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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 14:14

  

Sibiri François Yaméogo 

 Un Burkinabé à la conquête de Paris

 

Paru dans New African - Janvier-Février 2011 


Sibiri François Yaméogo, alias François 1er, est styliste modéliste et fabricant de mode, deux métiers qu’il exerce d’une main de maître en France et au Burkina Faso. Focus sur ce créateur du troisième millénaire.


francois1Le styliste modéliste au doigts d’or mixe les influences, fabrique et distribue sous la marque François 1er ses créations textiles qu’il crée de toute pièce, puis qu'il commercialise sur l’axe Paris-Ouaga-New York.

En France, il conçoit ses collections dans son bureau de style et, de là, assure la promotion de ses articles en Europe, en Afrique et aux Etats-Unis. Les textiles, à base de coton bio, sont filés, puis les vêtements confectionnés par les tailleurs de son unité industrielle installée à Ouagadougou.

De la conception de l’étoffe – le Faso dan fani (FDF) ou pagne tissé du Faso – jusqu’à la production et la distribution en série de ses collections de prêt-à-porter, en passant par l’ennoblissement (teinture aux pigments naturels), le façonnage et la confection, il lui a fallu mobiliser la totalité des acteurs de la filière textile et habillement, depuis l’atelier jusqu’au podium du défilé.

Et aussi tisser un solide réseau dans la profession. Ce qu’il est parvenu à faire en quelque 32 ans d’expérience du prêt-à-porter en France, d’abord en qualité de grossiste au Sentier (quartier de Paris), où il est aux commandes de quatre boutiques de vêtements. Il imagine un produit vestimentaire à la croisée de la mode française et du terroir burkinabé. En 2000, il créé une ligne de vêtements qui emprunte au Burkina Faso la matière première – le fil de coton bio – et la technique textile artisanale, et sur lesquelles il pose sa griffe de couturier installé à Paris. Il se lance dans le développement de son activité au Burkina Faso où il trouve des partenaires positionnés sur la production de fil de coton bio, la teinture, le tissage et la confection. « Mes créations requièrent un tissu de qualité. C’est la raison pour laquelle il m’a fallu développer, en amont, tout un système qui implique à la fois les tisserands, les teinturiers, les encadreurs et des banques pour financer l’activité. Il faudrait à présent que s’organise à l’échelle nationale - et continentale - la promotion de cette nouvelle industrie d’une mode glamour Made in Burkina Faso – et Made in Africa - qui serait distribuée à l’international », souligne l’entrepreneur. L’objectif recherché est de produire des pagnes à des tarifs aussi concurrentiels que ceux provenant d’Inde.

Il crée en 2004 une unité de fabrication textile à Ouagadougou. Une équipe de tailleurs chevronnés réalise des articles inédits. Helvetas, une organisation suisse qui appuie un programme de promotion de coton biologique au Burkina Faso, s’associe au projet. Ensemble, ils agissent de concert pour qu’une partie de la fibre et du fil produits pour l’exportation aux Etats-Unis soit destinée à la production textile artisanale et industrielle burkinabé. Tissage et teinture sont confiés à Ivatex, un groupement d’artisans qui réalisent des produits textiles à base de coton. Une designer sénégalaise est à la tête de la coopérative qui comprend notamment un teinturier spécialiste du bogolan implanté à Dédougou, un autre de l’indigo naturel, un atelier de tissage de motifs peulhs situé à Dori, ainsi qu’une entreprise spécialisée dans la technique de l’ikat.

La fibre bio est ainsi tissée, ennoblie et confectionnée au Burkina Faso selon les standards de la mode « ethnique » en usage en Europe : maille fluide et fine, gammes de coloris naturels moins vifs, motifs et coupe d’inspiration afro-européenne. Les vêtements sont accessoirisés avec des boutons de bois, des cauris, des sacs en rotin africains.

 

Sous le sceau de l’universalité

L’alliance est pour le moins réussie et le résultat sidérant. La diaspora africaine d’Europe, en quête de son identité, retrouve des fragments de l’Afrique, dans ces vêtements apprêtés et modelés selon les formats en usage en Occident. « La mode, c’est une culture. Et ma culture est entre l’Europe et l’Afrique. Mon rôle consiste donc à créer une mode placée sous le sceau de l’universalité », confirme le plus simplement François 1er.

Robes, chemises, costumes, manteaux et tailleurs défilent sur les podiums et sont ensuite distribués dans les boutiques parisiennes des Halles, des Galeries Lafayette, chez des fournisseurs à Lyon et via ses mannequins qui véhiculent son image à New York, Paris et Ouga, auprès des grands noms de la mode.

En quelques années, le créateur et fabricant de mode a ainsi édifié une véritable « multinationale » franco-burkinabé. « Des couturiers veulent adhérer au concept et des artisans maliens m’ont contacté. Tous ont conscience que la matière première dont nous disposons est une opportunité de taille dont il faut nous saisir, a l’instar de ce que fit, de son vivant Christ Seydou, le précurseur, qui avait remis le bogolan au goût du jour ».

En février 2012, François Yaméogo exposera avec d’autres burkinabé, dont la styliste Koro DK, elle aussi créatrice d’une ligne de vêtements « exportables », au salon du prêt-à-porter de Paris, puis au salon de Milan et en en Belgique… « Je veux que l’on voie ce que l’Afrique est en capacité de créer », conclut-il.

 

 

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