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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

5 août 2011 5 05 /08 /août /2011 19:55

    

L’or et le coton pour soutenir le développement humain 

Paru dans African Business – Août-Septembre 2011

 

Le Burkina Faso a récemment accédé aux premiers rangs des pays africains producteurs de métal jaune et il est également classé dans le peloton de tête pour la production de coton. Mais en dépit de ces ressources, le développement humain accuse un grand retard.

 3414-1.jpgRiche de ses deux ressources, or et coton, le Burkina Faso n’en demeure pas moins pauvre. Le Rapport mondial sur le développement humain du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) le positionne en queue de cortège, au 161e rang sur… 169 pays.  Pourtant, ce ne sont pas les ressources qui manquent. En dépit de l’aridité du climat, de la rareté de l’eau, de l’enclavement géographique et des problèmes occasionnés par le conflit en Côte d’Ivoire, l’Etat burkinabé vise à l’autosuffisance alimentaire et parvient, en sus, à exporter une partie de sa production.

Or, coton, mangues, haricots verts, karité, mil, sorgho, maïs, sésame, arachides, produits de l’élevage, artisanat… Les Burkinabé ne chôment pas. Ils sont toujours à la tâche. Le taux de croissance annuel s’est ainsi maintenu à 2% de 1970 à 2008 (1,1% au Ghana, 1,8% en France et 1,9% aux Etats-Unis). Le Revenu national brut (RNB) par habitant s’élevait, en 2008, à 1 215 dollars, quasiment comme l’Ouganda (1 224 $) qui le précède en 143e  position et le Ghana (1 385 $) qui est au 130e rang. Pourtant, en termes de développement humain, le Burkina Faso ne décolle pas.

L’espérance de vie à la naissance d’un Burkinabé est de 53,7 ans (57,1 ans au Ghana et 81 ans en Norvège), et la durée moyenne de scolarisation (chiffres 2009) est d’à peine 1,3 an, alors qu’elle est de 4,7 ans en Ouganda et de 7,1 ans au Ghana. L’indice de « satisfaction de vivre » est de seulement 3,6 sur une échelle de 1 à 10 (8,1% en Norvège). Sur le nombre des répondants qui se déclarent satisfaits, seul 24% le sont au regard de leur niveau de vie.

En 2010, 73% de la population vivait sur des terres dégradées. Deux ans plus tôt, 24% ne disposaient pas de d’eau courante et 89% étaient privés d’accès à l’assainissement, tandis que 90,6% de la population vivait sans électricité. Les décès dus à une pollution intérieure et extérieure de l’air et de l’eau se chiffraient, en 2004, à 3 130 par millions de personnes (1 692 en Ouganda, 1 283 au Ghana et 65 en Norvège).  

Ce qui vaut pour le développement humain est hélas valable pour l’emploi et les conditions de travail. En 2008, 47% d’enfants âgés de 5 à 14 ans travaillaient et 60,7% du nombre total d’actifs subsistaient avec moins de 1,25 $ par jour (37,6% au Ghana). Le PIB de 522 $ par habitant est à comparer à celui de 44 508 $ pour la France et  94 759 $ pour la Norvège, en tête du classement.

 

Des financements à géométrie variable

Pour pallier l’insuffisance de ressources et de revenus, les bailleurs de fonds internationaux interviennent pour soutenir le Burkina Faso.

En 2008, 12,6% du RNB du pays provenait ainsi de l’aide au développement des institutions financières internationales, tandis que les Iles Salomon, classées en 123e position en termes de développement humain, étaient investies à hauteur de 35,1%, et que le quart (26,3%) du RNB de Sao Tomé-et-Principe, classé 127e par le Pnud, était fourni par les bailleurs de fonds.  

De la même manière, les Investissements directs étrangers (IDE) n’atteignent pas des sommets sur le territoire burkinabé. Le flux de capitaux privés correspond à 1,7% du PIB. Bien moins qu’au Ghana où ils pointent à 12,7%. Par comparaison, le total d’IDE de la France équivaut à 3,5% du PIB, celui de la Belgique à 19,8% et du Luxembourg à 215,6%. Pourtant, des réformes ont été engagées par les autorités pour libéraliser l’économie et promouvoir le secteur privé. L’amélioration du climat des affaires a d’ailleurs été soulignée par la Banque mondiale, et le rapport Doing business 2011 a classé le Burkina Faso au quatrième rang mondial des réformateurs les plus constants durant les cinq dernières années.

L’attractivité du pays n’est plus à prouver. Du reste, les multinationales des filières aurifère, cosmétique, agroalimentaire et cotonnière sont positionnées pour développer leurs activités ou entretiennent des relations commerciales.    

Des contrats - en particulier pour l’extraction minière ainsi que pour l’achat de coton - sont bel et bien signés mais, en retour, le développement économique et social ne suit pas. L’industrie de transformation est à l’état embryonnaire. L’investissement dans la recherche et le développement ou encore la formation est à la traîne. L’accès aux technologies de l’information et de la communication demeure excessivement restreint. Pour preuve, seulement 0,6% de la population était équipée d’un ordinateur entre 2006 et 2008. Tout cela ne concourt pas au renforcement de la compétitivité de l’appareil de production. « Les IED réalisés dans le pays demeurent concentrés dans quelques secteurs (mines, télécommunications, banques, services). L’impact de ces investissements privés sur le développement de l’économie du pays reste encore limité », confirme le Conseil présidentiel pour l’investissement. 

 

Une rémunération à la hauteur des ressources fournies

Malgré ces multiples contraintes et un soutien somme toute assez timoré de la Communauté internationale et des investisseurs, le pays a toujours fait en sorte de maintenir ses équilibres. Mais sa marge de manœuvre est mince. Il n’a guère d’autre choix que de pourvoir aux attentes du marché en fournissant des produits dont le prix d’achat est fixé par de lointaines places financières. En aucun cas il ne peut aller a contrario d’un scénario établi par ses créanciers – bailleurs de fonds et investisseurs. Ces dernières semaines pourtant, les cotonculteurs et les acteurs miniers ont manifesté leur mécontentement en réclamant l’amélioration de leurs conditions de travail et des augmentations de revenus.   

En mai, Beyon Luc Adolphe Tiao, Premier ministre, s’est entretenu avec les acteurs du secteur minier. Il a été question de la définition d’un cadre de partenariat entre les investisseurs, les employés ainsi que les populations locales, et de l’adoption d’une convention collective régissant le secteur des mines. « La législation minière dans le pays comporte, au stade actuel, des lacunes », a précisé la Primature. « Il est évident que les travailleurs dans les mines doivent être rémunérés à la hauteur de leurs efforts parce qu’il y va de la paix sociale. L’industrie minière, qui agit aussi sur un environnement donné, doit participer à l’amélioration de vie des populations de la localité ».

Il a fallu aussi négocier avec les cotonculteurs qui avaient manifesté, en avril, à Bobo Dioulasso, exigeant la hausse des prix d'achat du coton et la baisse de celui des intrants. L’Etat a dû dégager une enveloppe de 6,1 milliard F.CFA pour subventionner l’achat d’engrais, laquelle s’ajoute aux 36 milliards de F.CFA précédemment alloués à la filière cotonnière ces dernières années. Mais le problème n’est pas pour autant résolu. Le cotonNumeriser0026.jpg burkinabé est en concurrence avec celui des Etats-Unis et d’Europe qui est largement subventionné. Les exportateurs de ces pays peuvent donc écouler à bas prix leur coton sur le marché mondial tandis que les producteurs burkinabé – et africains - subissent la chute des cours de l’or blanc. A plusieurs reprises, le président Blaise Compaoré a demandé la suppression de ces subventions déloyales. En 2003, il a pris la parole à la tribune de l’Organisation mondiale du commerce, déclarant : « Nos pays ne demandent pas la charité, ni un traitement préférentiel ou des aides additionnelles. Nous demandons seulement le respect de la loi du marché, conformément aux principes fondamentaux de l’OMC. Nos producteurs sont prêts à affronter la concurrence sur le marché mondial du coton, pour peu que celle-ci ne soit faussée par les subventions ».

Huit ans plus tard, la question soulevée demeure d’actualité. Mais entre-temps, le peuple burkinabé a fait valoir son aspiration bien légitime à l’amélioration de ses conditions d’existence en contrepartie du travail âprement fourni.

 

- Crédit photo : Unicef et Sofitex -

 

 

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24 juillet 2011 7 24 /07 /juillet /2011 08:36

Burkina Faso. Panorama des Partenariats

techniques et financiers au

 

Paru dans African Banker - Juillet-Août-Septembre 2011

 

Les bailleurs de fonds interviennent sur la place burkinabé pour soutenir son essor. Qui sont-ils ? Que font-ils ? Selon quels mécanismes et sous quelles conditions octroient-ils leur aide au financement ? Enquête.

 

arton726Massivement présents au Burkina Faso, les bailleurs de fonds soutiennent des projets dans de nombreux domaines. L’aide au développement concerne la finance rurale, les industries extractives, la construction d’infrastructures de transport, le développement du tourisme, l’accès à l’énergie, l’enseignement de base, la santé…

En 2007, le ministère burkinabé de l’Economie et des finances indiquait que les flux d’aide étaient allés crescendo depuis 1960, passant de 2,947 milliards F.CFA à environ 345 milliards F.CFA en 2005. Une cinquantaine de donateurs interviennent en appui à plus de 500 projets ou programmes par an. Le rapport ministériel précise encore qu’au cours des dix dernières années (1997-2007), le pays a reçu en moyenne 400 millions dollars par an des Etats-Unis (soit environ 230 milliards F.CFA) et que l’appui de la communauté internationale a été principalement destiné aux investissements publics. Au total, l’aide extérieure finance 85% du budget d’investissement de l’Etat.  

Les Etats partenaires techniques et financiers (PTF) intervenant au Burkina Faso sont européens (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Suède, Suisse). Les Etats Unis, le Canada, Cuba et le Maroc accompagnent également le développement du « pays des hommes intègres », ainsi que la République de Chine (Taiwan). Cette dernière est le quatrième partenaire bilatéral après la France, les Pays-Bas et l’Allemagne. En 2011, Taiwan va allouer 24 milliards F.CFA répartis entre plusieurs secteurs dont l’agriculture avec la mise en œuvre du projet d’aménagement sur cinq ans de 7 500 hectares destinés à la filière rizicole. 

Des PTF multilatéraux agissent parallèlement en soutien au développement. Parmi eux, la Banque africaine de développement (BAD), la Banque mondiale, la Banque ouest africaine de développement (BOAD), le Fonds monétaire international (FMI). Le système des Nations Unies (SNU) est représenté via le Plan cadre des Nations Unies pour l'aide au développement (Undaf). Il dispose de plusieurs agences : le Programme des Nations-unies pour le développement (PNUD), la FAO (Food and agriculture organization of the United Nations), ONU-Habitat, ONUSida et l’Unicef. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est aussi membre du dispositif onusien tout comme le Programme alimentaire mondial (PAM).

 

Soutien au développement économique et au capital humain

Pour la période 2011-2015, l’Undaf estime que s’agissant du développement du capital humain, des infrastructures, de la promotion de la gouvernance et du développement local, le montant requis est de 262 millions $, auquel s’ajoutent 31 millions $ pour améliorer le système de gouvernance, la participation citoyenne et la décentralisation.  

La Banque d'investissement et de développement (BIDC), bras financier de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), apporte aussi sa contribution. En 2010, elle a accordé au gouvernement un prêt de 7,2 milliards F.CFA pour soutenir l’industrie de transformation agroalimentaire. Dans le domaine minier, un panel de partenaires, au nombre desquels l’ambassade de France et le PNUD, finance l’Initiative pour la transparence des industries extractives du Burkina Faso (ITIE-BF). La Banque mondiale (BM), qui a été le principal bailleur de fonds des activités techniques de l’ITIE-BF en 2009, est également partie prenante d’autres projets. En 2010, elle a fourni 90 millions dollars en soutien aux secteurs de l’agriculture, de l’éducation, de la santé et de l’énergie. Un programme de promotion du commerce extérieur a notamment été mis en œuvre. Il comporte un Projet d’appui aux filières agro-sylvo-pastorales (PAfasp) et un autre à la production du coton biologique. L’Association internationale de développement (IDA), qui dépend de la BM, accompagne des projets d’accès à l’eau potable, en lien avec l’Office national de l'eau et de l'assainissement (ONEA). IDA appuie aussi le programme pour l’éducation de base. En mars, c’est à un accord de don d’un montant de 45 millions dollars auquel l’institution a souscrit. A même période, la Société financière internationale (SFI), également membre de la BM, a alloué 300 millions F.CFA à la Banque de l’habitat du Burkina Faso (BHBF) pour améliorer l’accès au financement du logement.

La Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) a signé l’année dernière un accord de prêt de 10 millions $ avec l’Etat burkinabé pour financer la construction du centre hospitalier de Ziniaré. Il est remboursable sur une période de 30 ans, avec un taux d’intérêt annuel de 1%. En mai dernier, une nouvelle enveloppe de 10 millions $s à été accordée par la Badea pour financer le tronçon de route Ouahigouya-Thio-frontière du Mali.

Le Fond africain de développement (FAD) a approuvé en 2010 une aide de 39,5 millions $ au gouvernement. Elle comprend 14,8 millions de dons et 24,7 millions de prêts. Ces fonds sont destinés à financer un Programme d'appui à la stratégie de réduction de la pauvreté (Pasrp-V). La Banque africaine de développement (BAD) a mis à disposition une ligne de crédit dédiée au renforcement des infrastructures électriques et à l’extension de l’électrification rurale. Quant à la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), elle a octroyé 2,5 milliards F.CFA à la société sucrière SN-Sosuco pour la réhabilitation de ses capacités de production. Au total, la BOAD s’est engagée à hauteur de 56,1 milliards F.CFA au titre du financement du secteur privé au Burkina Faso.

Plus récemment, en mai, l’Union européenne a signé des contrats de subvention de plus de 5 milliards F.CFA pour l’accès à l’énergie dans les zones rurales. L’Agence française de développement (AFD) a fait de même en subventionnant à hauteur de 21 milliards de F.CFA la Société nationale burkinabé d’électricité (Sonabel). La Banque islamique de développement (BID) finance le développement de l’enseignement de base. 5 680 millions F.CFA ont été mobilisés à cet effet à la fin du 1er trimestre de cette année. 4 925 millions F.CFA sont remboursables en 18 ans avec un différé de 7 ans, et 755 millions F.CFA en 20 ans, avec un différé de 10 ans. Un second financement d’un montant de 22,5 milliards F.CFA provient d’IDA, filiale de la BM, qui contribue de la même manière au développement du capital humain.

 

Aide sous conditions

L’aide financière des PTF peut être octroyée sous forme de prêts sans intérêts, de prêts à taux bonifiés ou encore de dons. Dans le cas d’emprunts, ils sont graduellement remboursés. Mais cela n’est pas toujours possible lorsque les conditions climatiques ne sont pas favorables, que les cours du coton ou de l’or se détériorent ou encore que les effets de la crise ivoirienne rejaillissent sur le territoire burkinabé, par exemple. La charge de l’endettement n’est plus gérable. La Banque mondiale et le FMI ont alors mis en place, depuis 1996, l’initiative Pays pauvres très endettés (PPTE), à laquelle a pris part le Club de Paris, un autre bailleur de fonds. Il est intervenu au Burkina Faso avec le FMI au titre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC), en procédant à une réduction des dettes.

L’initiative PPTE a été complétée, en 2005, par l'Initiative d'allègement de la dette multilatérale (IADM), laquelle concerne les dettes admissibles par trois institutions multilatérales (FMI, Banque mondiale et le Fonds africain de développement) pour les pays – dont le Burkina Faso - parvenus au bout du processus de l'initiative PPTE. Cette réduction de la dette est soumise à conditions. Les bénéficiaires s’engagent à réduire la pauvreté par des réformes et une politique économique avisée, et « à établir de bons antécédents au fil du temps ».

En mai, au lendemain de la crise sociopolitique qui a secoué le pays, l’ambassadeur chef de la délégation de l’Union européenne au Burkina Faso, Amos Tincani, a ainsi rappelé que l’Europe avait déboursé 210 milliards de F.CFA, en 2010, ce qui correspondait à 19% du budget annuel de l’Etat burkinabé. Il a alors estimé que les Etats partenaires avaient besoin de connaître la portée et les implications financières des mesures salariales, d’allègements fiscaux et autres qui avaient été décidées par les autorités. « Ces concessions pourraient avoir des répercussions importantes sur l’équilibre macroéconomique et les résultats financiers en 2011 », a-t-il précisé. 


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29 juin 2011 3 29 /06 /juin /2011 19:11

 

Burkina : cultiver le coton ne guérit pas de la pauvreté

 

Paru dans Les Afriques - 23 au 29 juin 2011

 

trait_coton2.jpgQu’en est-il réellement de l’économie du coton au Burkina Faso ? Opportunité ou pis-aller ? Les avis sont partagés.

 

Les cotonculteurs ont manifesté, en avril, dans les rues de Bobo Dioulasso, réclamant la baisse du coût des engrais et la hausse du prix d’achat du coton graine. Sur le premier point, l’Etat a accédé à ces demandes en dégageant une enveloppe de 6,1 milliard FCFA pour subventionner l’achat d’intrants. Il n’a, en revanche, pas satisfait à la deuxième revendication d’une partie des producteurs qui demandaient que soit payé 500 FCFA le kilo de coton graine, contre 245 FCFA actuellement.

 

Culture de rente

Ce mouvement de protestation a de nouveau mis sur la sellette cette culture de rente qui est régulièrement l’objet de commentaires contradictoires. D’un côté, il y a ses défenseurs. De l’autre, ses détracteurs, comme la Banque mondiale qui considère que le pays est trop fortement tributaire du secteur cotonnier et qu’en conséquence,« l’économie est particulièrement vulnérable aux fluctuations des prix du coton et aux effets des variations climatiques sur les campagnes agricoles. » Taladidia Thiombiano, professeur d’économie à l’université Ouaga II, fait par ailleurs remarquer que si la filière crée de la richesse (le coton pourvoit à 30% des revenus de la population et il a généré une valeur ajoutée de 78 milliards de FCFA, ce qui correspond à 2,64% du PIB en 2008), elle ne contribue pas de manière significative à la réduction de la pauvreté. Pour preuve, la région du Mouhoun, où est concentré le plus gros de la culture du coton, est classée seconde au registre de la pauvreté. On constate également qu’au plan du développement humain, le Burkina Faso figure au 161ème rang sur 169 pays, dans le dernier Rapport mondial 2010  du Programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud). 

 

Relative performance

Les raisons qui expliquent cette toute relative performance de la culture cotonnière, quant aux gains qu’elle procure aux planteurs, sont multiples. Pour l’Association interprofessionnelle du coton du Burkina, la dégradation de la situation est une conséquence directe des subventions accordées aux cotonculteurs dans les pays industrialisés. Ce qu’avait du reste dénoncé le président burkinabé, à la tribune de l’OMC, en 2003. « Nos producteurs sont prêts à affronter la concurrence sur le marché mondial du coton pour peu que celle-ci ne soit faussée par les subventions », avait-il déclaré.  Pour l’heure, cette concurrence perdure et contraint les producteurs burkinabés – et africains – à s’aligner sur des prix qui tirent vers le bas.

A contrario, la facture des intrants (engrais et pesticides) augmente. A charge donc pour les sociétés cotonnières – en particulier la Société burkinabée des fibres textiles (Sofitex) – de mobiliser les fonds pour l’acquisition des produits phytosanitaires Le financement est assuré par un pool bancaire local et par des banques étrangères qui interviennent aussi en appui à l’achat du coton graine, d’équipement et de matériel. Ces partenaires jugent quant à eux favorablement les performances de la filière coton. « Peu nombreux sont les Etats en Afrique qui soutiennent le coton comme le Burkina Faso. Ce sont ces raisons qui militent en faveur du soutien massif des banquiers à la Sofitex », soulignait Ecobank, chef de file du pool bancaire national, en janvier 2011.

Pour HSBC, représentant du pool bancaire international, le coton africain - et en particulier burkinabè - est en bonne position. « La filière africaine a connu un développement fort, elle a amélioré sa qualité et sa fiabilité. C’est un fait reconnu par toutes les grandes sociétés qui achètent et continueront d’acheter, surtout au Burkina Faso. »

Il reste cependant des défis à relever pour améliorer la compétitivité de la filière sur le marché mondial et hisser vers le haut les revenus des producteurs de coton. Il incombe à présent à Gomdaogo Jean-Paul Sawadogo, qui vient d’être nommé directeur de la Sofitex, en remplacement de Célestin Tiendrebeogo, de s’employer à cette tâche.


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18 juin 2011 6 18 /06 /juin /2011 21:09

 

Burkina Faso : mobilisation des

partenaires techniques et financiers

 

Paru dans Les Afriques - 9 au 15 juin 2011

 

375-2Les soulèvements qui ont eu lieu au Burkina Faso, et qui durent encore, ont causé de lourds dégâts. La Communauté internationale vient au secours du pays.

 

Les autorités ont pris en compte les revendications des mutins et des manifestants en décidant de mesures visant à l’amélioration des conditions d’existence des populations. Les concessions vont nécessairement avoir des répercussions sur l’équilibre macroéconomique du pays. Pour palier le manque à gagner, des économies budgétaires ont d’ores et déjà été réalisées. La communauté internationale, incarnée par les bailleurs de fonds, apporte son concours. Des aides techniques et financières sont octroyées.  

La République de Chine Taiwan va allouer 24 milliards F.CFA, répartis entre plusieurs secteurs, dont celui de l’agriculture et de la filière rizicole en particulier. L’Union européenne a signé des contrats de subvention de plus de 5 milliards F.CFA pour promouvoir l’accès à l’énergie dans les zones rurales. Pour le Danemark, quatrième partenaire bilatéral au Burkina Faso en 2010 et qui participe à hauteur de 19 milliards de F.CFA en 2011 au développement, les évènements qui secouent le « pays des hommes intègres » renforcent sa détermination à opérationnaliser la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD).

Au programme de la coopération : la croissance verte appliquée au secteur de l’agriculture et à celui de l’eau et assainissement, ainsi que le soutien au développement du secteur privé. La France octroie de son côté une enveloppe de 328 millions F.CFA qui sera destinée à la formation et au transfert de technologies dans le secteur de l’hydraulique.  

La Banque mondiale (BM) finance à hauteur de 55 milliards F.CFA le projet agricole Pôle de croissance de Bagré, qui consiste en la création d’une plateforme d’activités agricoles et agro-industrielles. L’Association internationale de développement (IDA), qui dépend de la BM, a souscrit à un accord de don d’un montant de 22,5 milliard F.CFA pour le financement d’un programme pour l’éducation. La Société financière internationale (SFI), également membre de la BM, a alloué 300 millions F.CFA à la Banque de l’habitat du Burkina Faso (BHBF) pour améliorer l’accès au financement du logement. Dans le cadre de la coopération entre le Burkina Faso et le système des Nations Unies(PNUD, PAM et UNFPA), ce sont quelque 163 millions dollars (81,5 milliards F.CFA) qui vont être destinés à des plans d’actions de programme-pays pour la période 2011-2015.  

 

Atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement

La Banque islamique de développement (BID) a mobilisé 5,6 milliard F.CFA pour financer le développement de l’enseignement de base dans les régions du Centre-Est et de l’Est. Abdelaziz Khelef, directeur général de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), s’engage à participer à la construction de la route communautaire Thiou-Ouahigouya- frontière du Mali. A ce titre, une enveloppe de 10 millions dollars a été dégagée. En contribuant au renforcement de la coopération économique régionale, M.Khelef s’est dit convaincu qu’ « une économie intégrée est une économie qui se développe vite et qui est à même d’apporter des réponses aux problèmes sociaux des pays ».

L’ambassade des Etats-Unis au Burkina Faso a organisé un symposium sur les thèmes de l’adhésion, du leadership et du service communautaire, et a remis du matériel et des équipements sportifs au profit d’une école primaire. De même, elle appuie des programmes de formation à l’esprit d’entreprise, notamment en parrainant le Centre d’information et de formation Junior Achievement. La chancellerie du Canada a, de son côté, fourni du matériel informatique pour le Conseil régional de la jeunesse.

L’ambassadeur du Japon au Burkina a réaffirmé son soutien au gouvernement burkinabé. « Nous sommes toujours avec le Burkina Faso pour accompagner les efforts du gouvernement et toute la population en vue d’atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement ainsi que le développement durable du pays », a-t-il confirmé. Depuis l’établissement des relations entre les deux pays, la coopération bilatérale a permis au Japon d’octroyer 160 milliards F.CFA.  


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14 juin 2011 2 14 /06 /juin /2011 06:15

 

L’offensive de Ouagadougou


Paru dans African Business - Juin-Juillet 2011


Aux problématiques endogènes auxquelles le Burkina Faso doit faire face pour maintenir son économie à flot s’ajoutent les crises exogènes auxquelles il est malgré lui confronté. Parviendra-t-il à relever ce double défi ?

Depuis février, le Burkina Faso est confronté à un important mouvement de contestation. Manifestations estudiantines et de la jeunesse, rébellion de militaires exigeant le versement d’indemnités supplémentaires, grèves des magistrats, protestations des commerçants qui ciblent les édifices publics… Ces tensions sociales émergent dans un environnement international particulièrement instable et dans un pays d’Afrique pauvre. « Le taux de croissance annuel a chuté de 5,2% en 2008 à 3,2% en 2009, du fait d'une série de chocs exogènes : choc climatique, crise énergétique, fluctuation des prix des matières premières et crise financière mondiale », indique la Banque mondiale.

En 2010, l'économie s'est néanmoins redressée, à la faveur d’une croissance de 7% 03.jpgdue à l’augmentation significative des exportations d'or combinée à une hausse des prix du métal sur les march és internationaux. Le secteur minier constitue à l’évidence un levier de développement économique important. Le s manifestations de ces jours derniers ne sont néanmoins pas de nature à rassurer les milieux financiers et les investisseurs qui opèrent dans ce secteur. Mi-avril, au lendemain des mouvements d’humeur des soldats de la garde présidentielle, l'action de la société aurifère québécoise Semafo, qui exploite la mine de Mana, a chuté de façon significative. Semafo s’était pourtant montrée rassurante, indiquant que « l’agitation » n'avait pas perturbé le cours de ses opérations sur ce site où a été produit 179 700 onces d’or en 2010.  

 

Entre le marteau et l’enclume

 Pour calmer les esprits, le président Blaise Compaoré a satisfait aux exigences de la soldatesque qui avait usé de la poudre pour obtenir le versement d’indemnités de logement et de primes journalières d’alimentation. Mais cela suffira-t-il à restaurer durablement le calme ? Telle est la question posée au moment où la société civile exprime son inquiétude face à l’inexorable hausse des prix des denrées de base, où les syndicats dénoncent la vie chère, où l’Organisation nationale des commerçants du Burkina manifeste contre les délestages constants d’électricité. Le Burkina Faso, tout structuré qu’il est autour d’un projet économique dynamique, est très sensible aux variations en tout genre. Il est fortement dépendant de la production de coton et de son exportation (60% des recettes), une culture de rente héritée de la période coloniale qui satisfait aux besoins de l’industrie de transformation des pays du Nord, mais qui est fortement tributaire des fluctuations des cours des matières premières. En outre, la filière est soumise aux aléas climatiques (désertification et sécheresse, inondations), et en concurrence avec les économies qui subventionnent massivement leur production comme les Etats-Unis, ou encore avec la Chine et l’Inde dont les rendements ne sont pas de même échelle. Ces dernières années, le déficit se creuse et les revenus des producteurs chutent. « Cette dégradation de la situation, qui est en passe de devenir structurelle du fait de la persistance de la crise, est une conséquence directe des subventions accordées aux cultivateurs de coton dans les pays industrialisés », constate l’Association interprofessionnelle du coton du Burkina.

A défaut d’être manufacturé, en l’absence d’une industrie de transformation, 99% de la fibre produite est exporté à l’état brut vers les pays asiatiques et européens. La marge bénéficiaire est mince pour les cultivateurs Burkinabé, ce qui oblige la Sofitex, l’organe de gestion de la filière, à négocier chaque année auprès d’un pool d’institutions financières internationales et de banques le financement du crédit de campagne qui comprend notamment l’achat du coton graine, de camions, et l’acquisition d’intrants.

L’agriculture est consubstantielle à l’économie burkinabé. La part du secteur primaire représente 45% du PIB et le pourcentage de la population active est encore plus important. C’est la principale source d'emploi et le moyen d’existence de la majorité de la population. L’objectif est d’améliorer la productivité agricole pour atteindre l’autosuffisance alimentaire et accroître parallèlement le volume des exportations. Sur ce dernier plan, il faut encore négocier avec l’Union européenne le cadre commercial qui régira les accords de partenariats économiques (APE) visant à la libéralisation des échanges.

Le Réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest (Roppa) craint cependant que les agriculteurs ne puissent pas résister à l’ouverture des marchés et au libre échange en acceptant ce traité. Les APE mettraient fin au régime préférentiel dont bénéficient les produits africains exportés vers le Vieux Continent et lèveraient les barrières d’importation des produits européens subventionnés, donc forcément moins cher. Ce qui risquerait d’anéantir la production locale dont les rendements ne peuvent, en l’état, rivaliser avec ceux des grandes exploitations européennes. « Notre priorité n’est pas de recevoir de l’argent de l’Europe. Si elle nous donne dans les conditions où nous voulons construire notre développement, nous sommes d’accord. Si c’est le contraire, l’Europe n’a qu’à garder ses financements », soutient le Roppa.

 

Chocs exogènes

Comme tous et chacun, les Burkinabé aspirent légitimement à renforcer leurs performancesjpg_ptf-2.jpg pour bénéficier des fruits de la croissance, laquelle ne contribue pas suffisamment à la réduction de la pauvreté . Tout est pourtant structuré pour y parvenir. Tous sont prêts à relever le challenge. Reste alors aux institutions internationales et autres bailleurs de fonds à transformer leur essai en investissant plutôt qu’en subventionnant. En créant de la richesse plutôt qu’en capitalisant sur ces richesses.

Pour l’heure, le Burkina Faso doit faire face à la flambée des prix du pétrole. Dans le même temps, il rencontre des difficultés pour répondre aux besoins du pays en énergie électrique, ce qui n’est pas sans relation avec la crise qu’a traversée la Côte d’Ivoire. La connexion avec ce pays qui pourvoit à la fourniture en électricité a été fortement perturbée. Tout comme les liaisons terrestres. En l’attente du rétablissement de l’interconnexion électrique entre les deux pays, l’Etat burkinabé a dû louer des équipements pour pallier le manque occasionné par ces dysfonctionnements récurrents.

Ces mêmes équipements ont été transbordés via le port ghanéen, lequel a pris le relai du port autonome d’Abidjan (PAA) durant toute la période où ce dernier a été sous embargo. Ce changement d’itinéraire a occasionné des surcoûts, car la distance à parcourir pour relier par route au port de Tema est plus longue que celle effectuée par train entre Abidjan et Ouagadougou. De plus, la liaison par rail est plus économique que le transport routier. C’est pourtant par ce corridor, ainsi que par ceux qui relient aux villes portuaires de la sous-région (Ghana, Togo, Bénin), que les marchandises destinées au marché burkinabé ont transité depuis le début de la crise post-électorale chez le voisin ivoirien.

La conjugaison de tous ces facteurs – endogènes et exogènes - a forcément contribué à la hausse des prix des denrées de première nécessité. Il n’est pas surprenant en pareilles circonstances que les tensions sociales se soient exacerbées, a fortiori depuis que les envois de fonds des migrants burkinabé qui ont dû fuir la Côte d’Ivoire et la Libye se sont taris. Du fait, aussi, des sanctions prises par l’Union européenne à l’encontre d’entités libyennes gelées.

Parmi ces institutions figurent la Banque commerciale du Burkina (BCB) détenue à 50% par Libyan Foreign Bank et la Banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce dont  la BSIC Libye possède 99,99 % de parts. D’autres entités dans des secteurs clés sont également détenues par des fonds d’investissements et des compagnies libyennes, notamment  dans le domaine du tourisme, de la distribution d’essence, de la construction… Qu’adviendra-t-il de ces activités, et des emplois connexes en territoire burkinabé, si la situation s’aggravait encore davantage pour le Guide libyen.

Les défis sont immenses. Le nouveau Premier ministre Beyon Luc Adolphe Tiao en est conscient, il lui incombe désormais d’entreprendre les réformes nécessaires pour le bien-être des Burkinabé.


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3 juin 2011 5 03 /06 /juin /2011 10:11

 

Burkina Faso : mesures financières d’urgence

pour la relance économique et

commerciale

Paru dans Les Afriques - 26 mai au 1er juin 

Pour soutenir les opérateurs économiques victimes d’actes de vandalisme et de pillages, l’Etat a mis en place un accompagnement financier.

Les mutineries de mars et avril ont causé des dégâts considérables. De nombreux commerces ont été vandalisés ainsi que des stations services. L’Etat a d’ores et déjà fourni un appui financier. Les membres du gouvernement ont informé les personnes victimes de pillages de la mise en place d’un processus d’indemnisation et de dédommagement des préjudices subis, de sorte que les activités économiques redémarrent rapidement. Différentes mesures ont  été mises en place.

Secteur informel

S’agissant des petits commerçants du secteur informel, dont les dégâts subis n’excèdent pas 1,5 million F.CFA (2 300 euros), 500 d’entre eux ont d’ores et déjà été indemnisés, via une procédure diligentée par la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso. Trois cents autres dossiers ont pu être traités. Pour les uns, des prêts à 4% d’intérêt ont été proposés, avec différé de six mois, en attendant l’indemnisation. Ceux dont le préjudice s’élève à plus de 1,5 millions F.CFA bénéficient d’un accompagnement financier d’un montant maximum de 5 millions F.CFA. L’opération est gérée par le Fonds d’appui au secteur informel (FASI).

PME touchées

Aux PME, un prêt de 25 millions F.CFA maximum, remboursable sur 24 mois, est consenti. Les dossiers sont pris en charge par le Fonds burkinabè de solidarité (FDS).

Une convention de prêt d’un montant de 10 millions F.CFA, remboursables sur 18 mois, est signée avec les propriétaires de stations d’essence. Pour les grandes entreprises (propriétaires de grandes surfaces, de grandes boutiques ou d’hôtels) dont les préjudices sont évalués autour de 27 millions F.CFA en moyenne, c’est le FDS qui instruit les procédures. Au-delà de cette somme, l’accompagnement financier s’effectue au niveau des banques qui prennent le relais.

En date du 8 mai, l’intervention de l’Etat en direction des opérateurs économiques victimes de pillages se chiffre à quelque 1 milliard F.CFA. Ces mesures permettront de soutenir la croissance d’un secteur où l’activité est en tension. Au premier trimestre 2011, le volume des transactions commerciales a en effet connu une hausse de 46,4% par rapport au trimestre précédent.

Aménagements budgétaires

Pour supporter cette dépense et celles engagées par le gouvernement dans le but de répondre aux préoccupations formulées par les partenaires sociaux, des aménagements budgétaires ont été décidés lors du Conseil des ministres du 11 mai. « La prise en compte des nouvelles dépenses liées aux mesures sociales annoncées par le gouvernement et à la réparation des dégâts a été rendue possible par une régulation des crédits budgétaires à hauteur de 26,643 milliards F.CFA », précise la présidence de la République du Faso.

 

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 05:35

 

Expansion de la microfinance

 

Paru dans African Banker - Avril-Mai-Juin 2011 

 

recettes-3cf83.jpgLe Réseau des Caisses populaires du Burkina (RCPB), leader dans le secteur de la microfinance au Burkina Faso, est l’un des plus anciens réseaux mutualistes d’Afrique de l’Ouest.

 

 

Le Réseau des Caisses populaires du Burkina Faso (RCPB) participe d’une manière conséquente au soutien de l’économie du pays. Sa mission consiste à collecter l’épargne de ses adhérents et à la rétrocéder sous forme de crédits octroyés pour le financement d’activités. C’est en 1972 qu’est apparu sur la place financière burkinabé le RCPB, inspiré de l’expérience des crédits unions qu’expérimentés, à même époque, au Ghana.

Les premières caisses populaires ont été créées en milieu rural avec l’appui de Développement international Desjardins (DID) du Canada. Et depuis, leur nombre ne cesse d’augmenter. « Le Réseau des Caisses populaires du Burkina constitue aujourd’hui un grand maillon du secteur de la micro finance au Burkina Faso, et a le privilège d’être le plus ancien et le mieux implanté sur le territoire », confirment les opérateurs de cet établissement.

Le principe de fonctionnement de ce produit financier est simple. Il consiste à mobiliser l’épargne locale, qui permet le développement d’entreprises coopératives et, par extension, de crédits fiables et rentables, adaptés à la clientèle. L’administration et la gestion des fonds s’effectuent selon les règles et principes coopératifs, et s’organisent autour du réseau qui est structuré en trois niveaux. Il comprend les Caisses populaires (CP), guichets permettant au public d’effectuer ses opérations financières, les Unions régionales (UR) qui fédèrent ces entités à l’échelle des régions et la Fédération des Caisses populaires du Burkina (FCPB) qui coordonne l’ensemble au plan national.

 

Des offres variées

Les offres de cette institution de micro finance de proximité s’adressent aux personnes qui ont difficilement accès aux services financiers conventionnels, mais qui souhaitent décider de leurs projets. Commerçants, agriculteurs, artisans, fonctionnaires et salariés du secteur privé, entrepreneurs, associations… les usagers des Caisses populaires constituent une épargne via des comptes de dépôts à vue et des dépôts à terme rémunérés.

Trois types de plan d’épargne leurs sont proposés : l’épargne nantie qui est utilisée comme garantie pour les prêts ; l’épargne volontaire qui permet aux membres d’accéder à une avance sur salaire et l’épargne à objectif  destinée à divers projets (logement, soins de santé...).

Différentes offres de crédits sont accessibles afin de financer des achats personnels ou communautaires, d’acquérir du matériel, du bétail, de financer des équipements, d’acheter des intrants… D’autres formules sont destinées aux femmes de milieu rural, et leur fournissent l’occasion d’exercer des activités génératrices de revenus. Elles se regroupent et constituent alors des Caisses villageoises.

Le conseil fournit en matière d’épargne permet de moderniser l’appareil productif. « Dès que les groupements de producteurs de cotons seront bancarisés et que les producteurs eux-mêmes auront un compte au niveau des réseaux des Caisses populaires ou ailleurs, l’utilisation de ces revenus seront mieux sécurisés », atteste Georges Yaméogo, directeur de la production cotonnière de la Sofitex. Les produits sont adaptés aux besoins de tous les publics : entrepreneurs, membres de corporations de métiers (tisseuses, soudeurs…)… Un crédit programme concerne le financement de campagnes agricoles telles que celles des filières coton et riz. Pour la riziculture, la part de crédit accordée est d’ailleurs particulièrement importante. Il en est de même du crédit stockage vivrier, qui permet d’utiliser des stocks vivriers comme garanties pour l’obtention de lignes de financement. Ce procédé est expérimenté dans plusieurs entités du RCPB.

Le Créd’art est destiné à l’amorçage de projets des jeunes artisans du bâtiment, du textile, de la mode, des soinsbazin-8f776.jpg et de la beauté… Un régime de prévoyance crédit existe également, offrant une couverture à ses adhérents et à leurs ayants droit, ainsi que des services financiers classiques (virements, ordres de paiement, transfert d’argent…).

 

Réduire la pauvreté

Le RCPB a participé à la mise en place, en 2004, d’un outil de développement du crédit productif destiné aux PME/PMI : le Centre financier aux entrepreneurs - CFE-Alliance -, qui bénéficie également du soutien financier de l’Agence canadienne de développement international (ACDI) et du DID. « Le défi est de travailler à ce que les Caisses populaires soient rentables sans pour autant dévier de la mission sociale qui est de contribuer à la réduction de la pauvreté », précise Daouda Sawadogo, directeur général du RCPB.  Le CFE complète l’offre de services du Réseau au niveau de la clientèle PME/PMI dont le besoin de financement est compris entre 3 et 30 millions F.CFA.

A cela, s’ajoute un programme de renforcement du secteur de la microfinance (Presem) qui densifie les services proposés, au plan national. Il a été impulsé, en 2006, par le gouvernement du Burkina Faso, avec l’assistance technique et financière du Programme des Nations unies pour le développement / Fonds d'Equipement des Nations Unies (PNUD / FENU) qui a contribué au financement sur trois ans du projet à hauteur de 2 525 000 dollars. La Banque Mondiale a pour sa part apporté 300 000 dollars et la Banque Africaine de Développement,  80 000 dollars.

A ce jour, un nombre croissant de personnes profitent des services de la microfinance grâce à l’installation de nouvelles Caisses populaires financées dans le cadre du Presem, en particulier dans la région de l’Est, à la frontière du Bénin et du Niger. A Maticoali, depuis l’inauguration, en 2009, de la Caisse populaire, les statistiques de la FCPB se sont sensiblement améliorées. Le sociétariat a augmenté de 27 % par rapport à décembre 2008 et l’encours de crédits distribués est passé de 369 390 125 F.CFA (environ 877 663 $) à 443 669 872 FCFA (934 000 $). « L’objectif du programme est d’offrir des services de proximité aux populations locales qui n’ont que peu accès à la finance inclusive (crédits, épargne, transferts et micro assurance) », assure le FENU.

Le financement du Presem a aussi concerné un appui aux services centraux pour le renforcement de la transparence financière. C’est la FCPB qui assure la mise en place d’un fonds de crédit de 700 000 $ pour les Caisses construites ou réhabilitées. En 2010, ce sont au total quelque 1 134 000 Burkinabé qui détiennent un compte dans l’une des institutions de microfinance (IMF). Le montant de leurs dépôts équivaut à 78 083 745 381 F.CFA et les encours des crédits à 64 608 687 345 F.CFA.

Ainsi intégré au marché financier, le secteur de la microfinance, qui est organisé autour de l’Association professionnelle des institutions de microfinance au Burkina Faso (APIM-BF), bénéficie d’un cadre politique, légal, réglementaire et fiscal favorable. Et les clients, des services adaptés à leurs besoins financiers.

 

 

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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 14:40

 

Les grandes réformes

  Paru dans African Business - Avril-Mai 2011

   

phporY32S-SERMENT-202.jpgC’est à la fin de l’année 2010 que le Chef de l’Etat, Blaise Compaoré, a énoncé les lignes forces du nouveau plan quinquennal 2010-2015. Il dispose de cinq années pour réaliser son programme politique. Au cœur de sa stratégie figure la lutte contre toutes formes de discriminations, en particulier celles visant les femmes. Son attention est également centrée sur l’enseignement et l’insertion professionnelle de la jeunesse, des secteurs jugés prioritaires.

Parallèlement, il prévoit d’accroître l’offre éducative, à tous les niveaux d’enseignement, notamment dans le secondaire et le technique ainsi que dans les universités régionales. La création d’une structure publique de hautes études à vocation sous-régionale et continentale dans le domaine du commerce et de la gestion est par ailleurs programmée. Les contenus d’enseignement et de formation seront plus en adéquation avec les besoins des entreprises. Le système licence-master-doctorat (LMD) qui prévaut à l’international sera par ailleurs adopté. Et l’usage de l’outil informatique - celui des Technologies de l’information et de la communication (TIC) – sera généralisé dans l’enseignement.

 

Réforme de la santé

Sur le plan de la santé, la réforme du système hospitalier et de l’architecture sanitaire est en cours. Elle vise à assurer un service public plus efficace et plus accessible et à réduire la mortalité maternelle et infanto-juvénile. La lutte contre les maladies transmissibles ou tropicales est également à l’ordre du jour, via notamment la généralisation de la gratuité des antirétroviraux.

Les centres médicaux disposant d’antenne chirurgicale vont évoluer en hôpitaux de districts. Des dispositions vont être prises pour encourager la fabrication industrielle de médicaments génériques tandis que la pharmacopée traditionnelle va être davantage accompagnée.

A contrario, l’Etat va endiguer la circulation de médicaments illicites et contrefaits, et alerter sur les méfaits du tabac, de l’alcool et de la drogue.

Des mesures de protection et de prise en charge de la santé à destination des personnes âgées et des populations vulnérables (orphelins, handicapés…) seront par ailleurs diligentées.

 

Décentralisation

Le développement implique l’optimisation de la participation des citoyens au processus de décision, le désengagement de l’Etat du secteur productif au profit du secteur privé ainsi que la poursuite du transfert de compétences de l’Etat vers les collectivités territoriales.

Des consultations auront lieu régulièrement entre le gouvernement et les syndicats, et avec le secteur privé ou les collectivités territoriales. La création d’un Sénat, doté d’un rôle législatif, s’inscrit dans ce cadre. « Je fais mienne cette volonté de consolider le pouvoir parlementaire par un second filtre d’analyse des lois, tout en assurant une meilleure représentation des régions et des Burkinabè de l’étranger dans la gestion des affaires de la nation », confirme Blaise Compaoré qui promet d’autre part une réflexion concernant l’équilibre entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.

A ce train de mesures, vont s’agréger des actions pour favoriser l’accès à l’habitat. Le programme de construction de 10 000 logements, précédemment entrepris, est poursuivi, et celui concernant les cités de l’indépendance dans les capitales régionales ou provinciales va être lancé.

 

La culture comme moteur de l’économie

D’autres initiatives seront impulsées à destination du tourisme avec l’aménagement de sites et d’infrastructures, et la valorisation du patrimoine. Les arts, le sport et les loisirs sont également intégrés à ce processus, l’intention étant de valoriser la culture et la société burkinabé. « Le premier investissement de base consiste à étendre le maillage du territoire national par la fibre optique en vue de réduire la fracture numérique et de stimuler le développement d’activités tertiaires », convient le président de la République.

Dans le même ordre d’idées, l’existence d’infrastructures de transports et de télécommunications appropriées sera requise, tout comme devra être consolidé le système financier, et l’entreprenariat local renforcé.

Enfin, un effort substantiel va être accompli en direction des porteurs de projets industriels.

 

 

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