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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 12:15

 

Le rempart de l'écologie

 


  Paru dans Arabies - Mensuel du monde arabe et de la francophonie - N° 264 - Avril 2009

 

 

 

Concilier croissance économique et protection de l’environnement, tel est le challenge que relève la Tunisie, pour sauvegarder son écosystème d’exception et conserver sa tout aussi remarquable biodiversité.

 

 

Après avoir concentré ses efforts sur son essor économique et social durant ces trois dernières décennies, la Tunisie a très vite centré parallèlement son attention sur la préservation de ses ressources naturelles. Ce qui lui permet aujourd’hui de lutter efficacement contre l’inexorable érosion climatique et écologique en capitalisant sur son actif. Depuis 1996, ont en effet été engagés dans le cadre des IXème, Xème et XIème plans, des séries de mesures concernant le patrimoine écologique, la lutte contre la désertification et les pollutions. La création, en 2004, du ministère de l'environnement et du développement durable est venu renforcer cette orientation politique. Sa mission : « Développer des programmes pour activer la mise en œuvre des actions de protection de l'environnement, d'amélioration de la qualité de la vie et de conservation des ressources naturelles, en plus de son rôle d'animateur des activités de la Commission Nationale du Développement Durable (CNDD) en action depuis 1993 ».

Des défis d’envergure, auxquels le pays fait face, avec, au centre de ses priorités stratégiques, la conservation des eaux et des sols ainsi que la mobilisation des ressources hydrauliques et phytogénétiques que constituent les plantes cultivées. Dans cette perspective, a été instituée une Banque nationale des gènes. L’intention est de sauvegarder la biodiversité végétale et animale en fournissant à l’agriculture les espèces de la faune et de la flore locales qui pourront améliorer sa productivité. Et garantir par conséquent la sécurité alimentaire en reconstituant le patrimoine génétique de certaines variétés autochtones qui avaient disparues, et en escomptant l’amélioration des rendements de la production céréalière par la réintroduction d’espèces résistantes à la sécheresse. Ce travail est réalisable grâce aux travaux de recherche agricole sur ce thème promu par l’Institut des régions arides de Medenine, l’un des observatoires de surveillance écologique du continent africain.

 

Le spectre des enjeux visant à la préservation des ressources naturelles est, on le voit, très étendu. Il s’agit en effet de maintenir à un bon niveau de compétitivité la production agricole et industrielle, tout en préservant le milieu écologique. Depuis son adhésion au Protocole de Kyoto, en 2003, le bureau national du développement propre s’est ainsi focalisé sur la maîtrise de l’énergie et l’exploitation des énergies renouvelables. Des mesures visant à la promotion des investissements vers des techniques et des procédés de fabrication à faible intensité énergétique ont pour cela été adoptées. Cette option a été évoquée lors de l’« Ecomed Energie », les 23 - 25 avril 2009, à l’Expo Center Medina Mediterranea de Yasmine Hammamet.

 

IMG 0354Compte tenu de l’aridité du climat, il a également fallu lutter contre la désertification et la dégradation des zones forestières du Nord, des plaines steppiques et subsahariennes, ou du littoral. Pour se prémunir contre la raréfaction du potentiel hydrique que subit graduellement le continent africain, et par analogie la Tunisie, celle-ci a déployé un plan d’envergure. Cela passe par la sauvegarde de ses milieux oasiens, dont celui de Chenini, près de Gabès. Un projet qui s’insère dans le dispositif maghrébin de développement durable des oasis supervisé par l’Union du Maghreb Arabe, qui a été lancé en janvier 2009. A noter aussi les importantes avancées technologiques en termes de dessalement ou de gestion de l’eau dans l’agriculture par l’irrigation. Toujours sur la théIMG_0360.JPGmatique de l’eau, en partenariat avec l’Algérie et la Libye, ont été mises en œuvre des stratégies et des mécanismes de gestion concertée des eaux souterraines : le Système aquifère du Sahara septentrional (SASS). Plus largement, la Tunisie, via son ministre de l’environnement et du développement durable, est présidente de l’Observatoire du Sahara et du Sahel. Cette plateforme de partenariat Nord-Sud-Sud établie à Tunis et regroupant 22 pays africains, 5 pays du Nord ainsi  que diverses organisations africaines et du système des Nations-unies, a pour but d’intensifier le développement durable sur le continent.

 

 

Mise à niveau environnementale en 2009. De nombreuses « éco-décisions » prenant effet en 2009 ont été impulsées par les pouvoirs publics. Nadhir Hamada, Ministre de l’Environnement et du Développement Durable, a déclaré lors d’un point de presse en janvier de cette même année, l’intensification des études d’impact visant à l’amélioration de la qualité de vie et à la préservation des ressources naturelles. Des actions afférentes à la protection des éléments vitaux que sont l’eau, l’air et la terre ont de la sorte été paramétrées, à très court terme. Via l’assainissement, la dépollution industrielle, la gestion des déchets et la lutte contre la pollution atmosphérique. Il a également été décidé de mesurer les effets sur le milieu naturel du pôle de développement du centre-est. A savoir la construction de l’aéroport d’Enfidha, du projet de port en eaux profondes et de la zone touristique de Hergla, tous trois édifiés sur des bassins de collecte d’eaux pluviales et des sebkhas, vastes étendues d’eau de mer. Une digue de protection du site de l’aéroport a ainsi été construite tandis que la station d’assainissement a été transférée, et que des dispositions ont été prises pour éviter les inondations et l’érosion du littoral. Il est également à noter des initiatives concernant l’amélioration de l’environnement du lac de Bizerte et du Golfe de Monastir. Quant aux ports de plaisance, notamment celui du Grand Tunis, l’augmentation du volume des eaux usées que génèrera leur fonctionnement est nécessairement prise en compte. Tout ceci va de fait multiplier le nombre de stations d’épuration. Il est ainsi prévu d’en exploiter 108. L’objectif que s’est fixé la Tunisie est de réutiliser ces eaux retraitées pour l’irrigation agricole, de sorte qu’elles ne soient plus rejetées en mer. A ce sujet, l’Université de Gabès et l’Association marocaine de catalyse et environnement de Fès, ont co-organisé un Symposium international « Environnement, Catalyse et Génie des Procédés - ECGP'8 », en avril, à Gabès.

 

La gestion et le recyclage des déchets et effluents sont aussi maximisés, pour limiter les pollutions industrielles et agricoles. La Commission Nationale du Développement Durable (CNDD) créée par Président de la République s’emploie à la mise en œuvre de cet ambitieux programme. Dans ce cadre, nos confrères du Temps soulignent que figure le projet de réhabilitation de Taparura à Sfax qui consiste en l’aménagement d’une nouvelle zone urbaine et de plaisance, après élimination des sédiments marins pollués. Cela concerne également la Sebkha à Mahdia, ainsi que la gestion des déchets dans la région de Gafsa, où un bassin de stockage et de recyclage des eaux boueuses fonctionne. L’on annonçait d’ici fin 2009 des dispositifs de même nature, sur d’autres emplacements. S’ajoutent à ces travaux de dépollution, ceux relatifs à la collecte et au traitement des ordures. Aux neuf décharges déjà existantes, s’ajouteront onze nouveaux autres sites, dont partie des déchets organiques sera transformé en électricité. Telle la décharge de Djebel Chakir, à Tunis, qui assurera prochainement sa production de méga watt « vert ». Des stations de contrôle de qualité de l’air sont par ailleurs installées à proximité des aires urbaines et 15 nouveaux équipements sont programmés dans d’autres régions, portant à 30 leur nombre total.

L’industrie est bien évidemment incitée à intégrer dans son fonctionnement toutes ces dispositions, par l’adoption des normes en vigueur  sur le plan international. Et par la mise en œuvre d’une politique de management environnemental à laquelle les forme le Centre International des Technologies de l’Environnement de Tunis (CITET). L’agro-industrie, en particulier, est soutenue financièrement et techniquement pour que soient labellisés certains produits. A l’instar des fruits (dattes, oranges, grenades), des olives et de l’huile, des produits maraîchers ainsi que de ceux de la pêche.

9DAE-1.JPGL’expérimentation tunisienne dans tous ces domaines a de fait fourni l’occasion d’acquérir une expertise sur le segment des éco-métiers et des technologies propres. La Technopole de Borj-Cedria et ses activités de R&D dans les secteurs des énergies renouvelables, de l’eau et de l’environnement renforcent encore davantage le processus. Fort de son savoir-faire en la matière, Tunis peut se prévaloir d’être à l’initiative de la deuxième édition du Forum International pour l’Investissement et l’Emploi dans le domaine de l’environnement « Green Ifriqiya », qui a eu lieu en novembre 2009.

 

 

Améliorer le cadre de vie. Au pays du Jasmin, protéger son environnement cela implique également de résister à la tentation du tout bétonnage, en prenant soin de végétaliser les villes et en garantissant 15 m2 d’espaces verts par habitants. L’aménagement de parcs urbains fait également partie des priorités du programme national lancé en 1996. Une fête nationale de l’arbre a de la même manière été instituée. Elle illustre ce que peut être la politique menée en faveur du boisement. Au cours de la saison 2007-2008, plus de 15.000 hectares d’arbres et d’arbustes ont ainsi été plantés. En parallèle, un programme dédié à la propreté et à l’esthétique de l’environnement a été impulsé, dès 2004. Il concerne la maintenance des espaces verts, des pépinières ainsi que des plantes d’ornementation. Un événement dédié à cet embellissement des villes a du reste eu lieu, en avril et mai 2009, à Hammamet. « Jardimed » a en outre mis en lumière l’horticulture et l’exportation.

 

 

Toutes ces mesures en faveur du développement durable valent à la Tunisie d’être positionnée -par le Forum de Davos- à la 55è place (sur une échelle de 146 pays). Pour aboutir à ces bons résultats, il lui a fallu redoubler d’efforts et consentir à de lourds investissements.  Gageons que cet équilibre, acquis au prix fort et grâce à de nombreuses coopérations régionales et internationales, ne sera pas annihilé par quelque catastrophe écologique dont on est, hélas, trop accoutumé. « La mer qui nous unit à l’Europe est extrêmement fragile rappelle à cette enseigne Mokhtar Rachdi, Directeur Général de la Marine Marchande de Tunisie. Le quart du commerce mondial et le tiers du transport pétrolier transitent par cette mer semi-fermée. Nous ne sommes pas à l’abri d’accident que pourrait provoquer un navire de 70.000 tonnes…C’est pourquoi faut-il envisager l’Euroméditerranée sous l’angle du développement durable en renforçant et la sécurité, et le contrôle. »

 

 

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