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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 07:32

 

La transition

 Paru dans African Business - Avril-Mai 2011

  

Beaucoup de remous dans le monde de l’entreprise depuis la chute du régime de Ben Ali. Certains ont vu leurs affaires se réduire comme peau de chagrin, d’autres vont devoir renégocier leurs acquis, et d’autres encore vont pouvoir développer leur expertise à présent que sont restaurées la transparence et la liberté.

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La révolution du « 14 janvier » a pris de court les opérateurs économiques qui ne pouvaient pas prévoir un tel changement en si peu de temps. Les visites des délégations de décideurs français, italiens, anglais, allemands, belges… se succédaient à un rythme soutenu tandis que le volume des investissements directs étrangers (IDE) s’accroissait. Le spectre des activités externalisées se diversifiait et montait en gamme. De sous-traitant qu’ils étaient encore il y a seulement quelques années, les Tunisiens avaient effectué le saut technologique pour se hisser au rang de cotraitant, en maitrisant de bout en bout la chaine de certains métiers, comme ceux du textile.

Les partenariats qui se sont établis entre les milieux d’affaires d’Europe et de la Tunisie sont en effet anciens et puissants. L’Union européenne est graduellement devenue le premier partenaire industriel et le premier client de la Tunisie. Les exportations industrielles ont augmenté de 2,4 %, tandis que les importations ont progressé de 4,8 %.  

Des collaborations fructueuses

Tout un système industriel et marchand fonctionne aujourd’hui à flux tendu. Les exemples de collaborations réussies ne manquent pas. La Stafim en est l’illustration. La Société tunisienne automobile financière immobilière et maritime est détenue à hauteur de 34 % par le constructeur automobile Peugeot. Orange, la marque du groupe France Télécom pour Internet, détient pour sa part 49 % d’Orange Tunisie, une société créée en 2010 avec Investec du groupe Mabrouk. Ce même groupe privé tunisien détient également la Société tunisienne de biscuiterie (Sotubi), laquelle a signé en 2005 un partenariat avec Danone,  qui dispose de 49 % des parts. Ensemble, ils ont monté un projet à destination du marché algérien du biscuit, ce qui a permis au groupe français de s’y implanter et de distribuer ses produits.

Depuis plus de 30 ans, la filiale Leoni Tunisie du groupe allemand éponyme, a aussi investi de manière conséquente et pérenne dans le pays. Spécialisée dans la fabrication de faisceaux de câbles destinés à l’industrie automobile, l’entreprise totalement exportatrice possède des équipements et des chaînes de montage technologiquement performants. Leoni Tunisie a centré ses efforts sur la formation des ressources humaines à travers des partenariats avec des écoles et des facultés. Avec trois certifications aux normes internationales (ISO 9001, ISO/TS 16949 et QS 9000), elle a pu élargir son portefeuille clients et distribuer ses produits à de prestigieux opérateurs (Mercédès, Audi/VW, BMW), ce qui lui a permis de doubler, en quatre ans, son chiffre d’affaires.

Les Italiens n’ont pas manqué non plus de se développer en Tunisie en transférant des pans entiers de leurs activités sur la rive méditerranéenne qui jouxte leurs côtes. Benetton fait partie du cartel d’entreprises qui conforte sa position sur le territoire. Le plus grand fabricant de vêtements d’Europe y est implanté depuis 1994 et salarie 600 personnes. Il collabore également avec 180 sous-traitants via une plateforme qui emploie 7 000 Tunisiens. Grâce à la « rationalisation des coûts de fabrication », Benetton a ainsi pu s’imposer à l’export comme un acteur majeur, avec une production annuelle estimée, en 2010, à 33 millions de pièces.

En plus du textile pour le prêt-à-porter européen qui s’ouvrage dans les ateliers tunisiens, de l’huile d’olive ou des agrumes, ou encore des pièces d'isolation thermique pour les marchés de l’aéronautique, c’est l’électricité dont on envisage à présent la production et l’exportation. La centrale à cycle combiné d’El-Haouaria va ainsi fonctionner en interconnexion avec l’Italie et fournira, à terme, 800 MW. Moncada Energy Group, une société italienne d'énergie de source éolienne, a de son côté effectué une interconnexion en courant continu entre les réseaux de transmission des deux pays, via le canal de Sicile. L’opérateur souhaite à présent installer des éoliennes en Tunisie pour exporter cette énergie. 

 

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Tunisie et Europe

La transmission des flux d’informations circule par un câble sous marin en fibre optique desservant plus de 200 villes en Europe et dans le monde. Pour se recentrer sur leur cœur de métier et poursuivre leur croissance, les entreprises européennes ont en effet externalisé quantité de tâches vers les plateaux tunisiens qui sont qualitativement et quantitativement compétitifs. Les centres d’appels et les entreprises offshore des sites fournissent en temps réel à leurs clients des prestations de marketing, de service après-vente, de comptabilité, d’activités de conseil juridique et d’audit, de services en ingénierie informatique et de formation à distance. Les sociétés d’ingénierie informatique et de création de logiciels développent des applications pour les grands groupes mondiaux : équipementiers automobile, aéronautique, assurances et finances.

Tunis a aussi pris le leadership des commandes et des contrats des Européens intéressés par les marchés des pays arabes, et a simultanément entrepris un développement en Afrique subsaharienne. Le choix pour l’insertion dans l’économie internationale, dès les années 1970, a permis au pays d’être un acteur incontournable.

Face à l’ampleur et à l’imbrication des partenariats, il est aujourd’hui difficile pour les 3 100 entreprises étrangères de faire machine arrière étant donné les investissements qui ont été consentis depuis 40 ans. En 2010, les IDE ont d’ailleurs enregistré une croissance de 3 % avec 2 425.4 millions dinars contre 2 357 millions dinars en 2009. Les Français, qui disposent au total de 1 200 entreprises, ont réalisé cette même année, 150 projets qui ont généré plus de 6 000 emplois et ont mobilisé 192,40 millions dinars d’investissements. Les Italiens ont investi pour leur part 89 millions dinars et créé près de 4 000 emplois. Les Allemands dont le volume des échanges avec la Tunisie s’élève à 3 milliards d’euros en 2010, disposent de 280 entreprises à participation financière germanique et emploient 45 000 personnes.

« La Tunisie et l’Europe sont sur le même bateau », atteste Rym Charradi Milad, du Cettex (Centre technique du textile) qui ajoute que l’UE mise beaucoup sur ce pays avec lequel elle a établi, depuis 1995, de nombreux programmes gagnant-gagnant. « Cette année 2011, l’Union européenne s’attache à la compétitivité des entreprises et à la facilitation de l’accès au marché via un financement de 23 millions euros », précise-t-elle.     

A ces coopérations industrielles s’ajoutent les partenariats existants dans l’industrie touristique. Des infrastructures hôtelières et des équipements de loisirs sont la propriété de grands noms du tourisme et de tours opérateurs d’Europe.

Les semaines de turbulences ont causé des dégâts matériels importants. Les entreprises peuvent escompter la reprise des activités dans un climat difficile. Il leur reste cependant à ajuster leurs impératifs économiques aux revendications sociales des salariés. Un exercice auquel chacun – dirigeants, fédérations patronales, centrales syndicales – se prête pour que l’outil de production continue à fonctionner à flux tendu tout en permettant au peuple tunisien d’améliorer ses conditions d’existence et à ce pays, désormais démocratique, de relever le défi économique auquel il doit faire face.

 

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