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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

2 juin 2012 6 02 /06 /juin /2012 12:55

 

L’économie pour sortir de la crise

 

Paru dans African Business - Juin-Juillet 2012

 

 100_1646.JPGRadioscopie de l’économie du « bouclier Targui », un ensemble qui comprend le Hoggar algérien et sa capitale Tamanrasset, ainsi que l’Aïr côté Niger et l’Adrar des Ifoghas sur le versant malien.  

 

Dans le Grand Sud algérien, d’importants gisements miniers sont exploités et de nombreux sites devraient le devenir. Le Hoggar recèle en effet quantité de minerais et de gemmes (topaze, turquoise, agate…) très recherchés. Des roches diamantifères ont été découvertes à In Ouzzal et l’Office national de recherche géologique et minière (ORGM) confirme l’existence de plusieurs sites aurifères. La palme revient au gisement d’Amessmessa, qui dispose de réserves géologiques de l’ordre de 3,38 millions de tonnes avec une teneur moyenne de 18 grammes par tonne. C’est la compagnie Mines Cancor Inc., société établie au Canada, qui exploite l’or et le cuivre. Le ministère de l’Energie et des mines estime à 200 tonnes d’or le potentiel global de la région.  

 

 Exploitation minière

 De l’autre côté de la frontière, au Niger, l’exploitation d’uranium va bon train. Le pays est aujourd’hui le cinquième producteur mondial de ce minerai.  A Arlit, ville minière au nord-ouest, la Somaïr, filiale d'Areva, exploite depuis quarante ans plusieurs gisements. « La société emploie environ 1 000 salariés - dont 98 % sont nigériens – et prévoit d’augmenter progressivement sa production pour atteindre 3 000 tonnes en 2012 », indique l’opérateur français. Il a planifié la mise en exploitation, d’ici à 2013, d’Imouraren, localisé 80 km plus au Sud, un site considéré comme l’un des gisements uranifères les plus importants au monde. Sa production devrait s’étaler sur au moins 35 années et son exploitation a requis plus de 1,2 milliard d'euros (800 milliards de F.CFA) d'investissement. Le recrutement de 800 salariés est annoncé, ainsi que la création de près de 550 emplois dans la sous-traitance directe et de plus de 3 000 emplois indirects. Imouraren SA est détenue à 66,65 % par Areva et à 33,35 % par l’État du Niger jusqu’en 2010, Kepco (Korea Electric PowerCorporation) est entré à hauteur de 10% dans le capital.

L'industrie extractive est également encouragée dans la partie sahélienne du Mali. Outre des indices de diamant décelés dans l'Adrar des Ifoghas, une unité de production de phosphate a été rachetée à Tilemsi (près de Gao) par la société malienne Toguna agro-industrie. La réserve de phosphate est estimée à 20 millions de tonnes. Cet engrais naturel qui fertilisera les sols sans induire les effets nocifs provoqués par les enrichissants chimiques, va de surcroît alléger la facture des intrants agricoles importés chaque année (plus de 70 milliards de F.CFA pour environ 300 000 tonnes). Le secteur pétrolier constitue un des autres axes de développement. A Taoudeni, un site déjà connu pour sa mine de sel gemme, la société ENI-Sipex a mis en valeur de potentielles réserves de pétrole et de gaz.

 

Tourisme en berne

Dans le secteur du tourisme, une politique volontariste a été menée et l’activité assurait un revenu important aux populations, dont celles résidentes dans le nord du Mali. Tombouctou était ainsi une destination phare, mais depuis 2008, c’est morne plaine. En cause, la surmédiatisation, en Occident, de l’insécurité dans la bande sahélo-saharienne. « Cette situation déplorable a fait chuter vertigineusement le nombre de visiteurs à Tom­bouctou, passant de 45 000 arrivées en 2006, à 6 000 visiteurs en 2009, pour tomber, au premier trimestre de l’année 2011, à 492 arrivées », déplore-t-on dans les colonnes du quotidien national L’Essor.

A Tamanrasset, l’activité touristique tourne au ralenti. Les massifs montagneux, qui, jadis, ont fait le bonheur des amoureux des treks dans le Tassili et des pèlerinages à l’Assekrem ne sont plus courus depuis les alertes à l’extrême prudence émises par les capitales d’Europe pour leurs ressortissants, à commencer par celles du Quai d’Orsay.

Sur place, les agences de voyages s’adaptent à la situation. Certains réceptifs parmi les Touaregs profitent de100_1776.JPG l’embellie que leur procure la nouvelle arrivée d’eau qui provient de la nappe albienne d’In Salah pour se lancer dans l’agriculture et l’élevage. « Il n’y a pas de touristes depuis deux ans, mais on vit quand même, en développant le commerce et l’élevage de chameaux, par exemple », explique Abdelkader, patron d’Issalane Voyages.

L’Algérie encourage l’initiative en louant des terres pour le dinar symbolique. « Des avantages sont proposés pour la création de micro-entreprises, et l’installation des jeunes est favorisée, via des mécanismes de crédit  bancaire à des taux avantageux », assure Saïd Meziane, wali de Tamanrasset.  Il confirme que cette région de palmeraies constitue un pôle agricole d’importance qui va graduellement être mis en valeur, à la faveur de la réhabilitation de systèmes d’irrigation, comme les foggaras. La redynamisation de la foire régionale de l’Assihar y contribuera aussi.  

 

Transsaharienne

Les infrastructures de transport sont également développées pour désenclaver la wilaya et sceller l’ancrage entre le nord et le sud du pays, et plus largement entre l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest. L’augmentation du trafic aérien est prévue, avec l’arrivée de Tassili Airlines qui vient renforcer la desserte de la compagnie nationale Air Algérie. Pour alimenter les flux, on finalise la route transsaharienne (RTS), longue bande d’asphalte qui se déroule sur 4 500 kilomètres d’Alger à Lagos, au Nigéria. L’Algérie, qui a réalisé 2 760 km de bitume depuis la côte méditerranéenne jusqu’à l’extrême-sud du pays, est le chef de file de cette opération soutenue par le NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique). Alger pilote le programme de liaison par fibre optique Alger-Abuja (Nigeria), et est également partenaire du gazoduc Nigeria-Algérie.   

S’agissant de la RTS, la dernière section de l’ouvrage Tamanrasset-In Guezzam qui relie au Niger a été exécutée en 2011. Le gouvernement nigérien doit maintenant finaliser le tronçon menant de la frontière algérienne à Arlit, soit 200 km qui sont financés par la Banque africaine de développement (BAD), la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) et la Banque islamique de développement (BID). Le pays a par ailleurs bitumé plus de 700 km de route d’Arlit à la frontière nigériane, en passant par Agadez.

Plus à l’Ouest, c’est avec le Mali que l’Algérie se connecte, via une bifurcation à hauteur de Tamanrasset en direction de Tinzaouatine et de Timiaouine. Les travaux ont été lancés en 2011. Amar Ghoul, ministre algérien des Travaux publics, a annoncé qu’une enveloppe de 200 milliards de dinars (3 milliards $) seront investis dans ce projet dont l’achèvement est attendu en 2015. Le tronçon de plus de 700 km, côté malien, sur l’axe Kidal-Gao, reste à construire pour boucler les 2 000 km de route jusqu’à Bamako. « La Transsahariennecréera un environnement propice pour accroître nos relations commerciales avec les pays frères, notamment le Niger et le Mali », confirme l’industriel Ifri, présent sur le marché algérien des boissons.

Si l’espoir renait dans le Grand Sud algérien à la faveur de l’investissement massif dans le développement économique et humain, à quelque centaines de kilomètres, dans les pays riverains du Sahara, la situation est bien différente.

« J’ai toujours soutenu que le terrorisme trouve un terreau propice dans la précarité et la pauvreté. C’est pour cela que le Mali a décidé d’initier et de mettre en œuvre le Programme spécial pour la paix et le développement des régions Nord du Mali (Pspdn) », déclarait en novembre Amadou Toumani Touré, alors président de la République du Mali.

Le coup d’Etat du 22 mars qui l’a renversé, la prise du pouvoir par la junte militaire et la sécession de l’Azawad, dans le nord du pays, compliquent encore une situation très préoccupante sur le plan de la sécurité alimentaire : 2,9 millions de Maliens et 6 millions de Nigériens sont considérés comme particulièrement vulnérables. Le Comité permanent inter Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (Cilss) tire le signal d’alarme. « En raison du déficit pluviométrique et hydrologique enregistré, la production céréalière prévisionnelle de la zone Sahel enregistre une baisse de 25 % par rapport à l’année dernière ». Et le prix des denrées alimentaires continue à augmenter (40% pour les céréales).


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