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« Les vertus immorales »
Kebir M. AMMI
Gallimard
206 pages
« …Le glorieux nom de Moumen fut choisi pour moi en cet an de grâce 1502 de l’ère chrétienne :
divers recoupements m’ont permis de retenir cette date, funeste pour les premiers souverains wattassides... » Kébir M. Ammi a choisi le genre romanesque pour nous faire un autre récit
d’une histoire qui débute à Salé, ville située sur la côte océanique marocaine. Son narrateur, Moumen, est initié, aux côtés d’un savant acquis à la mystique d’Ibn Arabi, à la lecture, avant
qu’il ne franchisse le pas pour la lointaine Amérique…
Sous la plume sans complaisance de l’auteur, se déroule le fil de ses pérégrinations à la découverte du Nouveau Monde.
Impitoyable navigation où les rencontres s’avèreront souvent hasardeuses voire extrêmement dangereuses, ce qui obligera cet antihéros d’infortune à dissimuler ses origines et à redoubler de ruse
pour survivre à la vindicte qui frappe les Maures. Il croisera un Anglais rompu au commerce aux côtés duquel il tentera d’atteindre Gibraltar, avant de poursuivre seul, pour enfin s’embarquer en
compagnie de trois Castillans. Périlleuse traversée de l’océan durant laquelle Moumen se révèlera être un précieux compagnon car sachant lire et soigner. Et trancher des gorges aussi, pour sauver
sa peau, lorsqu’il sera débarqué sur le continent.
Se déroulera son aventure, à la découverte d’une terre, et de l’amour aussi, avec une Iroquoise. Avant que ne se déchaîne
la folie meurtrière d’un Hollandais. Et que ne s’ensuivent d’autres coups de folie, au nom de croyances diverses…Le périple se poursuivra ainsi, dans un souffle, jusqu’au terme d’un long, très
long voyage.
Paru dans Arabies, Mensuel du monde arabe et de la francophonie - N° 270 - Octobre 2009
Published by Narame
-
dans
OUVRAGES
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« Avec tes mains »
Ahmed Kalouaz
La Brune/Au Rouergue
110 pages, 12 €
Par Véronique Narame alias Anne Samar
« Avec tes mains ». Un opuscule sorti discrètement, cette année 2009, loin des sirènes médiatiques, mais qui est
pourtant un ouvrage de référence. Et dont on souhaite qu’à défaut de travailler pour la postérité de l’auteur, il contribuera à tirer de l’escarcelle de l’oubli une génération de femmes et
d’hommes victimes de la barbarie d’une époque.
Ahmed Kalouaz a en effet décidé d’écrire en lettres majuscules sur le tableau noir de l’histoire le récit de vie de son
père, Algérien. Sans fioritures, il met ainsi parallèlement en évidence le destin d’un peuple indigène voué aux gémonies, pour la prospérité d’une nation en pleine croissance économique. Sa
remontée dans le temps l’amène à l’épisode de cette « guerre des autres » dans laquelle s’enrôlent pour survivre ces hommes. Il enchaîne, débitant de manière saccadée les étapes qui
conduisent à l’impitoyable et laborieux exode du père en France, loin de la terre natale. Et avec lui, celui de milliers d’autres Algériens, qui viendront bientôt renfler le lot des travailleurs
immigrés débarqués un jour sombre et triste dans un pays inhospitalier, qui leur procurera de quoi gagner une misère. « 1952. Pour savoir pourquoi tu as repris le chemin de l’exil, il
faut éprouver le dénuement des musulmans d’Algérie, subir la misère collée à leurs basques » écrit-il, sobrement.
L’on soulignera que l’auteur, pourtant confronté au délicat exercice de mise en mots d’une mémoire délitée par tant de
maux, sera néanmoins parvenu à témoigner, sans rien trahir, ni occulter d’une histoire profondément douloureuse.
Paru dans Arabies, Mensuel du monde arabe et de la francophonie, N° 269 - Septembre 2009
Published by Narame
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OUVRAGES
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