« Engagé auprès des pouvoirs
publics »
Paru dans Arabies – Janvier 2012
PDG du groupe
pharmaceutique Saïdal depuis avril 2010, Boumediène Derkaoui analyse le succès de cette entreprise publique créée en 1982, qui renforce sa position sur le marché algérien du
médicament.
Quel est le spectre d’intervention du groupe Saidal et sa capacité de production ?
Nous nous inscrivons dans la politique nationale du médicament, impulsée par les pouvoirs publics, en proposant une
large gamme de produits, qui répond aux attentes des malades et aux préoccupations des professionnels de la santé. Depuis qu’il a été décidé d’arrêter l’importation des médicaments fabriqués
localement, Saïdal s’est engagé auprès des pouvoirs publics à approvisionner le marché, en fonction de ses capacités.
Nous travaillons donc sans relâche à la régulation de la production en ne ménageant aucun effort pour en assurer la
disponibilité et son accessibilité aux prix les plus bas. Nous développons ainsi 180 produits qui couvrent 20 classes thérapeutiques et 18 formes galéniques. S’agissant du médicament générique,
le groupe est leader national et souscrit à la politique des pouvoirs publics en fournissant les principales classes thérapeutiques qui traitent les maladies chroniques telles que le diabète,
l’hypertension artérielle et autres pathologies.
Quels sont les moyens dont dispose le groupe industriel pharmaceutique pour soutenir sa croissance
?
Nous disposons actuellement de quatre filiales chargées de l’exploitation de treize sites de production, ainsi que d’un
centre de recherche et développement qui va du reste être délocalisé à Sidi Abdallah d’ici à 2013. Trois unités effectuent la commercialisation des médicaments auprès d’un réseau de 150
grossistes.
Pour enrichir sa gamme de produits et consolider sa position sur le marché, Saidal modernise et développe ses sites. Ce
plan est encouragé par les pouvoirs publics. Sur la période 2010-2014, six nouvelles unités de production sont programmées en plus d’un centre de recherche et de développement et d’un laboratoire
de bioéquivalence. L’ensemble des moyens nécessaires est mobilisé, les sites sont identifiés et la gamme de produits est définie. Les études sont quasiment achevées et les financements
disponibles. Le démarrage des travaux est par conséquent imminent.
Le soutien au développement des ressources humaines est également à l’ordre du jour. L’Etat apporte son concours via un
crédit bonifié, dédié à la mise en œuvre de ce programme. Sa réalisation est portée par les cadres et les collectifs qui escomptent des retombées légitimes en termes d’évolution de carrière, de
conditions de travail, de formation et de rémunération.
Pour l’heure, l’effectif de Saïdal est constitué de 4 100 salariés, dont 1 300 cadres, soit le tiers (33%) du personnel.
Le potentiel humain, qui dispose des compétences de base, est majoritairement jeune, ambitieux et motivé. Il est de surcroît fortement attaché à l’entreprise.
Le groupe envisage-t-il un développement à l’export ?
Le marché national demeure notre priorité compte tenu de nos parts de marché et de nos engagements vis-à-vis des
pouvoirs publics. Toutefois, des opérations ont été réalisées vers les pays d’Afrique et d’Asie. Saidal a pour ambition de se développer à l’international en se fixant un objectif de 5 à 10% de
son chiffre d’affaires à l’exportation, à l’horizon 2015.
Qui sont les actionnaires de Saïdal et comment l’actionnariat a-t-il évolué ?
L’état est le principal actionnaire. Il détient 80% des actions, 20% étant pour l’essentiel détenues par des personnes
physiques. Malgré l’existence d’une bourse des valeurs à Alger, la tradition et la culture boursière ne sont pas développées en Algérie et les transactions ne sont pas courantes.
Comment se porte le marché du médicament en Algérie ?
Le marché algérien est attractif, en forte croissance et en perpétuelle évolution du fait des mutations profondes qui
ont opéré ces dix dernières années. L’Algérie s’emploie en effet à développer une industrie nationale qui soit en mesure d’assurer une couverture croissante des besoins de sa population, afin de
réduire la facture des importations qui ne cesse d’évoluer. L’Etat a donc pris d’importantes mesures pour encourager les investissements dans la recherche et le développement, et pour accroître
les performances de l’industrie pharmaceutique. La libéralisation du commerce a renforcé cette tendance haussière, tout comme la mise en place du système de remboursement des
médicaments.
Si la production locale connaît une évolution intéressante ces dernières années, en couvrant à l’heure actuelle
plus de 30% des besoins exprimés, le marché demeure à plus de 60% dépendant (en valeur) des importations. Comment cela s’explique-t-il ?
A mon sens, les perturbations observées (comme c’est le cas notamment de certaines ruptures) s’expliquent par les
difficultés à saisir en temps réel les mutations accélérées de la demande. Cela peut aussi être induit par des dysfonctionnements dans la filière distribution. Les pouvoirs publics se sont donc
fixés, comme objectif intermédiaire, de couvrir 70% des besoins, d’ici à la fin 2015. Ce seuil pourra être atteint en intégrant les nombreux projets d’investissements mis en œuvre par les autres
laboratoires.