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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

22 décembre 2009 2 22 /12 /décembre /2009 16:02

 

L'axe Golfe - Maghreb

Paru dans Arabies - Juillet-Août 2009

 

12-03gr.jpgD'Afrique du Nord au Golfe, il n’y a qu’un pas ! Il a été franchi depuis plusieurs années, par les investisseurs émiriens, à la faveur de contrats de gré à gré avec les grands groupes maghrébins.

 

Le monde des affaires n’est à présent plus réglé sur le schéma unilatéraliste qui a longtemps prévalu. Les économistes Lahsen Abdelmalki et René Sandretto constatent ainsi que « les pays du Sud (ou en transition) sont en mesure de pratiquer des stratégies d’insertion dans les échanges internationaux en valorisant les qualités de leurs actifs (entreprises, infrastructures, main-d’œuvre, ressources, etc.) nationaux ou régionaux. Par ce moyen, ils peuvent accroître leurs débouchés en bénéficiant des effets de dimension et de concurrence engendrés par la formation d’un marché global » (La documentation Française, 2007).

Ce qui est déjà vérifié en termes d’investissement international pour l’Asie de l’Est, avec la Chine, l’est depuis quelques années –toute proportion gardée- avec l’Asie du Sud-Ouest, via les pays de la péninsule arabique. Et précisément concernant le volume de leurs affaires en Afrique du Nord.

Nombreuses sont en effet les réalisations à l’œuvre dans les trois pays du Maghreb central (Tunisie, Algérie, Maroc) qui sont conjointement menées avec les Etats du Conseil de Coopération du Golfe (CCG). Tous les secteurs d’activité sont ainsi concernés: immobilier, industrie, logistique, agriculture, pêche ou énergie. Il en est de même pour la finance et les assurances, les services aux entreprises, le tourisme, l’éducation et la formation, la communication ainsi que le marketing.

 La nouvelle géographie des échanges économiques. L’Arabie Saoudite, Oman, les Emirats Arabes Unis (EAU), le Qatar, le Koweït et le Bahrein sont les six pays membres du Conseil de Coopération du Golfe (CCG). S’agissant des seuls Emirats arabes unis, la Fédération inclut sept Etats : la capitale Abou Dhabi, Dubaï, Sharjah, Ras al-Khaimah, Fujairah, Umm al-Quwain et Ajman. Sur ces territoires est concentrée une partie importante des hydrocarbures (pétrole et gaz) du globe.

A la croisée des circulantes routes commerciales qui mènent à l’Asie, à l’Afrique et à l’Europe, la Péninsule est un hub qui rayonne ainsi sur une zone de chalandise évaluée à une population de deux milliards de personnes ! Elle constitue donc une gigantesque plate-forme de réexportation. Cela lui procure à l’évidence toute latitude pour contractualiser avec les économies du Maghreb, dont la croissance et la culture leur confèrent une aura inégalable. Les collaborations entre le Golf et le Maghreb vont en effet s’amplifiant, malgré la crise économique (et immobilière) qui pourrait, de manière parcellaire, ralentir l’un ou l’autre de ces projets. Pour autant, cela ne remet pas en question les aménagements qui se profilent, chacuns dans leur spécialité, dans toute la région.

La Tunisie, concentre à elle seule un nombre considérable d’investissements directs étrangers (IDE) en provenance du Golfe. Le pays focalise également bon nombre d’opérations sur le marché des banques et des services financiers, où les Koweïtiens sont du reste les leaders.

 « La physionomie du pays est appelée à changer rapidement, sous l’effet de la réalisation d’un ensemble colossal de projets immobiliers et d’infrastructures, annonçait en décembre 2008 l’Agence de promotion de l’investissement FIPA. Dans le centre ville, le promoteur émirien Bukhatir a engagé des travaux de construction d’une cité sportive à Tunis, qui devrait être achevée en 2015. Tout près, la société Al Maabar, originaire d’Abu Dhabi, a fait part de son intention de lancer Bled El Ward, un projet qui s’étend sur 5000 hectares en banlieue de Tunis et dont les investissements prévus se situent autour de 10 milliards de dollars. »

Gulf Finance House (GFH), banque d’investissement basée à Al-Manama (Bahrein), compte quant à elle parmi ses priorités le projet de Port financier à Tunis et elle est également active au Maroc. La banque se propose parallèlement de réaliser pour un montant de 3 milliards de dollars une plate-forme technologique visant à la promotion des compétences tunisiennes dans le domaine des technologies de la communication : Tunis Telecom City.

Enfin, le groupe Abu Dhabi Investment House s’investit pour sa part dans le projet Porta Moda, un complexe résidentiel et touristique dédié à la mode, à Tunis, et à Marrakech. Porta Moda se présentera sous forme de cités touristiques luxueuses qui accueilleront le gotha de la clientèle internationale. Coût de l’opération au Maroc : 400 millions de dollars.

S’agissant de l'impact potentiel de la crise économique sur ces réalisations d’envergure, Mohammed Nouri Jouini, ministre tunisien du Développement et de la Coopération Internationale, a précisé que l’agenda des réalisations projetées avec les Emiriens en Tunisie n’avait pas été perturbé et que ces programmes seront conduits sdans les délais convenus.

 

Investissement industriels et logistiques massifs. L’Algérie, elle, est largement bénéficiaire, en 2007 et 2008 -avec principalement les Emirats Arabes Unis et l'Arabie Saoudite-, dans de nombreux secteurs : transports et travaux publics, agro-industrie, métallurgie, chimie, plasturgie, énergie… En juin 2008, lors d’une visite à Alger, Soltan el-Mansour, ministre émirien de l'Economie des EAU, déclarait que les investissements émiriens en Algérie concerneraient plusieurs secteurs tels que l'industrie, les services, l'énergie, l'immobilier et l'agriculture.

S’agissant des infrastructures portuaires, Dubaï Ports Wolrd (DPW), troisième opérateur mondial dans les terminaux à conteneurs, a signé un partenariat avec l’Entreprise Portuaire d’Alger (EPAL). Djazaïr Port World bénéficie à cet égard depuis février dernier d’une concession de 30 ans sur le terminal à conteneurs. S’est parallèlement créé une joint-venture entre DPW et l’entreprise portuaire de Djendjen.

A propos de ces associations, Abdelhaq Bourouai, Pdg d’EPAL, déclarait en mars dans le magazine Les Afriques : « Dans ce gré à gré, nous avions l’avantage de la confiance entre les deux Etats, algérien et émirien. Dubai Ports World était absent de la Méditerranée et nous avions besoin d’un gros partenaire qui nous introduise dans le circuit mondial. »

Autre domaine où les pays du Conseil de Coopération du Golfe interviennent en Algérie : l’agro-industrie, avec des investissements colossaux. La société émirienne EIIC créé ainsi la plus grande ferme laitière d’Afrique adossée à un projet de production fourragère, à Hamadia. Le Saoudien Savola investit 140 millions d’euros à Oran dans une raffinerie de sucre. Quelque 100 millions d’USD sont également injectés par Mahacil (EAU) dans un complexe laitier en association avec Alger.

L’énergie et l’industrie chimique font de la même manière l’objet de placements financiers. Liwa Energy Limited (EAU), filiale de la compagnie Mubadala (basée à Abu Dhabi), a acquis 20 % des parts de la compagnie Shell, concernant deux projets d’exploration, en Algérie. Le groupe omanais Suhail Bahwan réalise avec Sonatrach un complexe d’ammoniac et d’urée, près d’Arzew. Ailleurs, c’est le consortium Koweitien Almet al-Qurain qui contribue, pour un milliard de dollars, à l'activité d'une usine de méthanol, alors qu'un groupe saoudien finance la construction d’une cimenterie.

Au Maroc, l’investissement en faveur du développement industriel et logistique est également tangible. Le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe (KFAED) a octroyé, en 2008, un prêt de 60 millions de dollars pour le financement de l’axe autoroutier entre Fès et Oujda, dont l’achèvement est prévu en 2010. Notons également une initiative en faveur de l’eau, dans la province de Chefchaouen, pour la réalisation d’un barrage. Le Fonds saoudien de développement (FSD) a pour cela accordé, en mars 2009, un prêt à Rabat. Enfin, l'Union Maroc Emirats arabes unis de Pêche (Umep) est pour sa part bien positionnée.

En Tunisie, outre des prises de participation de holdings du CCG dans l’industrie locale, un investissement de plusieurs millions de dinars a été effectué en 2008. Cet investissement concernera les forages du désert tunisien.

 

Opérations immobilières et touristiques de prestige. L’immobilier est l’un des autres grands axes d’investissements au plan régional, avec une priorité affichée pour les opérations touristiques. La diversité géographique et climatique de ces pays permet de multiplier le champ des possibles. Avec notamment une offre balnéaire ouvrant sur le grand large et des stations de ski, des clubs de sports et d’aventure, des centres équestres, des circuits de randonnées pédestres… Le Maroc détient la palme au regard du foisonnement de projets touristiques sur son territoire aménagés en association avec les pays du Golfe.

Bab-Al-Bahr-maquette.JPGFaisons un point sur certaines de ces opérations de prestige. Pour commencer, citons Emaar Properties, l’une des plus importantes sociétés d’investissement immobilier au monde, connu pour son fameux Burj Dubaï, et qui est présente à travers cinq projets menés royaume chérifien. Mohamed Ali Alabbar, Président d’Emaar explique : « Le Maroc offre un potentiel de croissance sans pareil pour Emaar. La concentration sur le tourisme et le dynamisme en terme de développement économique font de ce pays une destination idéale pour les investisseurs. » Gulf Finance House, qui a démarré en 2008 les travaux du Royal Ranches à Marrakech, réalise pour sa part un complexe offrant des équipements équestres d’exception. Et poursuit sa marche en avant avec Royal Resort Cap Malabata, à Tanger. La valeur de ces deux infrastructures est estimée à 1,6 milliards de dollars. Egalement promoteur et investisseur dans le domaine de l'hôtellerie et l'immobilier de luxe, le groupe Diar (Qatar), filiale du Conseil supérieur des affaires économiques et d'investissement du Qatar, n'est pas en reste.

A Tanger, il a en effet lancé Al-Houara, une station touristique internationale, livrable en 2011. Le groupe projette d’autres opérations touristiques. Le consortium Al-Maâbar (Abu Dhabi) s’est quant à lui fixé à Rabat, pour l’aménagement de la vallée du Bouregreg, sur la tranche Bab al Bahr.

L’accord d’association a été signé en 2006, sous l'autorité du roi Mohammed VI et de Khalifa Ben Zayed Al-Nahyane, président de la Fédération des Emirats arabes unis.

La Société Maroc Emirats arabes unis de Développement opère sur le créneau des projets touristiques, via plusieurs enseignes. Elle est présente dans le groupement à l'origine de la station touristique Mazagan, lequel comprend également la société émirienne Istithmar PSJC. D’autres investisseurs de la Péninsule sont actifs au Maroc, malgré la crise, a l’instar de la société saoudienne Siama, qui construit à Marrakech un complexe hôtelier et dont le directeur général Ammar Abdelhadi affichait, en février 2009, un certain optimisme, comme le relève l'Oxford Business Group : « Le moment est idéal pour les constructeurs car le coût des matériaux connaît une forte baisse en raison du ralentissement de l'économie."

En Algérie, l’appui des IDE du Golfe au développement touristique s’effectue à son rythme. Cette option, laissée en jachère durant les tragiques évènements qu’a connus le pays, est àrelancée. La société EEIIC arrive en pole position, avec d’une part Parc Dounya, dont les titanesques travaux ont débuté en 2008, et d'autre part un investissement de 200 millions de dollars dans le complexe touristique Moretti-Club des Pins, livrable pour 2011.

Mais loin d’investir dans la seule production de biens et de services, l’apport d’IDE des pays du Golfe est aussi destiné à la formation et l’enseignement. C’est ainsi que le Fonds Abu Dhabi pour le développement a signé en 2008 un accord pour la construction d’une école primaire à Asilah.

La prestigieuse université Al-Akhawayn a pour sa part conclu avec la Fondation Al-Maktoum. Elle se voit ainsi dotée d’outils d'innovation extrêmement qualifiés, lui permettant de contribuer à une croissance économique durable. « L'accord, est-il précisé, donne la possibilité de mener des recherches pour l'entrepreunariat. L'Université d'Al-Akhawayn fournira des compétences en ressources humaines pour mieux préparer des opportunités d'affaire ». C'est également le cas en Tunisie avec Tunis Telecom City, que ses promoteurs de Bahreïn se proposent de réaliser, et qui prévoit notamment la création d’une université internationale de communication.



 

 

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