Le patrimoine culturel malien vole en éclat
Paru dans Le magazine de l’Afrique – Juillet/Août 2012
Le Mali, terre d’élection des grandes civilisations d’Afrique, est au cœur de la tourmente. Des pans entiers de sa culture sont saccagés.
Depuis la partition du territoire, les joyaux de la culture malienne sont la cible d’irréductibles qui anéantissent sans vergogne des pans entiers de l’histoire de cette nation pluriculturelle. Aujourd’hui, le Mali craint pour la sauvegarde de son patrimoine. « Un des premiers actes des forces armées, lorsqu’elles ont investi la ville de Douentza, a été de détruire le monument Djina Dogon. On n’est pas dans l’islam, on est dans la dégradation de toute trace de civilisation et de savoir », s’inquiète Ismaïla Samba Traoré, écrivain et éditeur.
Sur le terrain, la résistance s’organise. Le gouvernement du Mali condamne ces agissements et saisit l’Unesco. En mai, une délégation s’est rendue à Bamako et a convenu de finaliser l’adhésion du pays au Protocole de 1999, relatif à la Convention de La Haye, pour la protection des biens culturels en cas de conflits armés. Le Tombeau des Askia, édifié en 1495 à Gao par l’empereur du Songhaï, devrait prochainement être inscrit sur la liste du patrimoine mondial en péril, ainsi que deux sites de Tombouctou.
Diallo Fadima Touré, ministre de l’Artisanat, de la Culture et du Tourisme, engage les autorité s politiques, religieuses et coutumières à veiller à la protection des biens. Ce que font les populations de Kidal, en s’assurant de la sauvegarde de la cité médiévale d’Es-Souk, point de passage du commerce caravanier du IXe au XIIe siècle, qui a exercé un rôle majeur entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne.
De même, Igo Diarra, directeur des éditions Balani et du centre culturel La Médina, impulse une série d’évènements, dont la projection du film Les manuscrits de Tombouctou, œuvre du réalisateur sud-africain Zola Maseko.