Abidjan-Ouaga : après la crise
Paru dans Afrique Magazine – Août-Septembre 2011
Entre les deux capitales, la libre circulation des biens et des personnes doit se faire, nous explique le ministre burkinabé du Commerce, de l'Industrie et de l'Artisanat, Arthur Kafando.
Coton, produits pétroliers ou alimentaires, engrais, infrastructures de transport, énergie… Où en sont les échanges économiques et commerciaux vitaux pour les deux pays voisins que sont le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire ? Le point avec Arthur Kafando, ministre burkinabé de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat.
AM : Quel est le volume des échanges avec la Côte d’Ivoire ?
Arthur Kafando : Il est important. Avant la crise ivoirienne, 60% de nos exportations de coton y transitaient, les 40% restants étaient acheminés vers les ports de Lomé [Togo] et Tema [Ghana]. En outre, 70% de nos produits d’importation issus de la zone UEMOA [Union économique et monétaire ouest-africaine] proviennent de ce pays. C’est notre principal fournisseur, avec 130 milliards F.CFA (198 millions d’euros) de valeur importée, sur les 140 milliards (213 millions d’euros) provenant de la sous-région. Les produits pétroliers sont au premier rang des dépenses, avec 25% pour le gasoil, 20% pour le super et 10% de fuel. Les engrais, les cigarettes, l’huile de consommation alimentaire ainsi que les produits manufacturés proviennent également de Côte d’Ivoire.
La reprise du transport entre Ouagadougou et Abidjan est-elle à l’ordre du jour ?
Pendant la crise, d’autres ports de transit ont suppléé celui d’Abidjan. Ce fut le cas de Takoradi et Tema, au Ghana, ainsi que de Cotonou, au Bénin, pour le stockage des hydrocarbures, et de Lomé. A présent que les activités au Port autonome d’Abidjan ont redémarré, les échanges entre les deux pays – par la route et le rail - vont pouvoir s’intensifier. Ce sera sans conteste profitable à la région Ouest du Burkina Faso, qui est équipée pour les gros tonnages, avec le port sec de Bobo-Dioulasso, des unités industrielles ainsi qu’une station pour les hydrocarbures. S’agissant du train, sa reprise est amorcée, bien que le transport des voyageurs ne soit pas encore véritablement opérationnel. Le ministère des Transports va travailler en ce sens avec le concessionnaire Sitarail pour l’amélioration du réseau ferré. Quant au trafic aérien, la compagnie nationale Air Burkina, qui a toujours maintenu la desserte de l’aéroport d’Abidjan, soutient la même cadence pour ses vols passagers et cargo.
S’agissant de la fourniture d’électricité, comment fonctionne l’interconnexion ivoiro-burkinabé ?
Elle est effective depuis fin 2009 et nous fournit 80 MW sur une consommation totale de 180 MW. Nous diversifions à présent nos sources énergétiques via un projet de centrale solaire développé avec une compagnie minière et en encourageant la production privée.
Comment optimiser les échanges ?
La libre circulation des biens et des personnes doit se faire. Sur le plan de la réglementation, les objectifs sont atteints. Reste à présent, à tous et à chacun - partenaires techniques compris –, à faire un effort pour que leur application soit effective.