besoins. C’est le cas par exemple pour la société Total ».

La difficulté est la même dans l’agriculture. La BM précise que le secteur du coton absorbe à lui seul la plupart des financements bancaires et qu’il n’y a aucun crédit disponible pour les autres activités agricoles. Taladidia Thiombiano, professeur d’économie à l’Université Ouaga II, expose la situation qui prévaut à l’heure actuelle. « Exit le temps où des banques étaient dédiées au développement de la filière agricole. Elles ont progressivement disparu et celles qui se maintiennent consentent des prêts à d’autres activités, à l’exclusion de l’agriculture. S’agissant en particulier de la culture du coton, ce sont généralement les sociétés cotonnières et les organisations non gouvernementales (ONG) qui accordent des crédits aux cotonculteurs. Les banques classiques ont des conditions très difficiles et des procédures trop lourdes. »

Le crédit bancaire est, en effet, prohibitif. Un chef d’entreprise, qui opère entre la France et le Burkina Faso, le constate. « Le taux est très élevé, de l’ordre de 10 à 15% dans la quasi-totalité des banques, alors qu’il est de 3 à 6% en France ». Il en expose les motifs. « Il y a plusieurs raisons à cela. Le climat des affaires est certes assaini au Burkina Faso, mais les craintes existent. Les dégâts causés par la mutinerie de 2011 sont encore présents dans les esprits et le pays est classé à risque. Les capacités de remboursement des emprunteurs peuvent également être la cause. Cela justifie alors que les taux d’intérêts des prêts bancaires soient si élevés ».

 

Des fonds de garantie pour partager la prise de risque

Pour résorber le problème de financement du secteur privé, l’Etat a adopté en 2010 un nouveau référentiel de développement : la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD). Son objectif : drainer de l’investissement privé. En parallèle, le ministère de l’Economie et des finances a institutionnalisé le Salon international de la finance de Ouagadougou (SIFO), dont la première édition a lieu en novembre. Des trophées des banques et établissements financiers des PME/PMI au Burkina Faso sont également décernés depuis deux ans.

 

Miser sur la transformation

 Ces initiatives, certes louables, ne suffisent pourtant pas à aplanir les difficultés. « Des fonds de garantie doivent être créés pour que la prise de risque soit partagée et que les banques ne pourvoient pas à elles seules à la totalité du financement des PME », confie un banquier burkinabè. Il ajoute : « L’Etat doit favoriser l’entrée de fonds d’investissements car ils sont à même de renforcer le capital des entreprises en prenant des participations et en participant au management ».

Pour un industriel burkinabè, c’est la politique de soutien à l’entrepreneuriat qui doit être corrigée. Il recommande aux partenaires techniques et financiers de miser sur les entreprises de transformation, qui créent de la valeur ajoutée, et pas seulement sur les sociétés commerciales d’import-export. « Au Burkina Faso, on a principalement des banques de dépôt, qui, lorsqu’elles financent, privilégient les sociétés d’import-export qui font des achats à Dubaï, en Chine ou à Hong Kong et revendent ensuite leurs marchandises sur le marché burkinabè », lâche-t-il, regrettant que les banques n’accordent pas plus d’intérêt à ceux qui contribuent à la montée en gamme de la production locale.

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16 novembre 2012 5 16 /11 /novembre /2012 17:46

 

 

Des atouts en or

 

Paru dans African Business – Octobre/Novembre 2012

 

 

Depuis 2009, le Burkina Faso est classé au Top 4 des pays africains producteurs d’or. Il a misé sur cette ressource pour accroître ses revenus.

 

Valeur refuge, l’or est un avoir de réserve de premier plan pour de nombreux pays ainsi que pour le Fonds monétaire international (FMI), l’un des principaux détenteurs au monde de ce métal monétaire. En raison de sa « valeur intrinsèque », le métal jaune, dont le principal usage reste la bijouterie, mais qui est aussi utilisé dans l’industrie électronique et la dentisterie, est un produit d’investissement sûr à la différence des monnaies fiduciaires. C’est ce qui explique la hausse de son prix sur les marchés internationaux et stimule in fine sa production. Fin août, l’once d’or cotait 1 667 dollars, soit le plus fort taux enregistré depuis avril.

Le Burkina Faso, qui dispose de six minYouga-primary-crusher-and-crushed-ore-stockpile---August-6.jpges industrielles, de deux sites semi-industriels et de 200 sites aurifères artisanaux, profite de cette opportunité. Sur le terrain, l’exploitation s’intensifie.  En 2012, la production d’or devrait se situer entre 40 à 42 tonnes, contre 32 tonnes en 2011, 23,5 tonnes en 2010 et 12,5 tonnes en 2009. « Avant 2008, la production était au point zéro, mais depuis 2009, elle a véritablement explosé. L’an passé, l’or a représenté 71% des exportations et a rapporté l’équivalent de 768 milliards de F.CFA. C’est une part considérable des recettes de l’Etat. Le secteur aurifère a généré 130 milliards de F.CFA de recettes budgétaires sur les 800 milliards de F.CFA du budget national. Et cela devrait encore augmenter en 2012 », confirme un expert en poste à Ouagadougou. Il poursuit : « Sur une échéance de cinq à dix ans, si tout va bien, le pays devrait atteindre un pic de production semblable à celui du Mali, avec 50 à 60 tonnes par an. ». La Chambre des mines du Burkina précise que la production totale escomptée des mines actuelles est d’au moins 260 tonnes d’or métal.

 

Investissements étrangers

En 2011, la mine d’Essakane, détenue à 90% par le Canadien Iamgold et à 10% par  l’Etat burkinabè, a produit 337 000 onces d’or à un coût décaissé estimé entre 400 à 410 dollars l’once. Sa durée d’exploitation est de 14 ans. A l’instar d’Essakane, les mines du Burkina Faso sont exploitées par des firmes privées - canadiennes, anglaises, russes et australiennes - qui ont investi dans le secteur, à la faveur d’une législation minière attractive, laquelle a été révisée en 2003 pour attirer les investisseurs. « Un soutien technique et financier a été fourni au cours des dix dernières années pour éliminer le monopole d'État sur les mines, ouvrir le secteur à la concurrence et faciliter l'exploration et l'investissement privés dans les mines d'or, de manganèse, de phosphates et de zinc », souligne Iamgold.

L’opérateur britannique Avocet Mining est l’actionnaire majoritaire (90% de parts) de la société des mines de Belahouro qui exploite le site aurifère d’Inata. Il y a un an, une étude a été lancée pour augmenter sa capacité de production à l’horizon 2013, avec un objectif de 245 000 onces, voire jusqu'à 330 000 onces. Cluff Gold, autre firme britannique, est le principal acquéreur (78%) de la mine de Kalsaka, qui a produit plus de 71 000 onces en 2011 et devrait atteindre les 60 à 70 000 onces en 2012. L’Etat burkinabè intervient à hauteur de 10% et Investissement Moto Agricole Realisation Burkina (IMAR-B) détient 12%.

La mine d'or de Taparko-Bouroum est exploitée par le groupe russe Nord Gold. Elle produit 28 816 onces à un coût décaissé de 790 dollars l'once. Une deuxième mine, Bissa Gold, est en construction. La coulée du premier lingot d’or est prévue pour décembre. Salif Lamoussa Kaboré, ministre des Mines, attend de l’exploitation de cette huitième mine du Burkina Faso plus d’emplois et de fortes retombées économiques pour le pays.

La Société d'exploitation minière d'Afrique de l'Ouest (Semafo), compagnie canadienne qui exploite la mine de Mana, envisage une production de 5 à 6 tonnes en 2012 et estime ses réserves à 35 tonnes. En août, Semafo a annoncé le lancement d’un projet de forage à Siou. L'australien Gryphon Minerals qui a lancé une étude de faisabilité pour le démarrage de son projet aurifère à Banfora d’ici à 2014, estime les ressources à plusieurs millions d’onces. Le gisement de Kiaka est lui aussi prometteur. La société de droit canadien Volta Ressources, qui mène la recherche, a consacré un budget de 15 milliards de F.CFA à l’exploration, et prévoit 125 tonnes d’or à exploiter.

Endeavour Mining détient une participation de 90% (contre 10% par l’Etat burkinabé) dans Burkina Mining Company (BMC), lequel a accordé le permis d’exploitation de la mine d'or de Youga. Endeavour est également détenteur de six autres permis d'exploration le long de la ceinture d'or de Banfora, dans l’ouest du Burkina. « En 2010, la société a finalisé un accord de joint-venture avec AusQuest Limited d'Australie, qui a acquis 51% du projet Banfora, pour un million de dollars », précise Endeavour.

 

Premier produit d’exportation

Depuis 2009, l’or caracole en tête des produits d’exportation du Burkina Faso, qui est désormais le quatrième producteur africain après l'Afrique du Sud, le Ghana et le Mali.

Le Burkina Faso tire de grands bénéfices de cette ressource minière. Selon les prévisions de la Banque mondiale, l’économie devrait connaître une croissance de 7% cette année, notamment en raison de l’augmentation substantielle de l’exportation d’or. Pour la Banque africaine de développement (BAD), « la légère augmentation de la croissance projetée pour 2012 et 2013 devrait être principalement tirée par les industries extractives (or et manganèse), l’égrenage du coton et l’agriculture vivrière. » Mais, souligne la BAD, l’économie demeurera vulnérable aux chocs exogènes : les facteurs climatiques (déficit pluviométrique), le repli du cours de l’or et la forte augmentation du prix du pétrole.

Pour autant, cette nouvelle ressource est d’un apport considérable pour l’Etat burkinabè. Le ministère de l'Économie et des Finances précise que l’or a constitué un apport de 440 milliards de F.CFA entre 2007 et 2011, ce qui correspond à 64,7% de l'ensemble des exportations et à 8% du PIB.

Le Burkina Faso peut compter sur ces entrées de devises pour garantir sa solvabilité auprès des bailleurs de fonds internationaux. « L’analyse par le FMI de la soutenabilité sur le long terme de la dette du Burkina Faso se base sur la production aurifère et sur le montant dégagé à l’exportation », nous explique ce même expert.   

L’industrie aurifère génère aussi des milliers d’emplois directs et une forte activité de sous-traitance (travaux civils, plomberie, tuyauterie, construction métallique…). Un observateur du climat des affaires burkinabè explique que la maintenance des équipements est assurée localement, mais que l’expertise burkinabè fait défaut. « Les compétences sont recrutées au Ghana ou au Mali, des pays qui se sont lancés depuis des décennies dans la production d’or, et disposent de ressources humaines formées. » Au Burkina, ajoute-t-il, il y a bien un projet d’ouverture de centre de formation, mais il faudra du temps pour que des cohortes de diplômés soient recrutées. La solution sera plus sûrement de créer un établissement sous-régional dédié aux carrières de l’industrie minière.

 

 


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25 août 2012 6 25 /08 /août /2012 13:22

 

Burkina Faso


A qui profite le « charity business » ?

 

 

Paru dans Le magazine de l’Afrique – Septembre/Octobre 2012

 

Une kyrielle de fondations caritatives et d’ONG intervient au Burkina Faso. Ces partenaires au développement contribuent-ils à la croissance du pays ?

 

Les ONG et les fondations du monde entier convergent vers le Burkina Faso avec la même ferveur : aider au développement ce pays classé parmi les plus pauvres de la planète. Très active, la Fondation canadienne de la Société d’exploitation minière d’Afrique de l’Ouest (Semafo), de l’opérateur qui détient la mine de Mana (9 à 10 tonnes d’or par an à l’horizon 2013-2014), agit dans de nombreux domaines. Elle se positionne en chef de file de la Responsabilité sociale d’entreprise, et affiche ses objectifs sur des bannières plaidant en faveur du développement durable dans la région de la boucle du Mouhoun.

« La philosophie principale est d’utiliser la mine à travers des projets d’activités générateurs de revenus », assure Elie Justin Ouédraogo, directeur national de la société minière. La Semafo reverse ainsi 2% de ses bénéfices nets à la fondation. Un juste retour de la part d’une société qui doit son implantation au Burkina Faso à un projet caritatif.

Au départ, son PDG, l’homme d’affaires Benoît La Salle, est arrivé sur le continent pour conduire une mission humanitaire via l’ONG Plan international Canada, laquelle lui a donné l’opportunité d’engager des relations d’affaires et de se lancer ensuite dans l’industrie de l’or. « Ce séjour humanitaire m’a permis de rencontrer de hauts dignitaires qui m’ont convaincu de revenir avec des experts afin de participer au développement du secteur minier de leur pays », explique-t-il, ajoutant que c’est ce qui a permis la création de la Semafo.

Sur place, si la plupart reconnaissent que la fondation crée de la richesse en contribuant au financement de projets, d’aucuns déplorent la réquisition des terres arables pour les besoins de l’exploitation aurifère. Des cultivateurs ont ainsi perdu une source de revenus pérenne. D’autres souhaiteraient davantage d’emplois et d’activités génératrices de revenus pour la main-d’œuvre locale, et plus d’investissements dans les infrastructures de transport, de santé et d’éducation. La bonne volonté prônée par l’opérateur canadien vis-à-vis des villageois de cette province ne suffit pas à combler le fossé.

 

Solidarité désintéressée ?

La Fondation Yves Rocher aussi est bien impliquée dans les œuvres caritatives. Elle communique largement sur ses campagnes en faveur de la conservation de la nature, de la solidarité et de l’éducation à l'environnement. Et s’engage dans un vaste programme de reforestation au Burkina Faso. Mais sa présence est aussi très largement justifiée par la qualité des espèces endémiques dont les vertus sont recherchées par l’industrie cosmétique, en particulier l’huile de balanites que le groupe Yves Rocher a découverte en 1994, ainsi que le sésame.

L’industriel a également cherché à externaliser une partie de ses activités dans ce pays où le salaire minimum porte bien son nom. Mais il a été épinglé pour avoir traité avec mépris les ouvrières burkinabè de sa filiale, La Gacilienne. Les petites-mains roulotaient les billets de tombola dans des conditions aux antipodes du droit du travail.

L’Occitane, autre acteur de la filière cosmétique, a également programmé des actions de bienfaisance dans les pays où il s’approvisionne, notamment en beurre de karité. Il dédie en retour un budget à la lutte contre la cécité. A défaut d’un système de soins performant, les Burkinabè peuvent compter sur les largesses de la fondation L’Occitane, qui fait œuvre de charité en marge de son business. C’est une façon de faire des affaires tout en reversant sa quote-part à l’Humanité. La pratique est répandue. Ils sont en effet nombreux à opérer de cette manière.

La Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (Farm) compte parmi ses fondateurs le Groupe Limagrain (spécialiste des semences de grandes cultures), le Crédit agricole et Suez. Le Farm finance des programmes de lutte contre la pauvreté. Et fournit semences et d’intrants, ainsi que l’équipement et l’installation de matériel d’irrigation. Le Groupe de recherche et d’échanges technologiques opère de manière analogue, fournissant de l’aide au développement en contrepartie d’expertise et de la commercialisation des marchandises de ses partenaires, au premier rang duquel Danone. Chez Bill et Melinda Gates, on procède de la même manière : charité contre business, avec des actions philanthropiques financées par des multinationales politiquement incorrectes, comme Monsanto qui distribue ses OGM pour améliorer la qualité des graines de coton.

 

Distribution anarchique des produits de santé

Dans le registre de la santé, de multiples ONG qui prodiguent leurs soins et distribuent leurs remèdes. Tellement d’ailleurs que la Centrale d'achat des médicaments essentiels génériques et des consommables médicaux a toutes les peines à organiser le marché national.

Dans une étude effectuée en 2010, le ministère de la Santé et l’Organisation mondiale de la santé révèlent un certain nombre de difficultés qui découlent de cette situation. A commencer par l'achat et la distribution anarchique de produits de santé, hors des circuits officiels d’approvisionnement, ce qui induit des dysfonctionnements. « Plus de 46,6 % des partenaires n'utilisent pas le système public pour la distribution des médicaments essentiels et autres produits de santé qu'ils financent, créant ainsi dix circuits de distribution supplémentaires […] Cela a pour conséquence de surestimer certaines catégories de produits, au risque de générer des pertes financières en cas de péremption des médicaments en surstock. Le financement d’autres produits peut en revanche être sous-estimé et occasionner la rupture de stock, avec des effets graves pour les malades en terme de mortalité et de morbidité », indique-t-on.

Grégory Enée, géographe et auteur d’une enquête sur le sujet, fait le même constat. Il souligne que les interventions des 630 ONG actives au Burkina Faso ne profitent pas toujours à leurs bénéficiaires. « La visibilité de ces actions, par une communication exacerbée, s’impose parfois au détriment de la qualité et de l’objectif final du projet », convient-il. Au final, ce sont les populations locales qui en pâtissent.

Oxfam, organisation vouée à la coopération et à la solidarité internationale basée dans la région, remarque ainsi que les dons mobilisés pour combattre la situation de crise alimentaire qui se profile sont insuffisants.

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19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 11:51

 

BURKINA FASO

 

Financer les investissements

 

Paru dans African Banker – Juillet-Août-Septembre 2012

 

 

Pour accroitre ses potentialités et atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement, le Burkina Faso capitalise sur l’apport des investisseurs en améliorant le climat des affaires.

 

Un arsenal de dispositions a été mis en place par le gouvernement pour attirer les candidats à l’investissement. Il est regroupé au sein de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD), un instrument qui constitue le cadre de référence pour la période 2011-2015.

Au premier rang de ces mesures et actions, figure la nouvelle politique sectorielle de l’industrie, du commerce et de l’artisanat qui a été adoptée pour que le secteur privé contribue pleinement à l’essor économique du pays et à la création d’emplois. Le Burkina Faso s’est doté d'un Code de l’investissement attractif et d’un Code minier encore plus attractifs.

Des exonérations fiscales et douanières exceptionnelles sont octroyées aux opérateurs qui signeraient avec l’Etat une convention d’investissement d’au moins 25 milliards de F.CFA pour la création d’au moins 100 emplois permanents dans les trois années à venir. « Cette stratégie réaffirme le rôle de moteur de la croissance économique du secteur privé, et la volonté du gouvernement de l’associer à la réalisation des infrastructures et à la délivrance de service public à travers le Partenariat public-privé », nous indique Clarisse Hema, directrice de la communication du ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat.

Un avant-projet de loi et des textes d’application de partenariats public-privé sont également à l’étude, et une loi d'orientation des investissements est en cours de préparation.  L’objectif est de drainer des financements extérieurs, notamment pour le développement de l’énergie solaire et des énergies propres ainsi que dans le domaine des TIC. D’autres secteurs ont également été identifiés comme porteurs : l’agro-industrie et l’agrobusiness, l’industrie minière (en particulier l’or et le manganèse), la fabrication d’outils agricoles et les industries du cuir et du textile.  

 

Fonds d’investissement

Plusieurs structures ont été mises en place pour accompagner cette dynamique en faveur de l’entrée des capitaux, parmi lesquelles le Conseil présidentiel de l’investissement (CPI), créé en 2008. « Sa mission est d’organiser la réflexion et de formuler des recommandations sur les questions se rapportant au développement des investissements privés, publics, nationaux et étrangers », précise Clarisse Hema. De même, une rencontre gouvernement/secteur privé a été initiée, et un décret portant création d'une Agence de promotion des investissements (API) a été adopté. Cette dernière sera le levier opérationnel de toutes les initiatives de promotion et d’attraction des investissements directs étrangers (IDE).

PHOTO1.jpgOutre ces actions propres à l'administration, le système bancaire privé accompagne les investissements. Chaque année, un pool bancaire finance la  production et la collecte du coton burkinabè. « Pour la saison cotonnière 2011/2012, le crédit de campagne s’est élevé à 125,2 milliards de F.CFA : 50 milliards de F.CFA ont été attribués par le pool local constitué de la BOA, Biciab, BIB, Coris Bank, BCB, Banque Atlantique et Société générale, tandis que 75,2 milliards de F.CFA proviennent du pool offshore comprenant HSBC, BMCE, DZ bank, Attijariwafa bank et Société générale). Quant à la somme des IDE collectée de 2004 à 2011, elle représente 36,3 milliards F.CFA », fait remarquer Wilfried Yaméogo, secrétaire du suivi de la filière coton libéralisée.

Le gouvernement encourage la prise de participation du secteur bancaire au financement des investissements. Dans cette perspective, il a installé le Fonds burkinabè de développement économique et social (Fbdes) dont le montant total des interventions s’élevait à 30 milliards de F.CFA au 31 décembre 201. Quelque 24 sociétés - des secteurs bancaire, du coton, des oléagineux, des fruits et légumes, des aliments pour bétail, du transport, du commerce et de l’énergie - ont ainsi pu bénéficier de participations ou de crédits d’investissement octroyés par le Fbdes. « En 2011, le fonds a généré 587 millions F.CFA de crédits d’investissements qui ont été ventilés entre 15 entreprises et pour 11,6 milliards de F.CFA de prises de participation qui ont bénéficié à sept sociétés. Pour l’année 2012, la dotation est de 500 millions de F.CFA et les produits des actions s’élèvent à 300 millions de F.CFA. 3,5 milliards de F.CFA de prises de participation seront affectées à au moins cinq sociétés et 800 millions de F.CFA de crédit d’investissements seront répartis entre 17 sociétés », indique Hippolyte Dah, directeur général de la promotion de l'entreprise au ministère de l’Industrie, du commerce et de l’artisanat. Il ajoute qu’une dotation exceptionnelle peut être programmée lorsqu’un projet présente un intérêt particulier pour l’Etat, comme c’est le cas pour l’ouverture d’une filature à Bobo-Dioulasso.

L’Agence de financement et de promotion des Petites et moyennes entreprises (AFP-PME) est un autre fonds, qui intervient en appui aux PME, et bénéficie des ressources de l’Etat. Ses missions consistent à offrir des produits financiers sous forme de crédit d’investissement et d’exploitation (à court, moyen et long termes) et de fonds de bonification. L’AFP-PME opère en synergie avec les banques, les établissements financiers et toutes les structures d’appui aux PME/PMI. Il propose aussi un accompagnement à la formation, à l’information et à la gestion d’entreprise. « L’AFP-PME intervient aussi bien dans le secteur primaire (les activités agro-pastorales et agroalimentaires), que dans le secteur secondaire via les activités industrielles, de transformation et d’exploitation des produits locaux, ou encore dans le secteur tertiaire (activités de services et prestations diverses) », souligne Hippolyte Dah.

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3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 07:54

 

Tension sur le marché céréalier burkinabè

 

Paru dans Les Afriques / 26 avril au 02 mai

 En 2011, les manifestations contre la cherté de la vie ont été l’un des éléments déclencheurs de la crise sociopolitique qu’a connue le pays. Un an plus tard, le calme est revenu mais la sécurité alimentaire reste menacée.

 

Selon des données fournies en mars par le gouvernement, le déficit de la campagne agropastorale 2011-2012 est de 154 462 tonnes. A l’origine de cette chute de production, une faible pluviométrie. La production céréalière accuse une baisse de près de 20% par rapport à la campagne agricole précédente (2010-2011), et de plus de 5% sur la moyenne des cinq dernières années. Au total, le taux de couverture des besoins céréaliers de 17 provinces (sur 45 provinces) est déficitaire, tandis que 13 autres sont en situation d’équilibre et 15 sont excédentaires. La Société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire (Sonagess) indique que c’est de juillet à septembre que le plus fort risque est identifié, période au cours de laquelle 26 provinces seraient en déficit de survie et plus de 2 millions 800 000 personnes considérées comme vulnérables.

Aux mauvaises récoltes causées par la sécheresse se sont superposés d’autres éléments, à commencer par la flambée des prix des céréales. Le Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) estime qu’ils ont progressé de 50 à 60 % dans le bassin Centre (Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Mali, Ghana, Togo). Cette situation a encore été aggravée par l’arrivée de réfugiés maliens venus avec leurs troupeaux chercher refuge au Burkina voisin. « Nous estimons à plus de 25 000 têtes le cheptel qui est rentré au Burkina Faso, à travers les différents axes », soulignait récemment Jérémy Ouédraogo, ministre des Ressources animales, faisant remarquer que cela avait encore davantage creusé le déficit de fourrage naturel.

 

Mobilisation tous azimuts

Pour faire face à cette pénurie alimentaire, la réponse des autorités a consisté à subventionner les produits de première nécessité et à commercialiser des céréales à prix sociaux. Mais tout n’a pas fonctionné comme prévu. Joseph Paré, ambassadeur du Burkina Faso en France, indiquait récemment que des sacs de céréales et de riz subventionnés, destinés à la consommation locale, avaient passé les frontières de l’espace de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, et avaient été acheminés vers d’autres marchés, notamment au Mali.

Pour juguler la menace de crise alimentaire qui plane alors sur le pays, un appel à la solidarité nationale et internationale a été lancé en mars. En prévision de la prochaine campagne, le ministère de l’Agriculture et de l’Hydraulique a de son côté pris des dispositions pour intensifier les rendements agricoles en mobilisant le stock d’intrants nécessaires. On prévoit aussi de réhabiliter les barrages, a l’instar de celui construit sur le fleuve Nakambé, qui assure aujourd’hui la croissance du Pôle de Bagré. Avec une capacité de 1,7 milliards de m3 d’eau, l’ouvrage pourvoit à l’irrigation des parcelles agricoles. Plus de 3 000 ha sont exploités pour la riziculture et les cultures maraîchères de contre-saison.

 


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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 07:44

 

Combler le fossé numérique

 

Paru dans African Business – Décembre 2011-Janvier 2012

 

 

garde.jpgA l’ère de la mondialisation des échanges, la communication revêt une importance fondamentale. Le Burkina Faso n’échappe pas à la règle. Il entend bien généraliser l’accès aux données et à l’internet.

 

Au Burkina Faso, 70% du territoire national sont couverts par les réseaux de téléphonie portables, et au premier trimestre de cette année, la télé-densité est de 40,41 mobiles pour 100 habitants, contre  0,91 % de téléphones fixes. Mais les liaisons téléphoniques ne sont pas toujours performantes, et la fracture numérique est ici, plus qu’ailleurs, une réalité. Seules sept villes et localités disposent  d’infrastructures d’accès à internet à haut débit (ADSL).

« Je reste conscient que la qualité du réseau de téléphonie mobile et d’Internet occasionne des désagréments pour les usagers et un frein au développement », a souligné Luc Adolphe Tiao, Premier ministre, en invitant l’Autorité de régulation des communications électroniques (Arcep) à améliorter rapidement la qualité des services.

Sur le terrain, les trois marques qui se partagent le secteur des télécommunications améliorent leurs prestations. L’Onatel-SA, en partenariat avec Maroc Telecom, assure une large couverture du territoire, maillant les 13 régions et les 45 provinces en téléphonie fixe (sa première activité) et mobile. Telmob, sa filiale sur le segment du téléphone mobile cellulaire, enregistrait de bons scores avec 2 796 000 clients mobiles, soit une hausse de 40% sur les six premiers mois de l’année.

Fasonet, fournisseur d’accès à internet de l’Onatel, suit la même tendance, avec plus de 20% d’abonnées sur la même période (soit 29 000 clients). Mais en dépit de ces bons résultats et d’un chiffre d’affaires de 846 millions dirhams au premier semestre, l’ensemble des activités de Maroc Telecom au Burkina Faso accuse un retrait de 7,6% qui s’explique par les importantes baisses de prix opérées au cours du deuxième semestre 2010, et par la diminution de 7,4% du nombre d’abonnés aux lignes fixes.

Telecel Faso, filiale du groupe Planor Afrique, se positionne en force avec une palette de produits attractifs qui cible une large clientèle dont les jeunes et la diaspora burkinabè, avec le service « appels illimités vers le Burkina Faso » dédié aux. La force de Telecel, c’est aussi son offensive marketing. La fameuse formule « Avec Navitel de Telecel, l’internet devient vraiment mobile », s’est vite popularisée même si l’accès à la toile ne s’est pas vraiment démocratisé, l’abonnement demeurant coûteux. Pour l’heure, moins de 10% de la population burkinabè connait Internet. Selon un rapport fournis en 2010 par la Banque africaine de développement (BAD) et l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), les tarifs de l’accès à Internet en Afrique subsaharienne sont les plus coûteux au monde.

Airtel, arrivée en Afrique de l’Ouest en 2010 à la faveur du rachat de Zain par l’indien Bharti, investit pour améliorer la qualité de ses services en augmentant sa zone de couverture, et s’appuie sur la solution BlackBerry pour l’accès à distance de la messagerie électronique et pour la navigation sur le Net. Pour un an d’abonnement, il faut compter 120 000 F.CFA (soit environ 15 euros par mois).

Tiémoko Coulibaly, PDG d’Airtel pour l’Afrique francophone, dirige les opérations sur ce marché où la marque est, selon les pays, n°1 ou n°2. « Notre ambition est non seulement de contribuer à bâtir une infrastructure télécoms, mais aussi de faire en sorte que les clients en Afrique francophone puissent bénéficier d'un accès le plus économique possible à la téléphonie et à l’internet mobile », explique-t-il. Pour atteindre cet objectif, Airtel a noué un partenariat avec IBM pour le déploiement et la gestion des technologies de l'information (TI). « Ce partenariat nous permettra d’apporter des innovations de taille sur le marché africain, comme par exemple la technologie d’accès vocal au Web, qui permet aux utilisateurs de partager des informations à travers le réseau téléphonique existant. Cette technologie est particulièrement efficace pour les populations peu ou pas alphabétisées, les malvoyants, et celles qui n'ont pas accès aux ordinateurs », ajoute-t-il.

 

Travaux sur le réseau

Au ministère des Transports, des postes et de l’économie numérique, on construit une infrastructure universelle à même d’insérer le pays dans les autoroutes de l’information. Pour l’heure, c’est par le câble sous-marin SAT-3/WASC (South Atlantic 3/West Africa Submarine Cable) que les transmissions de données pour Internet, la télévision et les communications téléphoniques sont acheminées. Ces services sont fournis, au départ du Portugal, par un câble en fibre optique qui longe, sur plus de 15 000 km, les côtes occidentales du continent et aboutit en Malaisie.

Le Burkina Faso, pays enclavé, est raccordé depuis 2005 à ce dispositif via l’un des points de distribution au Sénégal, en Côte d’Ivoire ou au Bénin. Mais la facture à payer pour emprunter cette bretelle d’accès au réseau international est, selon Annie Chéneau-Loquay, de l’Observatoire de l’insertion et de l’impact des technologies de l’information et de la communication en Afrique (Africa’nti), exorbitante. Ce qui n’a pas permis la baisse – pourtant attendue – du prix des connexions.

En juillet, le ministère burkinabè de l’Economie et des Finances a signé un accord de financements d’un montant de 23 millions de dollars (11, 5 milliards de F.CFA) avec la Banque mondiale, destiné à la partie du projet inscrite dans le Programme régional d’infrastructure de communication pour l’Afrique occidentale (Warcip). « Ce financement va permettre à notre pays d'accroître la couverture géographique des réseaux à bande passante de grande capacité et diminuera les coûts des services de communications sur le territoire. A terme, le projet contribuera à l’amélioration de la qualité de la connectivité au Burkina Faso et avec le reste du monde », souligne la direction générale de la coopération du ministère. « Le réseau à fibre optique à construire, pour l’interconnexion entre le Burkina Faso et le Ghana, suivra l’itinéraire de la route nationale RN5 (Ouaga –Pô – frontière du Ghana) », précise Christiane Aïchatou Alzouma Mamosso, auteure d’un rapport sur le sujet.

Pour pallier l’enclavement numérique, le Burkina Faso investit également le terrain de la communication. L’Arcep a d’ailleurs accueilli la Conférence africaine sur la régulation de l’économie des télécommunications. Il y  été question du développement des réseaux électroniques sur le continent et de ses effets sur la croissance économique. Les internautes burkinabè s’activent pour promouvoir l’économie virtuelle. L’association Yam Pukri intervient pour former les jeunes à la maitrise de ces moyens de communication. Son expertise lui vaut à présent d’accompagner la dynamique TIC au Burkina via Sulga Concept, une société de services qui contribue à l’élaboration de la stratégie e.Business des organisations de la société civile. A son actif, la réalisation de sites Web pour des associations (Plaidoyers Burkina Faso), des entreprises (Kene Conseils), ainsi que l’édition numérique, la formation de gestionnaires de cybercafés et la maintenance du parc informatique.

Toutes ces interventions concourent à la réalisation des objectifs du Programme quinquennal 2010-2015, lequel a prévu le développement de supports logistiques capables de procurer une autonomie économique réelle au pays. Blaise Compaoré, président du Faso, affiche son ambition dans ce domaine, promettant la réalisation d’investissements structurants qui permettront l’essor du WIFI, du Wimax, du CDMA et des boucles locales radios, et offriront la possibilité de services, notamment dans l’éducation (e-Education), la santé (e-Santé), la vulgarisation agricole, la monétique et les transferts d’argent.

 

 

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 12:44

 

Un blason à redorer

 

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Paru dans Jeune Afrique – 30 octobre au 12 octobre

 

Illettrisme, décrochage précoce, émigration étudiante... Pour remédier à ces problèmes, un programme quinquennal doit enrichir l'offre éducative à tous les niveaux de l'enseignement.

 

Quand le professeur Albert Ouédraogo a été nommé à la tête du ministère des Enseignements secondaire et supérieur dans le gouvernement de Luc Adolphe Tiao, en avril, il a dit souhaiter sortir l’enseignement– et les universités en particulier - du marasme dans lequel elle était entré. La situation est en effet problématique. Les deux tiers de la population ne sont pas alphabétisés. Le Programme national d’accélération de l’alphabétisation (Pronaa) 2011-2015 fait état du déficit en la matière. Le décrochage scolaire est important (plus de la moitié des élèves en primaire), l’accès au secondaire limité… sans parler du supérieur. « Sur 100 élèves du primaire, 25 accèdent au secondaire et un seul parvient à l'université », souligne l’université de Ouagadougou. 

En outre, certains diplômés de l’enseignement supérieur burkinabè connaissent plus de difficultés à l’embauche que ceux formés au Maroc, en Algérie ou au Sénégal. Ceux qui ont étudié en Europe ou en Amérique sont encore mieux lotis. Un chef d’entreprise explique. « Dans des domaines comme l’environnement, le BTP, l’industrie, la comptabilité, les services bancaires ou les assurances,  les sociétés internationales vont rechercher l’expertise de ceux qui ont été formés en France ou en Occident, ou de ceux qui sont diplômés des écoles internationales implantées au Burkina ». Ces dernières disposent d’infrastructures pédagogiques et de recherche performantes mais les frais de scolarité sont en revanche élevés.

 

Grèves. C’est le cas de l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2IE), à Ouagadougou, qui forme des ingénieurs hydrauliques. Pour obtenir le précieux sésame de cet établissement qui délivre des titres reconnus dans l’espace européen, il faut compter pas moins de 7 000 euros pour les deux années de master. Malgré un système de bourse, ce sont les plus nantis qui ont accès à l’excellence. Ils peuvent alors effectuer leurs études localement, sans craindre la dépréciation de leur diplôme, ni même les grèves, comme celles qui ont émaillé les cours l’année dernière.

En dépit de cela, les efforts sont soutenus pour améliorer la situation dans les universités burkinabè. Dans le privé, les effectifs augmentent. Ainsi, l’Unité universitaire de Bobo-Dioulasso – membre du réseau de l’Université catholique d’Afrique de l’Ouest (Ucao), qui accueillait seulement 33 étudiants à son ouverture en 2005, totalisait 1 400 inscrits en 2010-2011. A Ouahigouya, Fada N’Gourma, de nouveaux centres universitaires publics ont ouvert en 2010 dans le cadre de la décentralisation, et un autre doit suivre à Gaoua. Dans la capitale, le retard pris sur le programme d’enseignement, à cause des manifestations du printemps dernier, a été rattrapé cet été.

 

Faibles moyens. Mais les moyens pédagogiques restent en deçà des espérances. « Le matériel manque et les travaux pratiques dans les laboratoires sont limités », constate un chercheur en biologie appliquée, même s’il reconnaît que certaines filières (la biologie, l’écologie, la géologie avec l’essor du secteur minier) sont mieux dotées.

La même mobilisation a lieu du côté de l’enseignement professionnel où les pouvoirs publics interviennent pour remédier à l’évasion scolaire. Un projet récemment mis en œuvre va permettre à plus de 6 000 jeunes de 13 à 18 ans d’intégrer un plan de formation dans les métiers des mines. L’objectif est de rescolariser celles et ceux qui ont décroché du système scolaire dès le CM2 pour s’employer sur les sites d’orpaillage…  


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13 octobre 2011 4 13 /10 /octobre /2011 06:52

 

Des infrastructures performantes pour l’industrie

 

Paru dans African Business – Octobre-Novembre 2011

 

 carte_elect_f01.gifPour soutenir la croissance, le Burkina Faso mise sur le développement industriel en améliorant les infrastructures d’énergie et de transport.

 

Le Burkina Faso ne manque pas de ressources. A commencer par le coton, une culture dont la production à l’export est conséquente, et sur laquelle sont positionnées trois sociétés cotonnières : Sofitex, Fasocoton et Socoma. Les potentialités minières sont également importantes et l’environnement des affaires est sécurisé. Le commerce et l’artisanat offrent des opportunités intéressantes. StrategiCo., société spécialisée dans l'analyse et la prévision financière, économique et politique, confirmait, en août, la bonne orientation de l’économie burkinabè, notamment grâce à la hausse de la production d’or dont les prix ont atteint des sommets sur les marchés internationaux. Au total, 20 tonnes ont été exportées en 2010, soit 60% d’augmentation, et les prévisions de production sont de 26,4 tonnes en 2011. Le secteur minier contribue du reste pour 7% au produit intérieur brut (PIB). La mine d’or de Mana exploite annuellement 3,5 tonnes d’or et a reversé à l’Etat, au titre de l’année 2011, plus de 26 milliards F.CFA.

En revanche, les résultats sont plus mitigés pour la production de coton. Les deux dernières campagnes agricoles (2009/2010 et 2010/2011) ont connu une baisse sensible des rendements en passant sous la barre des 400 000 tonnes, comparativement à 2008/2009 ou la production d’or blanc a tutoyé les 500 000 tonnes. Les prévisions pour 2011/2012 devraient néanmoins être plus favorables, avec 513 000 tonnes (en hausse de 28%). Les autres ressources agricoles, qui contribuent à la sécurité alimentaire, enregistrent comme de coutume de bonnes performances, sauf dans la zone frontalière avec le Niger, à Dori.

Ces performances ont conduit les Burkinabè à s’engager dans le développement de l’industrie, notamment dans le secteur agro-alimentaire et textile, de sorte à transformer in situ la production locale, en escomptant une meilleure marge bénéficiaire. Des unités de transformation des matières premières sont créées, comme à Yona qui dispose d’un centre de production de beurre de karité et d’une unité de savonnerie. Plus de 45,5 millions F.CFA ont été mobilisés pour l’installation de l’entreprise dont le chiffre d’affaire annuel est d’environ 45 millions F.CFA.

 

L’énergie électrique pour soutenir la croissance

Les pouvoirs publics encouragent ces efforts en créant les conditions favorables à l’investissement. Le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, Arthur Kafando, confirme. « Le Burkina Faso a fait beaucoup d’efforts au plan des réformes et dispose d’un code de l’investissement et d’un code minier attractifs. En outre, la création d’entreprises y est facilitée. Nous œuvrons parallèlement à la mise en place d’une politique incitative au niveau du capital risque, ceci dans l’objectif de soutenir l’investissement ». Il incite les investisseurs à s’intéresser à ce pays agricole stable, qui dispose de nombreuses ressources.

En parallèle, l’Etat renforce ses capacités au plan de la fourniture en électricité, en dépit des difficultés. Selon les données fournies par la Société nationale d’électricité du Burkina (Sonabel), la production nationale d’énergie thermique a en effet chuté de plus de 21% en 2010 (comparativement à 2009) du fait de ruptures fréquentes en fuel et de pannes sur les équipements. La production d’énergie hydroélectrique a diminué de plus de 11% en raison de la faible pluviométrie. Il a fallu importer de l’énergie de Côte d’Ivoire, du Ghana et du Togo. Au total, 39% des ressources énergétiques sont importées. Et sur les 180 MW que consomme le Burkina Faso, 80 MW proviennent du voisin ivoirien, via l’interconnexion Bobo-Dioulasso-Ouagadougou, qui a été mise en service à la fin de l’année 2009. Cette forte dépendance n’a pas été sans poser de problèmes.

En 2010, et jusqu’à la sortie de crise de la Côte d’Ivoire en avril dernier, l’importation de l’énergie provenant de ce pays a, en effet, été subi des délestages importants. Pour diversifier ses sources d’approvisionnement en électricité, le Burkina Faso renforce son réseau de production et de distribution, en zones urbaines et rurales. La Banque mondiale finance la réalisation de lignes tout comme l’Agence française de développement (AFD) et la Banque africaine de développement (BAD). Les infrastructures se développent à travers un certain nombre de réalisations. Parmi elles, l’extension de la centrale de Komsilga qui est financée par la BOA, la Sonapost, l’Etat, la Sonabel, ainsi que par l’Initiative régionale pour l'énergie durable (IRED) de l’UEMOA et la BOAD. Des travaux de renforcement de plusieurs centrales ont aussi été mis en œuvre à Dori et Dédougou, tandis que des projets de lignes de transport inter-Etat sont en cours d’étude. L’interconnexion Nigéria-Niger-Bénin-Burkina, d’une capacité de 330 kV, est annoncée à l’horizon 2016, tout comme un deuxième projet, de Bolgatanga (au Ghana) à Ouagadougou, et un troisième, entre Han (au Ghana), Bobo-Dioulasso (au Burkina Faso) et Sikasso (au Mali).

La production de biocarburant à base de jatropha est également expérimentée. L’usine Belwet Biocarburant SA est la première du genre au Burkina Faso. Elle fonctionne depuis un an et devrait augmenter sa production grâce à l’investissement de la coopération taïwanaise dans l’acquisition de nouveaux équipements. Un projet de construction d’une centrale solaire de 20 MW est conduit par la compagnie minière canadienne Semafo, et celui de centrales thermiques à biogaz est lancé à Pô et Manga. Pour Luc Adolphe Tiao, Premier ministre, « le développement de la filière biocarburant, comme du solaire, entre dans le cadre de la recherche de nouvelles alternatives pour résoudre les problèmes énergétiques au Burkina où l’électricité est un facteur de production très coûteux ».

 

Un système logistique performant

Les infrastructures de transport bénéficient des mêmes attentions. L’objectif recherché est d’aboutir à un système logistique performant pour abaisser les coûts de production. Les corridors routiers qui mènent aux ports du Togo, du Bénin et du Ghana sont pour cela entretenus et renforcés. Des travaux sur le tronçon Ouagadougou-Pô-frontière du Ghana ont été engagés en octobre 2010, et devraient s’achever en janvier 2012. Un autre chantier, de Kombissiri à la frontière du Ghana, a démarré en octobre 2009 et devrait être bouclé en novembre 2011. Le gouvernement intervient en appui pour débloquer des fonds et permettre aux entreprises de poursuivre leur travail dans les délais.  

S’agissant de la reprise du trafic commercial avec la Côte d’Ivoire, de substantielles améliorations sont là aussi attendues pour maximiser le transport de marchandises et de voyageurs entre Ouagadougou et le port autonome d’Abidjan, via le port sec de Bobo Dioulasso, lequel contribue à la dynamisation de la région ouest du pays. Par le passé, le train pourvoyait à l’acheminement d’une quantité non négligeable de la production burkinabé, notamment celle du coton. Le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat se réjouit dès lors de la sortie de crise de la Côte d’Ivoire et escompte un retour à la normal du transport ferroviaire. « Avant la crise, nous exportions 60% de la récolte de coton par le corridor ivoirien, et 40% par voie terrestre à destination des ports de Lomé (au Togo) et Terra (au Ghana) », souligne Arthur Kafando. Il ajoute que l’entretien et la consolidation des voies ferrées doivent être préalablement effectués avec le concessionnaire Sitarail pour améliorer la circulation sur cet axe et gagner ainsi en rentabilité. Le trafic marchandises est également au centre des priorités, avec notamment la réhabilitation de l’aéroport de Ouagadougou qui s’achèvera à la fin de l’année, et le projet de construction du nouvel aéroport international Ouagadougou Donsin, qui succèdera. Celui-ci bénéficiera d’un soutien financier de 50 millions dollars de la part du Fonds saoudien de développement (FAD).  

Ce programme en faveur du développement des infrastructures de transport et d’électricité soutiendra le processus d’industrialisation dans lequel s’est engagé le Burkina Faso. La deuxième édition du Forum ouest-africain de développement des entreprises - Africallia, qui aura lieu à Ouagadougou, en février 2012, fournira l’occasion aux partenaires techniques et financiers d’accompagner cette mutation.

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