Congo/Economie numérique

Jean Bruno Pissa, une vision panafricaine

de l’informatique et des télécoms

Paru dans CIOmag - Avril/Mai 2013

Optimiser les ressources du téléphone GSM classique, via le Cloud SMS, c’est le pari qu’a fait Jean Bruno Pissa, directeur général d’AiTech Congo.

Pour aller encore plus loin dans l’exploitation du GSM basique, Jean Bruno Pissa, directeur général d’Afrique Informatique Technologies - AiTech Congo - travaille au développement du Cloud SMS. Cette plateforme facilitera la mise en place de services à valeur ajoutée. « Le développement du système de SMS sur un téléphone mobile n’en est qu’à ses balbutiements. Pourtant, ce pourrait être une alternative intéressante au Smartphone dont le prix d’achat n’est pas à portée de toutes les bourses. Avec le Cloud SMS, le téléphone GSM pourrait connaître de substantielles évolutions et disposer d’un plus large spectre de solutions comme l’e-banking. Il sera d’autant plus performant si on atteint les 256 caractères par message SMS, contre 160 actuellement », explique le Dg de cette société congolaise de services et d'intégration en informatique et télécom (SSIIT).

Développeur du Cloud SMS

Jean Bruno Pissa expérimente le procédé au sein d’AiTech Congo, la société qu’il a créée en 2002. Son objectif est de développer des applications pour accéder à de nouveaux services de mobilité et de connaissance, ainsi qu’à une solution éducative révolutionnaire : l’alerte parent. C’est d’ailleurs le projet phare de 2013. L’alerte parent consiste à renforcer la communication entre les parents d’élèves et l’institution éducative grâce aux SMS, qui fournissent des informations en temps réel. Déjà, le système fonctionne dans les établissements scolaires de Brazzaville et pourrait bien faire des émules dans d’autres pays.

Jean Bruno Pissa, spécialement venu à Paris pour présenter son innovation, en dévoile les contours. « Le concept de Cloud SMS, que nous expérimentons déjà, assure une liaison directe entre les parents et les écoles. Il fonctionne avec un ordinateur installé dans l’établissement qui relaie les informations envoyées par SMS. Ces messages sont enregistrés et chaque fin de mois, un récapitulatif est effectué. Le feed-back ainsi réalisé offre une traçabilité sans commune mesure avec le carnet de liaison traditionnel. »

Cet instrument au service de l’institution éducative a d’ores et déjà suscité l’adhésion de la Fédération africaine des parents d’élèves qui voit là un excellent moyen de réhabiliter l’école et de maximiser le contrôle parental. Le patron d’AiTech escompte à présent le soutien de l’Unicef pour que ce procédé soit implémenté dans le monde entier. Pour l’heure, Jean-Bruno Pissa peut déjà compter sur la contribution de son pays à l’essor du secteur éducatif. Pas moins de 10% du budget national congolais est dédié à l’éducation.

Innovation africaine

En parallèle de ces innovations, Jean Bruno Pissa et son équipe – un staff de 19 personnes parmi lesquelles des techniciens de haut niveau et un ingénieur de développement – combinent des applications sur le langage java et pour le système Androïd. L’intégration de solutions informatiques est du reste le cœur de métier de la SSIIT, qui au fil du temps, s’est imposée sur la place congolaise – à Brazzaville et Pointe-Noire.

Avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 350 000 à 400 000 F.CFA en moyenne annuelle ces trois dernières années, AiTech Congo a atteint la taille critique. Son dirigeant y a pleinement contribué. A 47 ans, Jean Bruno Pissa dispose d’une expertise complète de l’univers des TIC. Déjà, à l’université Marien Ngouabi, où il effectuait ses études d’analyste programmeur, il avait créé PSI, une société qui dispensait des cours de soutien en informatique aux étudiants de la faculté. Plus tard, il rejoint une firme chinoise positionnée en France, qui installe les solutions américaines Novell. En 1995, il rentre au Congo, bien décidé à expérimenter ces logiciels dans son pays. Mais la guerre le stoppe dans son élan. Passée cette période difficile, Jean Bruno Pissa réinvestit le terrain en s’associant à la création d’Alaiby Télécoms, premier fournisseur d’accès Internet au Congo. S’ensuit le lancement d’AiTech Congo, sa société, qui n’en finit plus de progresser. Sa prochaine cible : une présence dans d’autres pays d’Afrique.