TCHAD
Or noir et énergies renouvelables
Paru dans African Business - Août/Septembre 2012
Le pétrole est le secteur clé de l’économie. C’est la première entrée de devises du Tchad. Il représente 90% des exportations. Le pays de Toumaï mise sur les énergies renouvelables comme solution au problème énergétique auquel il est confronté.
Depuis 2003, le Tchad est entré dans le club des pays exportateurs de pétrole et, en dix ans, il a considérablement accru sa production. Les revenus pétroliers contribuent au financement des dépenses et des travaux de modernisation d’une nation qui a souffert de plusieurs décennies de troubles. « L’exploitation des richesses de notre sous-sol va se poursuivre intensément pour doter le pays de ressources additionnelles », déclarait Idriss Déby Itno, président de la République, en 2010. La rente pétrolière a d’ores et déjà changé la physionomie des recettes du pays. « Depuis l’entrée en production, le budget de l’Etat a été multiplié par six ou sept. Les deux champs en exploitation sont les gisements de Doba avec 100 000 barils/jours et de Djarmaya, situé au nord de N’Djamena, qui produit 20 000 barils/jours ».
Selon les estimations du FMI, le Tchad disposerait de réserves d’or noir jusqu’en 2035. Les compagnies pétrolières positionnées sur l’exploitation des deux principaux sites sont ExxonMobil à Doba et la Cnpci (China National Petroleum Corporation International) à Rônier. De Doba, le pétrole brut qui est destiné à l’exportation est acheminé par un pipeline de 1 000 kms vers le port de Kribi, au Cameroun. L’oléoduc tchadien sera bientôt utilisé pour le transport du pétrole nigérien. En avril, Issoufou Mahamadou, président du Niger, s’est rendu au Tchad et à l’issue de ses entretiens avec le chef de l’Etat, il a déclaré avoir choisi cet itinéraire pour faire transiter sa production.
Depuis 2011, le Tchad dispose de sa raffinerie, à Djarmaya (40 km de la capitale), laquelle traite le pétrole brut du champ de Rônier. Elle pourvoit à la consommation de gasoil et de super, et évite l’achat de carburant nigérian, même si elle ne couvre pas la totalité des besoins nationaux. La production a d’ailleurs été momentanément suspendue en début d’année. En cause, un désaccord commercial entre l’Etat tchadien et l’exploitant et constructeur de la raffinerie, le Chinois Cnpci. « Le gouvernement avait dû fermer la raffinerie et avait renvoyé son directeur faute de pouvoir trouver un accord sur le prix de vente à la pompe. Mais ils ont fini par s’entendre et le gasoil est à présent commercialisé 500 F.CFA le litre et le super à 320/350 F.CFA/litre », indique une source tchadienne.
Vers les énergies renouvelables
Pour suppléer cette énergie fossile dont les ressources sont épuisables, et fournir de l’électricité aux 11 millions de Tchadiens, le gouvernement s’engage dans la voie des énergies renouvelables. Les autorités mettent en place un nouveau cadre institutionnel et réglementaire, avec l'aménagement ou la suppression de la TVA ainsi que des taxes et frais de douanes sur l’achat de matériel. On annonce aussi la création d’un agence autonome chargée de la régulation, du développement, de l'accès et de la promotion des investissements dans le secteur, et d’un fonds y afférent.
En attendant ces nouvelles mesures qui faciliteront in fine les partenariats public-privé, on effectue des études sur les sites jugés propices à l’installation de fermes éoliennes. « On va installer des mâts de mesure à Faya-Largeau, au Nord du Tchad, ainsi qu’à Abéché, au centre du pays, et à Djarmaya. Le Sud, moins venté, donc moins propice à l’éolien, sera dédié au solaire. On prévoit aussi d’intégrer les énergies renouvelables dans les bâtiments publics et les maisons individuelles », explique Allasra Naorgué, juriste, qui est un des responsables du Projet de développement des EnR.
Tout cela s’installe graduellement, en même temps que va nécessairement se mettre en place la formation du personnel. Ces aspects ont été abordés lors du premier Forum des énergies renouvelables, qui a eu lieu en février 2012 à N’Djamena, et auquel ont notamment participé le Maroc ainsi que la fondation Désertec.