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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

30 décembre 2009 3 30 /12 /décembre /2009 13:12


La diaspora maghrébine de France

Moteur de l’internationalisation des échanges économiques

 

 

 

 

 

 

Ils vivent à Paris et en province et dynamisent l’économie française et les échanges commerciaux en Europe, au Maghreb et à l’international : les entrepreneurs et experts de la diaspora tunisienne, algérienne et marocaine résidant en France.

Chacun dans leur spécialité, ils boostent les résultats d’activité d’un commerce extérieur français sous la pression de la concurrence, dans un marché mondialisé.

Ingénieurs informaticiens, chargés d’affaires, conseillers en développement international, project managers et entrepreneurs franco-maghrébins sont désormais les acteurs incontournables de l’économie du troisième millénaire.

 

 

 

Guy Mathiolon, Président de la Chambre de commerce et d’industrie de Lyon ne se trompait pas en déclarant lors des Etats généraux de l’économie lyonnaise, en septembre 2007 « qu’il en est de la diversité comme il en est de la mondialisation : c’est une opportunité plus qu’une contrainte ». Il ajoutait cependant que ces ressources humaines-là n’étaient pas suffisamment valorisées par les PME.

On l’aura compris, l’économie française a tout à gagner à conjuguer expressément et intelligemment avec les diverses composantes du monde du business, pour se développer à l’international. Et gagner ces points de croissance qui lui manquent cruellement pour rivaliser avec les économies des leaders anglo-saxons, européens, asiatiques…

D’autant que ces compétences sont avérées. Et depuis longtemps déjà. Formés, expérimentés, aguerris, ces entrepreneurs, experts et autres développeurs de compétitivité dont le talent et les ambitions sont une valeur ajoutée.

 

 

 

Passeports français et tunisien

pour accroître les relations commerciales Europe-Mena-Afrique

 

Taoufik Soudani. Tunisien d’origine, Français d’adoption. Conseiller en développement international Europe-Maghreb-Moyen Orient, et conseiller du commerce extérieur de la Tunisie. Toujours sur la brèche, il accompagne les entreprises européennes à investir et à s’implanter sur la zone MENA, permettant ainsi aux uns de gagner en compétitivité et de sauvegarder par-là même des emplois, aux autres de consolider leur économie en maîtrisant le process de fabrication.

« La double nationalité constitue un ressort extraordinaire pour promouvoir l’exportation française et c’est une ressource tout aussi utile pour ces pays en émergence » précise-t-il. « J’assure l’interface entre des cultures qui sont interdépendantes au moment même où se construit ce partenariat de part et d’autre de la Méditerranée. »

Et le projet gagnera en performance lorsque toutes ces ressources intellectuelles seront mutualisées. Car face à la Chine, à l’Inde ou au Brésil, il faut à présent fédérer les compétences euroméditerranéennes et eurafricaines pour faire contrepoids. Et acquérir par-là même ce réflexe interculturel qui facilité les négociations commerciales. A commencer par la compréhension des codes du business des partenaires étrangers, pour adapter sa stratégie d’action.

Ce à quoi s’emploie Dexcif International, une société qui permet aux entreprises de nouer des partenariats sur la zone Maghreb et Afrique subsaharienne, en se dotant des outils nécessaires à la co-construction de fructueuses collaborations.  

Ali Ben Hamouda, directeur d’un établissement de sous-traitance aéronautique basé en France bénéficie également de cette double expertise qui lui permet aujourd’hui de créer une société en Tunisie pour le groupe qu’il représente. Positionné sur plusieurs opérations industrielles -en France, aux Etats-Unis ou au Maroc- son choix s’est finalement porté sur le pays d’origine de ses parents. « C’est un choix professionnel et humain qui m’offre la possibilité de contribuer au développement d’un pays où j’ai mes attaches familiales. Dans le même temps, cela génère par ricochet des emplois en France, toute chose  contribuant à l’essor de son économie et à son positionnement sur la scène internationale. »

 

 

 

 

Les binationaux franco-algériens

Un relai de croissance en Europe, en Afrique du Nord et en Asie

 

Jihade Belamri, Président Directeur de BEE –Bureau d’Etudes Européen- s’inscrit lui aussi dans cette démarche de co-développement de business, dans un axe Lyon-Paris-Alger. « L’Algérie nous permet d’augmenter considérablement notre capacité de travail. Car lorsque je recrute deux ou trois professionnels là-bas, il me faut nécessairement un coordinateur d’études ici. Pour la France, c’est un vrai relai de croissance » atteste ce dirigeant d’un bureau d’étude et d’ingénierie opérant sur les segments de l’industrie, de la pharmacie, de la chimie, de l’eau et du nucléaire. Membre de la Commission pour la libéralisation de la croissance française présidée par Jacques Attali, Jihade Belamri souligne en sus que le recrutement par les entreprises de cadres binationaux franco-maghrébins fait partie des préconisations du gouvernement français pour développer le business avec ces pays. 

Le Ceinaf, Cercle des entrepreneurs et des industriels algériens de France, peut de la même manière se targuer d’avoir lui aussi créé de la richesse sur le territoire français en assurant la promotion des échanges bilatéraux franco-algériens. Et en fédérant les ressources entrepreneuriales pour développer l’activité économique et faciliter le transfert de compétences, tout en plaçant l’humain au centre de ses préoccupations.

Chérif Hadji, président de l’organisation patronale explique : « Ceinaf existe depuis 2001 et a été restructuré en 2005. En quelques années, nous avons essaimé sur tout le territoire français et en Algérie, en multipliant nos implantations. Nous sommes aujourd’hui impliqués dans le projet de création de la Cité de la maintenance industrielle et de la formation professionnelle en Algérie. En parallèle, nous lançons Génération Business Ceinaf, un outil destiné à aider financièrement les créateurs ou repreneurs d’entreprise.»

Karima Sadouki est également membre du Ceinaf. Elle a accompagné des entreprises françaises dans différents salons professionnels au Maroc, en Algérie, en Libye ou en Syrie.

 

 

 

 

Créer de la valeur en France et au Maroc

et soutenir les échanges euro-méditerranéens

 

Sihame Arbib, directrice de communication du groupe CFCI Paris et fondatrice du cabinet de conseil APIM consulting Bruxelles, a de son côté initié le Club CSI, Compétence synergie & initiatives. L’intention ? Optimiser les collaborations entre cadres ou chef d’entreprises -via ce réseau de compétences de binationaux franco-marocains- pour soutenir le développement au Maroc et permettre à la jeunesse d’ici d’évoluer professionnellement.

« Nous intervenons sur deux axes : le soutien à l’investissement au Maroc en partenariat avec Maroc Entrepreneur, ainsi que l’accompagnement à la création d’entreprise des jeunes de la diaspora marocaine résidant en France. Et sur ce plan, nous nous appuyons sur les compétences de Aziz Senni, président de la BAC -comprenez Business Angels des Cités- le premier fond d’investissement dédié au développement économique des banlieues. »

Quant à Maroc entrepreneurs, l’association propose un programme d’accompagnement Business Plan dédié à la création d’entreprise au Maroc, en direction des jeunes cadres MRE - Marocains résidant à l’étranger.

Même démarche pour Aimaf, Association des informaticiens marocains en France, qui outre son expertise et son dynamisme entrepreneurial dans l’hexagone et en Grande-Bretagne, soutient l’investissement et la création d’activité de nearshoring au Maroc. Expatriés pour la plupart dans les années 2000, ces informaticiens sont venus soutenir la croissance d’une activité qui manquait de diplômés. Le réseau d’AIMAF compte aujourd’hui 640 professionnels, dont 20 % ont créé leur entreprise en Ile de France et sur Casablanca. 

« Nous intervenons sur le segment de l’informatique financier et des télécoms et assurons l’intermédiation entre les partenaires des deux pays » explique Driss Bennaï, président d’Aimaf. Ingénieur, diplômé de l’école de Mohammedia, il travaille en mission chez Total. En parallèle, il a récemment créé sa société de conseil et de consulting en informatique. Ainsi positionné, il peut tout à la fois agir et en France, et au Maroc.

 

 

 

 

Visa international pour les Franco-Maghrébins

 

CS Communication & Systèmes, entreprise industrielle et technologique. Un siège en Région Parisienne, une douzaine d’implantations en France, des filiales dans les Pays de l’Est et en Europe. Plusieurs milliers d’ingénieurs intervenant sur une cinquantaine de pays. Une présence sur tous les continents. Chiffre d’affaire : 400 millions d’Euros. Président : Yazid Sabeg.

« Je constate que les Franco-Maghrébins sont un vrai souffle pour le monde de l’entreprise. Ils sont présents dans quantité de domaines et peuvent jouer un rôle important » atteste Yazid Sabeg. D’où la nécessité de s’intéresser davantage encore à cette composante intellectuelle pour développer le business, ici en France et à l’international. Car « le vrai ciment, ce sont les relations humaines » rappelle celui qui a rédigé la Charte de la diversité et qui a également écrit plusieurs ouvrages sur la question. Dont « Les oubliés de l’égalité des chances », publié par l’Institut Montaigne.

Composer avec la diversité, tel est le défi que doit relever l’économie française. En intégrant l’idée qu’il faille dans le même temps valoriser ce métissage pour édifier -via la diaspora maghrébine- cette union des peuples profitable à tous. « Je fais des affaires dans le monde entier et en France, et je considère dans le même temps qu’il faut regarder vers le Maghreb car nous avons un intérêt éminent à ce que les relations soient bonnes et prospères »  précise l’entrepreneur, qui entend bien développer ses activités sur cette zone où il n’est pas particulièrement présent. Et s’y emploie activement. Sitôt rentré d’un rendez-vous avec le Ministre de l’Industrie de l’Algérie, il repart en effet le lendemain au Maroc rencontrer le Directeur général de la Compagnie des chemins de fer, et compte dans son staff de très bons ingénieurs formés en Tunisie...

 

On le voit, la diaspora maghrébine de France est en mouvement. Un mouvement enclenché il y a déjà des lustres, et dont il est indispensable d’en médiatiser le potentiel et les compétences, de sorte que s’active ce grand projet d’Union Méditerranéenne et d'Union Euro-Africaine.

 


D'après des interviews effectuées en 2008.

 

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