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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

8 janvier 2010 5 08 /01 /janvier /2010 21:57


Les technopoles du futur

 

 

 

Immersion dans sept technopoles tunisiens, qui attestent de l’importance de la politique nationale menée depuis des années en faveur de l’innovation dans les secteurs-clés du pays.

 

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Pour faire monter en gamme les secteurs industriels de son économie, la Tunisie s’est dotée de sept technopoles dans autant de villes : Bizerte, Ariana, Borj Cédria, Sidi Thabet, Sousse, Monastir et Sfax. Ces clusters dédiés à l’innovation et à de multiples activités industrielles (habillement, agroalimentaire, mécanique, électrique et électronique, Technologies de l’information et de la communication et industries de santé) l’autorisent ainsi à se positionner sur les créneaux à forte valeur ajoutée.

« Afin de remonter la chaîne de valeur de l’entreprise, l’investisseur doit bénéficier d’un environnement, d’infrastructures et de compétences lui permettant de promouvoir l’innovation au sein de son site en Tunisie. C’est ainsi que la labellisation Tunisia Innovation Quotient marque le virage vers l’économie du savoir et à forte valeur ajoutée », est-il préconisé dans L’Etude de la stratégie industrielle nationale à l’horizon 2016, éditée par l’Agence de promotion de l’industrie – qui dépend du ministère de l’Industrie, de l’Energie et des PME.

 

Formation et monde des affaires. Pour atteindre cet objectif, le pays s’est muni de technopoles, d’infrastructures parmi les plus modernes avec des moyens permettant d’établir des liens entre formation, recherche et production, tout en favorisant l’incubation et la création d’entreprises innovantes. Le but étant d’améliorer la compétitivité de l’industrie nationale pour favoriser les Investissements directs étrangers (IDE) et accroître le nombre d’emploi.

La performance de ces infrastructures tient précisément au fait que les établissements d’enseignement professionnel, technique ou supérieur, sont étroitement corrélés au monde des affaires – et réciproquement. Une façon intelligente de préparer in situ les ressources humaines qualifiées aux applications de terrain. « C’est un fonctionnement intéressant qui nous permet d’établir des échanges pour les projets de fin d’études et notamment avec l’Ecole supérieure des communications Sup’Com, située au sein du pôle technologique d’Elgazala. Nous effectuons notre prérecrutement par ce biais », atteste Cyril Rochard, manager général du bureau d’études Recherche et Développement Ardia, spécialisé dans les logiciels de diagnostic et les systèmes embarqués pour l’automotive, qui est établi sur le pôle Elgazala des technologies de la communication, situé à Ariana. Cette filiale tunisienne du groupe Actia peut aisément envisager son expansion, s’appuyant en cela sur la centaine d’ingénieurs recrutés pour le bureau d’études, et sur les quelque 600 personnes de sa deuxième implantation à Charguia, où sont produites les cartes électroniques. Charguia a du reste été récompensée en 2007, par Siemens, pour le niveau de qualité de sa production. « Nous souhaitons nous développer en Tunisie, car on peut y trouver des compétences hautement qualifiées dans maints domaines », confirme le manager général, qui annonce qu’une troisième unité d’assemblage mécanique a été mise en route, à la fin de l’année 2008, et qu’un laboratoire de test de vieillissement des systèmes est envisagé à court terme.

Il s’agit de la même stratégie pour le Parc d’activités économiques de Bizerte (PAEB), qui cible les industries – qu’elles soient mécaniques, électriques et électroniques, de plaisance (avec la construction de yachts, de bateaux à moteur et de catamarans), ou relevant de l’agroalimentaire, de la sidérurgie, de la métallurgie, de la plasturgie et des industries pharmaceutiques. Kamel Belkahia, PDG du pôle de compétitivité de Bizerte, revient sur l’historique de cette zone franche et fournit les chiffres de ce parc d’activités situé au cœur de la Méditerranée. « C’est le président de la République, Zine el-Abidine Ben Ali, qui a eu l’idée, en 1992, de la création de cette zone d’exportation à 67 % privée, dont 44 % sont détenus par des banques et 23 % par des personnes physiques. Le PAEB s’étend sur 51 hectares répartis entre Bizerte et Menzel Bourguiba. Son taux d’occupation est de 100 % : c’est pourquoi une extension de 30 hectares supplémentaires s’adjoint au site actuel. Les investissements réalisés au 31 octobre 2008 s’élèvent à 235 millions de dinars, et 94 % émanent des IDE. 93 % sont consacrés au secteur industriel. Le personnel travaillant sur le site est évalué à 5 600 emplois. Durant l’année 2007, les réalisations en termes d’exportation ont atteint 497,832 millions de dinars. » Fort de son succès, le parc d’activités va générer un pôle de compétitivité : le premier technopôle agroalimentaire du Sud-Méditerranéen. Ce nouveau lieu d’excellence, dont les travaux ont commencé en octobre, s’étend sur 45 hectares – auxquels s’ajoutent 150 hectares d’espace industriel. Il permettra aux entreprises de bénéficier de plus amples opportunités, avec des institutions et des organismes d’appui technique de la filière agroalimentaire ainsi que des établissements de recherche et de formation. A cela s’ajoutent des partenariats avec des pôles de compétitivité et des technopôles français, italiens ainsi que locaux. Cinq domaines sont ciblés, le but étant d’aider les entreprises tunisiennes à effectuer le saut technologique et managérial pour rayonner sur l’ensemble de la zone méditerranée. Il s’agit des filières produits liquides, secs et d’assemblage (issus de la mer et plats cuisinés), celle de la chaîne du froid, de la qualité et de la traçabilité, ainsi que celle de l’automatisme, du contrôle et de la maintenance industrielle.

S’agissant du technopôle de Sousse, en cours de développement, ce bassin industriel dédié à l’économie du savoir accueille pour l’heure la pépinière d’entreprises SofTech – consacré à la mécanique, à l’électronique ainsi qu’à l’informatique appliquée. Il jouxte les centres de recherche en microélectronique, nanotechnologie et mécatronique ainsi que l’Ecole nationale d’ingénieurs de Sousse. L’enjeu est de positionner cette « médina du savoir » sur les domaines stratégiques – médecine, télécommunications, environnement et automobile. Mohamed Mokni, qui en est le directeur général, explique : « Le site dispose à la fois des institutions de formation, de centres de recherche et de ressources technologiques, et de la pépinière SofTech. Des terrains sont également à disposition des investisseurs ainsi que des services pour tous les équipements lourds. Il est destiné au marché de l’avionique européen et américain. »

 

Positionnement international. La société japonaise Yamaichi Electronics y est installée. Spécialisée dans la conception électronique et mécanique, elle a établi sa plate-forme pour tester les cartes d’appareils photos et les circuits imprimés. Tous les ingénieurs recrutés sont des Tunisiens, formés au niveau local. Ils bénéficient des conditions appropriées pour réaliser des projets d’application d’envergure portant sur des besoins réels, au sein d’équipes pluridisciplinaires.

Un autre exemple de partenariat réussi entre l’enseignement supérieur et le monde de l’entreprise est le pôle de compétitivité Monastir el-Fejja : « MFC Pôle ». Dirigé par Neila Gongi, il est composé du technopôle de Monastir – spécialisé dans les activités de production et de services (filature, tissage, bonneterie, confection, broderie, cuir, accessoires…) – et du parc d’activités industrielles El-Fejja (à 20 km à l’ouest de Tunis), qui comprend une zone dédiée aux activités de finissage. Le « MFC Pôle » ambitionne de favoriser l’innovation en développant des synergies entre les domaines de production, de veille stratégique, de création, de formation, de recherche, de développement et de marketing. « L’Institut supérieur des études technologiques de Sousse et l’Ecole nationale d’ingénieurs de Monastir qui sont dotées d’unités de recherches pour le textile, ont assuré la bonne réputation technique et scientifique du secteur de l’habillement en Tunisie », assure Faten Chouba Skhiri, directrice de l’Institut supérieur des métiers de la mode de Monastir (IS3M).

Lancé en 2003, cet établissement public va de pair avec le technopôle textile de Monastir, localisé dans la région du pays la plus orientée vers cette activité et où sont expérimentées les créations. Depuis des lustres, en effet, s’y activent les experts ès tissage chaîne et trame du coton, alors qu’un peu plus au Sud, à Mahdia, s’y emploient ceux de la soie. S’ajoute actuellement à cette tradition ancestrale le textile fonctionnel, conçu dans les unités de recherche – dont celle de l’Institut supérieur des études technologiques de Sfax. Les fibres de nouvelle génération pour la commercialisation de matelas à énergie solaire y sont élaborées, tout comme la fabrication de composite à base d’alfa entrant dans la composition de prothèses artificielles, et le développement des produits médicaux textiles, comme les prothèses ligamentaires ou vasculaires.

 

Si ces adéquations entre les établissements d’enseignement public et le monde de l’entreprise ont favorisé l’implantation d’entreprises et la création d’emplois qualifiés, c’est aussi parce que la nation a misé, depuis très longtemps, sur le facteur humain en consacrant 7,5 % de son PIB à l’éducation –l’un des taux les plus élevés au monde – et 1,2 % à la recherche et au développement, encourageant ainsi une culture de l’innovation. « Considérant ses étudiants comme une richesse nationale et un atout, la Tunisie n’a cessé d’investir dans son système éducatif. L’objectif est d’atteindre, d’ici à 2009, plus d’un demi-million d’étudiants, soit la moitié des jeunes Tunisiens de la tranche d’âge comprise entre 19 et 24 ans, dans un millier de sections et de filières d’enseignement, afin de répondre au mieux aux besoins du marché du travail », précise l’Agence tunisienne de promotion de l’investissement extérieur (Fipa).

 

Cette politique socialement responsable et économiquement gagnante a généré une classe moyenne qui représente 80 % de la population ! Tout cela concourt à l’implantation de grands groupes internationaux – dont Airbus – en Tunisie, notamment parce que l’Etat s’est doté d’outils d’expertise et de veille permettant d’anticiper la demande potentielle en finançant, en amont, les modules de formation idoines. 

 


Paru dans Arabies, Mensuel du monde arabe et de la francophonie - N° 261 - Janvier 2009

 

 

 

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