Tunisie
Des investissements à promouvoir
Paru dans Arabies - Avril 2011
Au moment où la Tunisie amorce sa reconstruction, de nouveaux investisseurs
étrangers pourraient supplanter les partenaires historiques que sont la France et l’Italie. Etat des lieux.
En Tunisie, le développement économique se poursuit, nonobstant les bouleversements qui interviennent
après tant d’années de gestion autocratique des affaires.
Fipa-Tunisia, l’agence de promotion de l’investissement extérieur,
contribue à la promotion des investissements en apportant son appui aux partenaires étrangers. A sa tête, le directeur général, Noureddine Zekri, remplace depuis février dernier Mongia
Khemiri, qui s’active maintenant à restaurer le climat d’affaires en dépit des dégâts et dysfonctionnements qui ont été à déplorer durant les affrontements du mois de janvier.
« La grande majorité des entreprises retrouve déjà son rythme normal. Les projets en
cours de réalisation – aussi bien les extensions que les nouvelles créations – continuent leur progression. L’ensemble des lois et accords qui régissent l’investissement, local et
étranger, est toujours d’actualité. Les institutions de soutien sont opérationnelles, tout comme Fipa-Tunisia qui est toujours présente pour vous assister et
répondre à toutes vos interrogations », confirmait-elle.
Les activités des 3 100 entreprises étrangères implantées sur le sol tunisien se poursuivent dans
la filière aéronautique, dans celle des Industries mécanique, électrique et électronique (IMEE), dans les métiers du textile ou dans le secteur des services aux entreprises. L’usine Aerolia,
filiale de la compagnie aéronautique Eads, a repris du service le 24 janvier en estimant que les conditions étaient réunies pour que tout fonctionne normalement. Il en va de même pour la
plupart des opérateurs, en particulier français – qui sont les plus nombreux à avoir investi dans le pays. Au cours de l’année 2010, plus de 150 projets ont été réalisés par ces
partenaires français qui disposent au total de 1 200 entreprises. Cela représente un investissement de 192,4 millions de dinars et plus de 6 000 emplois.
Les Italiens sont eux aussi bien implantés sur ce rivage qui jouxte leurs côtes, avec plus de
130 réalisations l’année dernière pour un investissement de 89 millions de dinars et près de 4 000 emplois créés.
Partenariats diversifiés. Le couple franco-italien
est le principal fournisseur d’Investissements directs étrangers (IDE) de la Tunisie. Mais depuis quelques temps, les partenariats se diversifient, notamment avec l’arrivée d’investisseurs
anglais et américains qui ont, sur les deux dernières années, contribué à près de 193,06 millions de dinars d’investissements. Au début du mois de février, le ministre britannique des
Affaires étrangères, William Hague, a d’ailleurs effectué une visite en Tunisie. Durant son séjour, il a signifié son intention d’inciter le secteur privé à identifier de nouvelles opportunités,
en particulier dans les domaines de l’énergie, des finances et du tourisme.
Dans le sillage des Anglo-Saxons, d’autres pays européens ont
multiplié leurs investissements en Tunisie ces deux dernières années. à commencer par l’Allemagne, qui affiche 280 entreprises pour 50 projets réalisés et 45 000 personnes
employées, la majorité dans le secteur manufacturier : 50 % du personnel dans la finition textile, 30 % dans le secteur de l’électronique et de l’électrotechnique et 20 % dans d’autres domaines.
Quant au volume des échanges entre Berlin et Tunis, il a avoisiné les 3 milliards d’euros en 2010.
La Belgique et la Suisse progressent aussi de façon notable, tout comme le Luxembourg, l’Espagne et le
Portugal. L’Union européenne est ainsi devenue le premier partenaire industriel et client de la Tunisie. 80 % des exportations industrielles du pays lui sont dédiées.
Pour autant, les partenariats s’intensifient avec les pays du Maghreb, la Turquie et les émirats
arabes unis tandis que Fipa-Tunisia cherche à accroître ses échanges avec l’Asie.
Cette année, ce sont 200 nouveaux projets qui vont d’ores et déjà être exécutés. Parmi eux, ceux
portés par Fidelity Invest, qui a déjà créé quelque 380 postes depuis le démarrage du projet en 2010 et qui a planifié la création de 2 000 emplois hautement qualifiés. De leur côté,
Microsoft et Cisco entérinent leur développement sur le territoire avec des programmes de logiciels et du conseil qui fournissent in fine du travail à des ingénieurs et cadres supérieurs.
Bien d’autres secteurs drainent des IDE. Depuis quarante ans que la Tunisie s’est insérée dans
l’économie internationale, elle a facilité l’implantation de nombreuses entreprises étrangères et a pu diversifier la gamme de ses activités économiques. Elle a raffermi sa position sur la rive
sud de la Méditerranée, sur le continent africain et au sein du monde arabe.
« Les exportations ont connu une hausse de 2,4 % en 2010. Des secteurs comme le textile et
l’habillement, ainsi que les industries mécanique et électrique, affichent de bons scores. Les importations, qui suivent la même courbe ascendante, sont en augmentation de 4,8 % »,
confirme Hakim ben Hammouda, économiste et directeur de l’Institut de formation et de la division de la coopération technique à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
En 2010, les IDE ont enregistré une croissance de 3 % par rapport à 2009 avec 2,425 milliards de
dinars. Pour accroître le volume des investissements, Fipa-Tunisia assure la promotion des secteurs stratégiques que sont le textile – qui concentre plus de 20 %
des IDE de l’industrie manufacturière –, les IMEE, l’offshoring et les Technologies de l’information et de la communication (TIC).
Cette dernière activité a permis la création de 15 300 postes en 2010 – dont 3 000 à 4 000
pour les diplômés du supérieur. Près de 1 600 sociétés de services en ingénierie informatique (SSII) opèrent sur ce segment, qui compte également 300 intégrateurs de systèmes,
400 distributeurs, 12 fournisseurs d’accès Internet et 8 centres de développement. En 2008, la contribution de cette activité au PIB était de l’ordre de 8 % et devrait atteindre
13,5 % en 2011 avant de viser 20 % en 2016.
Industrie textile. Avec 2 000 entreprises (dont la moitié à capitaux étrangers ou
mixtes) et 200 000 salariés (soit 44 % des emplois industriels), l’industrie du textile et de l’habillement est le premier pourvoyeur d’emplois. Elle représente 5 % du PIB tunisien et assure
20 % des recettes en devises. En décembre 2010, les exportations de textile ont enregistré une hausse de 26 % en valeur et de 19,4 % en volume comparativement à l’année précédente. Quant à
la filière habillement, elle a progressé de 7 % en valeur et de 10,1 % en volume.
« Ces évolutions ont permis de clôturer l’année 2010 avec un taux de croissance global du
secteur textile/habillement de 6,77 % en valeur et de 10,93 % en poids », atteste Rym Charradi Milad, chef du département du Centre au Cettex (Centre technique du textile).
La branche des composants automobiles et aéronautiques connaît, depuis une dizaine d’années, un
essor considérable. L’investissement dans les industries électrique et électronique progresse en moyenne de 15 % par an. Cela vaut aussi pour l’agriculture et l’agroalimentaire, qui ont
enregistré une hausse significative depuis 2004, tout comme les exportations (30 %).
D’ici à 2016, la Tunisie souhaite augmenter de 9 % par an son volume d’exportations agricoles et
agroalimentaires en développant la valeur ajoutée de sa production et en mettant à niveau ses circuits de distribution.
Depuis quelques années, l’industrie chimique et plastique se structure et le volume des IDE est là
encore en constante augmentation. En 2009, des partenaires indiens ont investi 37 millions de dinars dans un grand projet industriel chimique. Le bâtiment et les travaux publics (BTP) sont
également en progression avec le développement des infrastructures (voies ferroviaires et routières, ports et aéroports, centrales électriques, raffineries, unités de dessalement et d’épuration…)
et de l’habitat.
reste le tourisme, principale source de devises qui génère 6,5 % du PIB et emploie 12 % de la
population active. Après avoir fortement investi par le passé, les principaux opérateurs d’Europe – hôteliers et voyagistes – se repositionnent graduellement sur la destination et la
Tunisie escompte bien qu’ils répondent présents pour relancer la création d’emplois et relever le défi économique.