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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 17:06

 

« Inscrire les partenariats entre l’Afrique du Nord et

l’Europe dans une logique de co-développement »

 

Paru dans Les Afriques - 10 au 16 mars 2011 

 

Mohamed-Chérif Ferjani, professeur en Sciences politiques et civilisation arabe et chercheur à la Maison de l'Orient et de la Méditerranée, revient pour Les Afriques sur les bouleversements qui s’opèrent en Afrique du Nord.

 

 

Les Afriques : La situation qui prévaut dans la sous-région évolue rapidement. Après la Tunisie puis l’Egypte, c’est au tour de la Libye d’être en proie à une révolution. Qu’en pensez-vous ?

Mohamed-Chérif Ferjani : Les mouvements en cours au Maghreb et au Moyen-Orient démontrent que l'aspiration à la démocratie n’est pas l'apanage d'une culture ou d'une aire géoculturelle, comme le soutiennent les prophètes du « clash des civilisations » et les défenseurs de thèses essentialistes. L’espoir d’une évolution démocratique dans ces pays est à l’ordre du jour, alors même que cette option avait été écartée dans les années 2000, après les attentats du 11 septembre, par Samuel Huntington, Bernard Lewis et tous ceux qui défendaient l’idée selon laquelle il ne pouvait y avoir de démocratie dans le monde musulman.

 

LA : Comment cela s’explique-t-il alors ?

MCF : Il y a plusieurs raisons qui ont contribué à cet éveil, parmi lesquelles l’évolution démographique, l’alphabétisation des populations et les nouveaux vecteurs de la mondialisation que sont Internet et les chaines satellitaires. Sur le plan économique, ce qui est en question, c’est le contexte dans lequel ont été appliqués les plans d’ajustement structurels préconisés par la Banque mondiale et le FMI, ainsi que la manière dont ont été orchestrées les privatisations pour favoriser l’accès au marché international. Ces préconisations ont été menées sans réformes politiques. En Egypte, on est passé d’une vague de nationalisations avec Nasser, dans les années 1960, à la politique d’ouverture de Sadate, dans les années 1970, laquelle s’est soldée par l’affaiblissement des services publics et le développement d’un affairisme parasite qui s’est accentué avec Moubarak. En Libye, la rente des hydrocarbures a permis au régime de Kadhafi de perdurer en achetant l’allégeance des tribus. Cela s’est combiné à un système de compensation qui a permis l’introduction de produits revendus à bas prix. Les effets de la crise ayant réduit les possibilités d’entretenir ce fonctionnement, la population a attendu la première occasion pour exprimer son rejet.

 

LA : Cette politique a pourtant facilité le développement des échanges commerciaux, en particulier avec l’Europe ?

MCF : En effet, 75 % des échanges économiques de la Tunisie s’effectuent avec l’Europe, principalement la France, l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne. L’économie égyptienne développe des relations d’affaires avec le Vieux Continent, tout comme la Libye dont les flux commerciaux se caractérisent par l’exportation des hydrocarbures et l’importation des produits manufacturés. Mais les coopérations avec la Communauté européenne et les partenaires internationaux se sont mal engagées. Elles ont été motivées par les débouchés qu’offraient, pour la production industrielle du Nord, les sources en matières premières des pays du Sud, et ont été nourries par la croyance selon laquelle ces régimes constituaient un rempart indispensable contre la menace terroriste et contre l’islamisme.

 

LA : Quelles sont les conséquences d’une telle gestion de la libéralisation des échanges sur ces trois économies ?

MCF : La privatisation de ces Etats a bénéficié aux clans liés aux familles des gouvernants comme en Tunisie où cela s’est fait au détriment de la classe moyenne qui avait été créée du temps de Bourguiba. La fortune de Ben Ali correspond ainsi au budget annuel de l’Etat tunisien et au tiers de la dette du pays tandis que celle de Moubarak équivaut à la dette de l’Egypte. L’autre corollaire de cette gestion opaque est l’exclusion des jeunes diplômés, l’explosion du taux de chômage et la peur des entrepreneurs locaux qui, en l’absence d’une véritable transparence dans l’attribution des marchés, n’osent plus investir ou préfèrent partir à l’étranger.

 

LA : Quels changements peut-on attendre à présent que le vent de la révolution a soufflé sur ces pays ?

MCF : Si cette révolution aboutit à l’instauration de la démocratie, il sera possible de créer un grand marché dans cette région d’Afrique du Nord et d’inscrire les coopérations avec l’Europe dans une logique de co-développement et d’échanges moins inéquitable. Ce sera une chance pour le développement de l’ensemble du pourtour de la Méditerranée. Les pays européens, qui cherchent à accroître leur zone de chalandise tout en souhaitant atténuer et l’immigration et la menace terroriste, ont tout à gagner d’une telle évolution.

 

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