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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

27 décembre 2009 7 27 /12 /décembre /2009 10:42


Des champs d'avenir...

 

 

En Tunisie, en Algérie et au Maroc, gouvernements et populations rurales s’activent au développement de l’agriculture et des produits de la mer pour achalander les étals des commerces de la région, et exporter partie de leur production vers les marchés du monde.

 

    route imouzzer   vigne

 


Les surfaces agricoles, les fonds marins et les unités industrielles du Maghreb central produisent quantité de ressources. Ces résultats sont le fruit de politiques et de programmes mis en œuvre depuis des années, pour parvenir à l’autosuffisance alimentaire et réduire dans le même temps la facture des importations, tout en augmentant la part des exportations. Pour cela, il faut composer avec les aléas climatiques et les règles du commerce international. Des défis que relèvent pourtant, contre vents et marées, les acteurs de cette économie vitale.   

 

En Tunisie, le secteur agricole occupe une place importante dans l’économie. Selon l’Agence de promotion des investissements agricoles, il contribue pour 12 % du PIB et c’est la principale activité dans plusieurs régions. « L’avantage compétitif de l’agriculture tunisienne découle de son potentiel agronomique et surtout de l’ingéniosité de ses hommes. Malgré son aridité, le climat offre de grandes opportunités dans les produits spécifiques, et dans ceux à haute valeur commerciale, tels que les produits de la mer, les produits alimentaires biologiques ou les primeurs » souligne l’APIA.

La Tunisie est, rappelons-le, le quatrième producteur mondial d’huile d’olives, avec 163 000 tonnes au cours de la dernière décennie, soit 6 % de la production mondiale. Quant à la production d’olives, elle est estimée entre 700 et 800 000 tonnes pour la saison 2008/2009. Le secteur céréalier est quant à lui soutenu, l’objectif étant d’atteindre 27 millions de quintaux à l’horizon 2011, comme le préconise Abdessalem Mansour, ministre de l'Agriculture et des ressources hydrauliques. Il soulignait en octobre 2008 à Jendouba qu’il convenait d'alléger le fardeau de l'importation et d’atteindre l'autosuffisance sur ce plan.  

D’autre part, des mesures visant à inciter la création de projets à forte valeur ajoutée et à encourager l’initiative privée ont été engagées par l’Etat, depuis 2002. Il s’agit des pépinières d’entreprises (agricoles, de pêche et de première transformation) établies au sein des établissements d’enseignement supérieur agricole. L’implantation d’exploitations modernes basées sur des technologies nouvelles a également été favorisée, avec à l’appui, un programme de formation prévoyant des modules techniques, en gestion,  et sur la création de projets. De la même manière, l’APIA incite les Tunisiens résidents à l’étranger (TRE) à investir dans l’agriculture, rapporte notre confrère Moncef Mahroug, qui précise que le montant de l’investissement des TRE dans ce secteur devrait en 2008 s’élever à 10 millions de dinars.

A l’export, les biens alimentaires représentent 9,4 %, avec par ordre d’importance : l’huile d’olive, les produits de la mer (207 millions de dinars en 2005 avec une clientèle importante en Italie, Japon et Grèce), les dattes (qui génèrent 187 millions de dinars de revenus pour 61.000 tonnes exportées vers 56 pays), les agrumes (à destination principalement de la France et l’Espagne) et les légumes. L’accord d’association signé en 1995 avec l’Union européenne et amélioré à plusieurs reprises, facilite l’exportation de fruits et légumes frais, conditionnés et transformés, des produits d’origine animale, des semences et plants, fleurs, et produits de la pêche.

 

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L’Algérie, de la même manière, optimise l’agriculture. En 2006, elle comptait pour 8 % du PIB, mais son taux devrait s’accroître, avec la Loi sur l’orientation agricole qui prévoit pour cela une série de mesures visant à réactiver l’économie rurale et à valoriser les produits du terroir. A savoir, des encouragements financiers pour soutenir les acteurs de la filière lait et céréales et en augmenter les rendements, ainsi que la planification de contrats programmes avec les wilayas d’ici la fin de l’année pour mettre en place à l’horizon 2013 un vaste programme de relance en milieu rural et de développement durable.

« Pour nous mettre à l’abri de la crise, il faut prendre conscience de l’importance que revêt la libéralisation des initiatives des créateurs de richesses, que sont les agriculteurs, les éleveurs et les investisseurs dans l’agroalimentaire » déclarait le 19 octobre Rachid Benaïssa, ministre de l’Agriculture et du Développement rural.

Sur ce champ, référons à l’agriculture et à l’élevage des régions sahariennes qui mobilisent leurs savoir-faire ancestraux pour dompter l’aridité des sols et cultiver -grâce à d’ingénieux système de captage de la nappe phréatique, d’irrigation et d’aspersion- fruits, légumes, céréales. S’élèvent de la même manière des troupeaux de plusieurs milliers de têtes de camelins, bovins, ovins, caprins. À El Golea, Metlili, Timimoun, Tamanrasset, des exploitations cultivent ainsi sur plusieurs centaines d’hectares des céréales, des dattes, des raisins muscats, des abricots… et entretiennent d’impressionnants cheptels. A l’extrême nord du grand Sud, dans la wilaya de Aïn Defla, un bassin laitier est quant à lui en passe d’être concrétisé par les nombreux producteurs.

Un des autres objectifs majeurs de l’Etat est de reconstruire un secteur agro-alimentaire moderne et compétitif. Le ministre préconise en ce sens le renforcement des relations d’affaires entre les agriculteurs et les industriels, pour garantir progressivement la sécurité alimentaire. « Il existe des perspectives agroalimentaires qu’il faut mettre en adéquation avec les capacités des agriculteurs nationaux » précise-t-il. Des coopérations se profilent, en particulier des partenariats algéro-américains pour encourager le développement de la filière laitière.

Et les ambitions de l’Algérie ne se limitent pas à son marché intérieur. Elle s’attaque en effet à l’export, en ciblant le marché méditerranéen et africain. S’agissant des principaux produits exportés, signalons les eaux (plus de 34 milliers de tonnes pour les neufs premiers mois de 2008), les mélasses (12,88 milliers de tonnes) et les dattes (9,34 milliers de tonnes destinées à 85% à l’Europe et équivalant à plus de 19 millions de dollars), les mollusques…

Pour indication, parmi les produits alimentaires exportés vers l’Afrique en 2007 : les boissons, les pâtes alimentaires, les farines, les oignons, les yoghourts, ceci comptant pour plus de 14% des exportations hors hydrocarbures, soit 85% de plus que l’année précédente.

Le groupe Cevital, sixième entreprise algérienne, leader de l’agroalimentaire, s’illustre quant à lui sur le segment des huiles et margarines, dont il approvisionne plusieurs villes africaines. Isaad Rebrab, son dirigeant, projette d’écouler également sa production de sucre raffiné à l’export, depuis sa raffinerie située sur le port de Bejaia, à l’Est du pays.

 

L’agriculture est l’un des piliers de la croissance du Maroc, avec 15 à 20 % du PIB (selon les années), et un taux de progression annuel des exportations de 5%. Grâce à une politique d’irrigation performante promue depuis plusieurs décennies, des agropoles industriels pour le conditionnement et la transformation, ainsi que des pôles de compétitivité dédiés à la recherche et au développement, le royaume chérifien a fait monter en puissance et en valeur son potentiel agricole et agro-industriel.

Le Plan Maroc vert, prévoit ainsi 110 à 150 milliards de dirhams d’investissements sur dix ans pour développer la filière de production végétale, la gestion de l'eau, la protection du cheptel et l'amélioration de la productivité, l'encadrement agricole et le financement des exploitations agricoles. « L'agriculture doit être le principal moteur de la croissance et de la lutte contre la pauvreté. Cette réforme est basée sur deux piliers : une agriculture moderne axée sur des investissements privés, et des investissements sociaux en milieu rural ».

En octobre 2008, a d’ores et déjà été mobilisée par le Crédit agricole du Maroc une enveloppe de 20 milliards de dirhams pour le secteur agricole (dont 5 milliards destinés aux crédits des petits agriculteurs et 1 milliard à travers la Fondation ARDI de micro crédit).

« Le Plan Maroc vert prévoit à cette enseigne deux types d’agriculture. L’une plus intensive destinée à l’exportation, l’autre traditionnelle et vivrière, qui emploie la population rurale » explique Ahmed El Haouti, Directeur du Centre régional d’investissement de Tadla Azilal, une région qui détient 30 % de la production nationale de betterave à sucre, 20 % de celle de lait, 20 % pour les agrumes et 17 % de l’huile d’olive. 

L’optimisation des cultures, le secteur de l’agro-industrie se développe, dans de nombreuses régions, et s’attache à la transformation de ces ressources. La fédération des industries de conserve des produits agricoles du Maroc et celle des industries de transformation et de valorisation des produits de la pêche sont à ce sujet très actives.

En parallèle, un ambitieux projet d’agropole sera réalisé à Meknès, par la société Medz, filiale du groupe Caisse de dépôt et de gestion (CDG). Il comprendra cinq filières : céréaliculture, oléiculture, fruits et légumes, lait et viande. « Il s’agit de la création d’un pôle de compétitivité dédié à l’industrie agroalimentaire et devant abriter sur le même site des entreprises de production, des centres de formation, des unités de recherche publiques ou privées » ont annoncé les promoteurs du projet. Un Institut spécialisé en industrie agroalimentaire (ISIAM) est dans le même temps programmé, pour former le capital humain. Son ouverture est prévue pour 2009-2010.

orangerPour accroître ses exportations, le Maroc a signé plusieurs accords de libre-échange avec les pays arabes, la Turquie, l’Union Européenne auprès de laquelle il a obtenu en octobre dernier le statut avancé et avec les Etats-Unis. Cependant, s’agissant de l’UE, quelques concessions supplémentaires de la part des voisins européens sont escomptées. « Les produits phares comme la tomate, les fruits et légumes, les fraises, ont été mis sur la liste négative, c'est-à-dire interdiction d'importation sauf dans le cadre de quotas » déclarait à la presse le  ministre du commerce extérieur, en juillet 2008. Les exportations d’agrumes étant en effet soumises à des quotas, elles enregistraient une baisse de 5% en avril de cette même année par rapport à la campagne précédente, alors même que leur production avait été multipliée par 2,5. Ce qui amène la filière agrumicole à conquérir les marchés lointains que sont les Etats-Unis, les pays du Golf, la Chine ou le Japon. Pour ce qui est des cultures biologiques principalement destinés à l’export,  leur activité est en progression continue.

 

On le voit, le potentiel agricole et halieutique du Maghreb central est riche et le développement de la filière img7agro-industrielle va crescendo, renforcé en cela par les initiatives de mutualisation qu’ont impulsé à ce sujet et l’Union du Maghreb Arabe, et les ministres de tutelle du Grand Maghreb. En  juillet 2008, à Fès, Maroc, ils se sont réunis, pour définir une stratégie commune afin de faire face aux grands défis de l’agriculture dans cette région. Habib Ben Yahia, Secrétaire général de l'UMA, a affirmé que « la conférence maghrébine sur l'agriculture a été une occasion propice pour redynamiser l'action et promouvoir davantage les stratégies communes de développement économique et social des pays de l'UMA » (source MAP). Des programmes de coopération dans les domaines de production de semences améliorées, de l’exploitation des ressources hydriques, dans ceux des transferts de technologies modernes et de recherche scientifique ont été mis en place, ainsi qu’un fonds de soutien aux agriculteurs. L'Union arabe des agriculteurs et coopératives arabes réunie en octobre, à Tunis, a, de la même manière, encouragé à l'établissement de programmes et stratégies susceptibles de renforcer le rôle des agriculteurs et des coopératives arabes.

 

 

Paru dans Arabies, Mensuel du monde arabe et de la francophonie - N° 261 - Janvier 2009

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