Algérie/Interview Tourisme

L'Algérie, une destination fertile

Ministre de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et du Tourisme, Chérif Rahmani passe en revue les différentes initiatives pour promouvoir la destination Algérie : un pays où les opportunités d'affaires sont nombreuses.

Propos recueillis par Véronique Narame

Paru dans Arabies, Mensuel du monde arabe et de la francophonie - Janvier 2010

Vous êtes à la fois chargé de l’Aménagement du Territoire, de l’Environnement et du Tourisme... Pourquoi ces trois portefeuilles sont-ils réunis en un seul ministère ?

Cette nouvelle démarche, adoptée par le schéma d’aménagement du territoire, a précisément retenu le tourisme durable comme fondement de l’action et comme objectif stratégique. Combinant valorisation du potentiel touristique et préservation des milieux naturels et des écosystèmes, le développement de cette autre forme de tourisme concilie équité sociale, efficacité économique et soutenabilité écologique. En répondant aux attentes de la demande nationale et internationale, et en se positionnant sur des produits phares porteurs de nouvelles niches, le tourisme pourra créer les conditions d’une forte attractivité de la destination Algérie et constituer, en même temps, un puissant allié pour l’environnement.

L’écotourisme sera développé avec précaution dans les aires protégées et les espaces sensibles - comme les zones humides et les parcs sahariens. A l’évidence, les infrastructures doivent prendre en charge toutes les exigences du tourisme durable : authenticité, ressourcement, évasion, émotion. Aussi, le respect des sites naturels et des cultures locales doit être restitué dans la qualité architecturale du bâti et dans le cadre de la promotion de normes environnementales : énergie renouvelable, traitement des eaux, aménagement paysager...

Comment envisagez-vous de développer l’activité touristique ?

Un plan stratégique a été adopté pour la construction d’une économie touristique. Il sera, à long terme, une alternative à l'exportation des hydrocarbures. Il s’articule autour de la valorisation de la destination Algérie, d’un plan de qualité tourisme, de la rationalisation et du développement des investissements par l’émergence de sept pôles touristiques. La promotion du partenariat et la mise en œuvre d’un accompagnement institutionnel financier et fiscal prévoyant des mesures d’allègement fiscal et de bonification de taux d’intérêt pour l’investissement touristique - conformément à la loi de finances complémentaires 2009 - sont intégrés à ce dispositif.

Ces dynamiques ont connu une mise en œuvre prometteuse. De nombreux investissements ont été engagés. Beaucoup d’autres sont en phase de maturation. Les objectifs fixés par le business plan à l’horizon 2025 devraient être atteints. Plus de la moitié de la capacité prévue est en effet en cours de réalisation - soit 20 villages touristiques et 350 hôtels, totalisant une capacité de plus de 35000 lits. Le transport a, de son côté, fait l’objet de partenariats avec Air Algérie et Air Tassili  pour la densification des dessertes en direction du grand sud et le développement des vols charters.  

Quels sont vos objectifs ?

Un business plan a fixé pour l'exercice 2015 un objectif d’accueil d’une capacité de 75 000 lits - dont 45000 pour le haut de gamme. A l’horizon 2025, le pari d’une intégration de la destination Algérie dans les marchés internationaux du tourisme devra être remporté.

Vers quels types de tourisme s’oriente l'Algérie ?

Notre pays recèle une grande diversité de ressources, dont certaines, qui nous sont spécifiques - comme le saharien, le thermal, le culturel - et que nous nous proposons de privilégier. D’autres nous permettent légitimement de prétendre à une place de choix, a l’instar du tourisme balnéaire, d’affaires et de congrès, ou pour le sport et les loisirs. A cette diversité de ressources, on peut ajouter l’authenticité des sites, l’aventure, la découverte, l’évasion...

Et le tourisme d’affaires ?

Avec le Sahara, le tourisme d’affaires a connu une évolution remarquable ces dernières années. Cette progression est le résultat du climat généré par la mise en œuvre des programmes de soutien à la croissance - initiés par le Président de la République - ainsi que par les possibilités d'investissement et de partenariat. Dee façon plus générale, cela provient de l’ouverture de notre économie à l’international.

D'où proviennent principalement les touristes qui visitent l’Algérie ?

De France, notamment, où tous ceux qui ont l’Algérie dans le cœur sont nombreux. A eux seuls, ils embrassent tout l’arc de notre tourisme : mémoriel, historique, de confort, balnéaire, saharien, de découverte, d’affaires... Plus généralement, les marchés extérieurs qui peuvent être organisés en marchés prioritaires à fidéliser - Espagne, Italie, Allemagne - et en marchés prometteurs : Grande- Bretagne, Hollande, Autriche, pays scandinaves. Puis viennent les marchés lointains, mais d’avenir  : Chine, Japon, Russie, Canada, USA, pays du Golfe.

Dans un futur proche, imaginez-vous qu'un circuit « Maghreb Central » soit possible ?

Pourquoi pas ? On peut y ajouter les deux autres pays membres de l’Union du Maghreb Arabe. Il y a une continuité territoriale qui permettrait l’organisation de circuits transnationaux. Du reste, c’est déjà le cas avec le raid Harley Davidson qui a traversé l’Est algérien et fait une boucle sur le territoire tunisien. Quant à la caravane du Festival international du tourisme solidaire, qui partira de Marseille au printemps prochain, elle traversera la Tunisie, l’Algérie ainsi que le Maroc.