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  • : VERONIQUE NARAME - JOURNALISTE
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LE CHOIX DE LA REDACTION

 

 

ALTERNATIVES INTERNATIONALES  n° 067

Juin 2015

       Boko Haram épuise le Cameroun

Par Véronique Narame
A Maroua et Minawao
 
couverture
                  

Depuis un an, le Cameroun fait face aux assauts meurtriers de la secte nigériane Boko Haram. Et contribue, depuis 2013, à l'accueil sur son territoire de 40 000 réfugiés nigérians dans le camp de Minawao.

 

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LE CHOIX DES INTERNAUTES

JUIN 2015

Algérie / Industrie électrique et électronique : Moderniser et restructurer

Algérie  / Maritime : L'Algérie combine mer et terre

Côte d'Ivoire / Socitech Groupe : Contribuer à la digitalisation de l'Afrique

Burkina Faso / Sibiri François Yaméogo, Styliste Modéliste

Algérie / Photo reportage au Salon international du livre d'Alger

Burkina Faso / Des infrastructures performantes pour l'industrie

 

 

23 septembre 2010 4 23 /09 /septembre /2010 11:34

 

BRUNO THIBAUDEAU

Directeur général Canal+ Maghreb

 

L'esprit du temps

Paru dans le Magazine Aigle Azur - Printemps 2010

 

Canal+ a lancé, en février 2009, son Bouquet à destination de l’Algérie, première étape d’un périple au Maghreb. 35 chaînes en langue française sont ainsi spécifiquement dédiées à cette région d’Afrique du Nord et plus de 300 autres en langue arabe disponibles sur Arabsat sont désormais diffusées aux abonnés de ces programmes de télévision. Pour assurer la promotion de l’offre, Canal+ a nommé son ambassadeur en la personne de Bruno Thibaudeau, directeur Maghreb Canal Overseas.

Bruno Thibaudeau prend le temps de la réflexion avant de se lancer dans le discours. Sur un ton confidentiel et avec force humilité, il nous livre ses impressions de voyageur itinérant découvrant le Maghreb, et en particulier l’Algérie.

Il y a un an et demi de cela, par le fait d’un hasard qui était en définitive un rendez-vous, l’homme de Canal+ Maghreb Canal Overseas est arrivé à Alger. A raison d’un voyage mensuel, il s’est progressivement imprégné de cette atmosphère de front de mer si particulière, et à force d’observation attentive, il a découvert quelques-unes des facettes de la blanche capitale ainsi que de ses habitants.

C‘est par l’écoute et les propos échangés avec les partenaires algériens que le personnage s’est immergé dans la réalité du pays, aux côtés de l’équipe franco-maghrébine chargée du Bouquet de Canal+. Positionné depuis début 2009 sur la diffusion de programmes audiovisuels payants, Canal Overseas Maghreb souhaite à présent consolider sa position en proposant de nouveaux contenus avec une offre culturelle et cinéma plus étayée et des émissions sportives davantage anglées sur l’actualité algérienne. Il est parallèlement prévu d’investir sur le plan technologique en proposant la diffusion en haute définition et le service Triple play combinant accès à Internet, téléphone et télévision. Pour cela, Canal+ Maghreb escompte, d’ici à l’automne prochain, que les conditions de marché soient réunies et que tout fonctionne en synergie avec les grands opérateurs algériens de la télévision et des télécommunications. Si tel est le cas, alors tous les formats de distribution seront envisageables. Hertzien, satellitaire ou triple play seront ainsi proposés sur l’ensemble du territoire.

L’expérience algérienne est une aventure passionnante pour Bruno Thibaudeau qui aime à évoquer ce supplément d’émotions que lui procure ce pays. Ainsi est-il sensible à cette fierté d’appartenance dont font montre ses interlocuteurs et à cet esprit d’ouverture sur le monde qui les habite dans le même temps. De même, est-il impressionné par l’habilité des Algériens dans le maniement de la langue française, ce qu’il considère comme une extrême richesse intellectuelle et qu’il envierait presque, au demeurant.

Pour saisir les tenants et les aboutissants de ce marché, il arpente les lieux et se montre particulièrement attentif à cet environnement. Lorsqu’on la questionne sur ce qu’il apprécie de ses séjours, Bruno Thibaudeau marque une pause, et, un brin lyrique, raconte ce trouble qui l’envahit à la vue du port d’Alger arrimé à la Méditerranée et à cet interminable boulevard qui longe la baie. Un bel endroit où il aime à aller, et où il prolonge volontiers sa journée en ne manquant pas de faire étape chez Sauveur, au petit port de la Madrague, ce fameux restaurant dont il apprécie les crevettes « absolument extraordinaires » et le Saint-Pierre, « un poisson comme il n’en existe pas ailleurs ». L’Algérie telle que la vit Bruno Thibaudeau, c’est aussi ces embruns et ces parfums à nul autre pareil… « Ah mon Dieu ! » lance-t-il, se remémorant l’odeur si subtile qu’exhale la fleur d’oranger. Dans un autre registre sensoriel, il réfère à une musique du Sud saharien que lui ont fait découvrir ses hôtes, lui vantant les bienfaits thérapeutiques que procure cette mélopée.

Et si on lui demande quels personnages incarnent avec maestria ce pays, il cite sans hésitation la « sublime actrice » Isabelle Adjani et, avec autant d’emphase, une femme chef d’entreprise, Mounia, dont il a pu mesurer le professionnalisme. Et puis, il parle avec admiration et respect du cinéaste Lakhdar Hamina. Un peu comme s’il s’agissait d’un être dont il s’inspire, souhaitant lui aussi conserver cette vitalité d’esprit, cette « jeunesse permanente », qui lui permettrait de transcender l’épreuve du temps, en élaborant ad vitam aeternam de nouveaux scenarios.

S’agissant enfin de la culture algérienne telle qu’elle s’exprime en France, il conclut sur l’évocation de cette liesse populaire, sur ce « truc dément » qui embrase Paris lorsque l’équipe nationale d’Algérie marque un but et se qualifie, au final, pour la coupe du monde de foot… L’événement sera évidemment diffusé dans l’émission « Les spécialistes Maghreb » que ne manqueront sûrement pas de suivre les abonnés du Bouquet de Canal+ Maghreb !

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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 19:48

 

Les diplômés du Maghreb à la conquête de l’entreprise

 

Paru dans Arabies - Mensuel du monde arabe et de la francophonie - Mars 2010

 

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L'enseignement au Maghreb est investi par les autorités dans le but de promouvoir la recherche et le développement : deux facteurs essentiels qui favorisent la croissance économique régionale.

 

 

 

Lourds sont les enjeux autour l’éducation en général, et de l’enseignement supérieur en particulier. Car de la bonne performance de ce système et de sa judicieuse adéquation avec la sphère de l’entreprise dépend la montée en puissance de l’économie d’un pays. Les ressources humaines de haut niveau vont en effet générer des projets innovants à haute valeur ajoutée. Le challenge est de taille et le Maghreb central s’active à le relever, en développant et diversifiant parallèlement ses activités. La région dispose aujourd’hui d’une industrie de pointe requérant une expertise de haut niveau. Cette stratégie lui permet à présent de s’étendre sur un large spectre d’activités et notamment dans la co-traitance industrielle et les services. Panorama des avancées sur le plan de l’enseignement supérieur en Tunisie, en Algérie et au Maroc.

 

Les économies des pays du Maghreb central n’étant pas de même échelle, et ne l’étant pas davantage avec celles des pays de la façade nord méditerranéenne, il va sans dire qu’en termes de formation des élites, tout est proportionnellement relatif au PIB. Pour pallier cette fracture, l’Algérie a appelé en juillet dernier, à l’UNESCO, à la mise en place d’une organisation transnationale de l’enseignement supérieur, permettant un développement qui bénéficierait de façon équitable à l’ensemble des nations. Le ministère algérien de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique propose pour cela –dixit l’APS, Algérie Presse Service - de « développer un système africain d’enseignement supérieur, de recherche et d’innovation technologique par la mise en place de réseaux de centres d’excellence dédiés à des programmes spécifiques tels que les biosciences, l’énergie, l’eau, la désertification, les TIC et les savoirs traditionnels ». En outre, il recommande de « mobiliser les compétences expatriées, de combattre la fracture numérique entre le Nord et Sud et d’encourager la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire en matière de science, de technologie et d’innovation ».

 

Pour l’heure, chacun de ces trois pays déploie ses plans d’attaque sur le front de l’enseignement supérieur et de la formation. Avec un PIB de 4 041 dollars par habitants, en 2008, l’Algérie s’attache à se doter des infrastructures idoines, à massifier l’accès à l’université et à promouvoir les travaux des chercheurs, tout en soutenant ces performances par une politique ambitieuse et évolutive. Un plan d’action a ainsi été engagé par les pouvoirs publics sur les cinq prochaines années. Il vise à l’accueil de deux millions d’étudiants dans l’enseignement supérieur, à la réalisation de nouvelles capacités pédagogiques (300.000 nouvelles places) et de nouvelles infrastructures d’hébergement (plus de 200.000 lits). « En outre, est-il précisé par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, le corps enseignant universitaire verra ses effectifs augmenter de près de 50% durant le quinquennat. La mise en place d’une bourse appréciable pour les étudiants doctorants, l’encouragement au perfectionnement des enseignants universitaires, ainsi que l’amélioration de leurs conditions sociales y compris par la réalisation de logements de fonction de qualité, sont destinés à concourir à la réalisation de cet objectif stratégique ». En parallèle, sera généralisé le système « Licence-Master-Doctorat » et les filières scientifiques développées, ainsi que des pôles universitaires d’excellence. La formation et le perfectionnement à l’étranger sera favorisé pour les enseignants chercheurs hospitalo-universitaires et pour les personnels de l’administration centrale. La recherche scientifique verra son élan s’intensifier. 100.000 milliards de dinars seront pour cela alloués et le réseau des centres et laboratoires de recherche renforcé. Des mesures inciteront les entreprises à s’impliquer plus largement dans la R&D. Enfin, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique concentre ses efforts sur le « Programme de soutien au renouveau rural » via le renforcement des capacités humaines et d’assistance technique. Des modules d’économie rurale sont à cette enseigne dispensés dans les universités.

 

Institut-des-Etudes-Hispano-Lusophones-de-Rabat.jpgLa R&D pour améliorer la compétitivité des entreprises. La réforme du système d'éducation et de formation est également engagée au Maroc. Lors du discours du trône prononcé à Tanger en juillet 2009 et coïncidant avec le dixième anniversaire du règne, le roi Mohammed VI a insisté sur le fait que la voie essentielle à emprunter pour relever les défis du développement était bien de promouvoir la recherche et l'innovation, et d'assurer la qualification des ressources humaines. « Ceci est de nature à consolider l'égalité des chances et à permettre de construire la société et l'économie du savoir et de mettre à la disposition de nos jeunes des emplois productifs » a-t-il ajouté. En ce sens, la formation des compétences telle que dispensée dans les établissements d’enseignement supérieur vise les sommets. L’objectif est d’autant plus méritoire que le PIB (2 720 dollars par habitant en 2008) est le plus faible des trois pays du Maghreb central. « L'université, en tant que locomotive de développement, mène des recherches fondamentales et appliquées utiles, dans tous les domaines et pourvoit l'ensemble des secteurs en cadres compétents, à même non seulement de s'y intégrer professionnellement, mais aussi d'y améliorer les niveaux de productivité, de compétitivité et de qualité, afin de pouvoir rivaliser avec ceux des pays développés » atteste le ministère marocain de l'Education Nationale, de l'Enseignement Supérieur, de la Formation des Cadres et de la Recherche Scientifique.  « Initiative Maroc Innovation » s’attache à cette enseigne à la mise en œuvre de projets de fond visant à optimiser la politique d’éducation et l’enseignement des sciences. Le dispositif est étroitement corrélé aux stratégies sectorielles en vigueur dans tous les domaines. Il concerne le plan industriel « Emergence » avec entre autres activités l'ingénierie et la conception dans le domaine de l’aéronautique. Idem pour le développement commercial « Rawaj », le secteur des TIC dénommé « Plan impact » et la « Stratégie Energie, eau et environnement ». Seront de la même manière ciblés le « Plan Maroc Vert », celui afférent à l’éducation, ainsi qu’au tourisme et à l’artisanat. Les infrastructures technologiques sont de la sorte renforcées et est également prévu la construction d’une cellule de R&D internationale sur les nanomatériaux, la microélectronique, les biotechnologies et les TIC. Est également programmée la réalisation de clusters mutualisant les compétences des universités, des grandes entreprises, des fédérations professionnelles et des collectivités locales. Le Cluster atlantique sur l’axe Rabat-Salé, Mohammedia, Casablanca sera l’un d’eux. D’autre part, un programme de chaires universitaires technologiques pour les chercheurs de notoriété mondiale reconnus par leurs pairs est projeté.

 

Les Technopoles tunisiens : des cas d’école. La priorité affichée par le président tunisien Ben Ali dans le domaine de l’enseignement supérieur est sans équivoque. Elle vise l’emploi. La priorité de toujours. Pour cela, la culture de l’entreprise est-elle intégrée dans la plupart des filières de formation. Et plus encore avec les technopoles, ces espaces qui intègrent des activités dans le domaine de la formation et de la recherche scientifique et technologique, et dans celui de la production et du développement technologique. Et favorisent ainsi l'incubation et la création d'entreprises innovantes par la valorisation des résultats de la recherche. « Nous avons misé sur nos étudiants qui sont notre richesse nationale et notre atout pour l'avenir. Nous leur avons ouvert les voies du savoir et promu leur employabilité, afin que tout bachelier puisse avoir une place à l'Université » atteste le président de la République tunisienne. Ainsi, ces mêmes universités sont-elles en capacité d’accueillir la moitié de la tranche d’âge 19/24 ans, soit plus d’un demi-million d’étudiants. Ce qui équivaut à 4% de la population totale, la même proportion qu’en France, pour un PIB de 3 759 dollars par habitant, en 2008. A cela s’ajoute les dispositifs de formation continue qui permettent de se former tout au long de sa carrière.

En matière d’offre d’enseignement, le panel est vaste. Il s’est étoffé de nouvelles sections et filières portant à mille le nombre proposé. Dans le même temps, le ratio des diplômés des études d'ingénieurs et de sciences, pour la tranche d'âge de 20 à 30 ans, passe-t-il en 2009 à 11 pour mille, contre 5,9 les années précédentes. A noter également que les partenariats avec les campus étrangers ont progressé. Ceux avec les laboratoires européens dans les domaines de la recherche et de l'innovation figurent en bonne place. Il en est de même des conventions scientifiques et de recherche avec les pays d'Amérique du Nord et d'Asie. Des manifestations sont d’ailleurs programmées lors du trimestre de rentrée, avec du 23 au 25 novembre à Tozeur, le deuxième Workshop en Informatique et Applications (WIA 2009) organisé par Microsoft Research et le Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Technologie. Le même mois à Tunis, aura lieu une conférence Internationale impulsée par le laboratoire d'Ingénierie Mathématique de l'École Polytechnique de Tunisie et le Laboratoire de Spectrométrie de l'Université Joseph Fourier de Grenoble.  

 

L’e-enseignement supérieur au Maghreb. Forte de son antériorité dans le développement de l’enseignement supérieur, la Tunisie dispose depuis quelques années de l’Université Virtuelle de Tunis qui propose des formations supérieures à distance, via Internet. « La création de l'UVT en 2002 témoigne du développement des NTIC en Tunisie et atteste de l'adaptation de l'enseignement supérieur à ces technologies ; de même elle fait preuve de sa capacité à s’intégrer dans la société du savoir et dans l'économie de la connaissance » est-il précisé sur le portail de l’établissement. Parmi les diplômes en ligne : des Master professionnels en « Prospective appliquée », « Neuro-radiologie et neuro-imagerie », « Métiers à distance », ou encore des licences « Méthodes informatiques appliquées à la gestion des entreprises ».

Pour arrimer l’Algérie à la société de l’information et de l’économie du savoir, un plan multisectoriel a été défini. Il s’agit de la stratégie « e-Algérie 2013 ». L’un des axes majeurs : le renforcement de la recherche développement et de l’innovation avec le monde économique dans le domaine des TIC. Le télé-enseignement apparaît parallèlement comme l’une des solutions permettant d’intégrer de nouvelles démarches éducatives dans le processus de formation. Il est à ce titre expérimenté par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique depuis la rentrée 2008-2009. Ainsi la visioconférence permet-elle d’absorber les flux d’apprenants et l’apprentissage en ligne ou e-learning garantit-il la qualité de la formation. Dès lors, l’enseignement distantiel peut-il créer une chaîne universitaire du savoir conforme au cahier des charges des programmes internationaux.

 

 

 

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27 janvier 2010 3 27 /01 /janvier /2010 11:13


Carrefour des affaires

 

 

Comptabilité, gestion clientèle, développement... Les sociétés européennes franchissent la Méditerranée et confient plusieurs activités à des opérateurs maghrébins. tout l'avantage de la proximité !


Paru dans Arabies, Mensuel du monde arabe et de la francophonie - Janvier 2008

 

 

 


Centres d'appels, Business Process Outsourcing (BPO) et services informatiques font désormais partie intégrante des composantes de l'économie régionale. On connaissait l'offshoring, processus d’externalisation dans les lointains pays d’Asie d’activités, fonctions ou de process de l’entreprises : facturation, lcomptabilité, informatique, ressources humaines, recherche et développement.... Depuis quelques années, on découvre le nearshoring, qui consiste à gérer à distance ces mêmes services, mais dans des pays situés à moins de trois heures de vol. Le Maghreb cenntral, qui a su mettre en valeur ses atouts, est aujourd’hui une destination prisée des entreprises françaises et européennes. La proximité géographique, culturelle et linguistique du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie a décidé les grands groupes ainsi que les PME-PMI à externaliser certaines activités sur cette autre rive de la Méditerranée.

Les compétences et les ressources de fondateurs, d'associés ou de collaborateurs -bien souvent franco-maghrébins- ont aidé les sociétés qui opèrent sur ces marchés à "franchir le Rubicon".

 

 

Toute la chaîne des valeurs désormais externalisée au Maghreb

 

La décision de confier un pan complet de l'activité de l'entreprise à un prestataire localisé dans un des pays du Maghreb est une tendance à la hausse. Les potentialités de ces trois pays sont en effet bien réelles et les partenaires européens sont, de fait, intéressés par ces collaborations qui présentent de multiples avantages. Ces prestations fournissent en effet un service de même valeur ajoutée aux sociétés françaises, à des coûts compétitifs. 

Le réflexe du nearshoring tend à se développer dans l'Hexagone, et des places sont par conséquent à prendre outre Méditerranée.  Déjà, au début des années 2000, un nombre significatif de sociétés de service en ingénierie informatique (SSII) ou d’édition de logiciels s’était installé au Maroc, et dans une moindre mesure, en Tunisie. « A cette époque, le manque d’informaticiens a encouragé à  investir au Maghreb, alors que les donneurs d’ordre établissaient des partenariats avec les pays anglo-saxons tels l’Inde et les pays de l’Europe de l’Est. Il s’est avéré que cette opportunité présentait de multiples avantages, tant en terme de compétences, que de coût de la main d’oeuvre et de qualité des infrastructures. En outre, ces pays du bassin méditerranéen sont francophones et francophiles » explique Amine Aloulou, responsable France de la société tunisienne de développement de logiciels informatique et de consulting OXIA, également implanté à Alger depuis 2006.   

Ce qui est valable pour les services informatiques vaut également pour toute la chaîne de valeur du BPO ou la gestion déléguée de services administratifs, financiers, comptables... à un prestataire. Du reste, la réussite des centres d’appels, n’y est pas étrangère. Supports du BPO, les call centers permettent aux entreprises françaises d’externaliser le processus relations client (front office).

 

Teleperformance a été parmi les premiers à développer le concept en Tunisie -avec le démarrage des premiers programmes de vente à distance (en 2000) puis de service clients et d’assistance technique. A ce jour, 110 centres d’appel tunisiens et étrangers sont présents sur le segment. Et 7000 personnes employées pour les seuls centres de contacts des entreprises étrangères.

Cet essor s’explique par la demande croissante d’externalisation des voisins européens concernant les processus opérationnels. La Tunisie a bien pris la mesure de l'opportunité. En 2007, elle a consacré 7,5 % et 1, 09 % de son PIB à l’éducation et à la Recherche et au Développement.  Elle a par ailleurs accueilli le Sommet mondial sur la société de l’information, en 2005.

« Depuis une dizaine d’années, la Tunisie développe l’axe activités de services aux entreprises, avec les call centers et les plateformes techniques pour le BPO et l’informatique. Nos principaux atouts : des diplômés qualifiés en capacité de s’adapter, une communication efficiente entre les entreprises et l’université et des équipements idoines » atteste Mongia Khémiri, directrice générale de FIPA Tunisia, l’agence tunisienne de promotion des investissements. « La disponibilité d’ingénieurs informatiques trilingues et à coûts compétitifs, l’apport considérable des NTIC, la présence d’une infrastructure télécoms en constante mutation, sont des facteurs à même de favoriser le développement d’activités à haute technicité liées à l’ingénierie financière, à des supports de relations client complexes nécessitant des compétences non seulement en informatique mais également en banque, finance, gestion des données etc… » ajoute la FIPA.

 

Au Maroc, le programme consacré au nearshoring est ambitieux. Le concept était déjà expérimenté via les centres d’appels déjà implantés sur un certain nombre de sites urbains (avec notamment Webhelp, Opérateur spécialisé dans la gestion de la relation client, implanté à Fès et Rabat). Il est en augmentation avec le programme Emergence qui structure à l’échelle du pays la stratégie offshore.

« C’est un des axes de développement majeur, avec trois zones – Casablanca, Rabat et Tanger- dédiées à ces activités, dans les filières banque, assurance, comptabilité et finances, service clientèle, RH, informatique »  précise Hicham Chebihi Hassani, président de la commission Emergence de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), lors de la venue de l’Ambassadeur du Maroc à la Chambre de commerce de Lyon, en février 2007.

Casashore Nearshore Park parachève ce programme. C’est le projet phare. Sur un domaine de 50 ha, 47 000 mètres carrés de bureaux seront livrables fin 2007, 250 000 d’ici fin 2009. Selon Mohammed Lasry, responsable du pôle offshoring et des nouvelles technologies de la Caisse des dépôts et de gestion, ces prestations ne se limitent pas à la seule clientèle francophone, mais visent également le marché hispanophone et anglophone.

Arnaud Breitwiller, qui est le directeur commercial d’Accolade, premier centre de contact (vente, support technique, BPO) à capitaux marocains et filiale de l’ONA - plus grand groupe privé du Maroc -, témoigne de l’intérêt du Maroc pour le nearshoring. « Cette destination est intéressante. Le marché et les ressources sont de qualité. En outre, le bassin d’emploi de la capitale économique est le plus important du pays, avec des jeunes diplômés sur nos métiers (relations clients et technologies de l’information) qui maîtrisent le Français. »

 

C'est la même prise de conscience en Algérie, où le potentiel intéresse les partenaires français. A l’état plus embryonnaire qu’en Tunisie ou au Maroc, le BPO et les prestations informatiques s’organisent via des expériences individuelles d’entreprises dont les projets ont été impulsés par  d’anciens collaborateurs de sociétés françaises.

Ahmed Lakhdari, directeur général de Halkorb, première Société de services et d’ingénierie Informatique algérienne (créée en 2005) est  l’un de ces pionniers. Après dix années d’expérience à Paris dans des grands groupes, cet ancien Top manager de Védior Bis s’est implanté à Alger et à ouvert un bureau à Paris, sur le segment du nearshore informatique.

Fort de ses compétences techniques et managériales acquises sur les marchés français et algériens, il compte comme clients le groupe Védior France, l’Appel médical, Expectra, la SEAAL...

« A l'heure actuelle, il y a encore peu d’acteurs sur ce segment, mais le marché est important. Les équipements informatiques sont à la pointe de la technologie et les infrastructures bénéficient d’un plan de relance et de développement. En sus, un projet de grande technopole dédiée à la Recherche et au Développement dans les nouvelles technologies devrait être opérationnel dans les deux ans  » souligne Ahmed Lakhdari.

 


Le Grand Maghreb fédère ses potentialités

 

Prestataires d’activités de services aux entreprises françaises, les trois pays de la zone Afrique du Nord mettent en synergie leurs ressources et compétences.

Le Forum Carrefour de l’excellence organisé par ATUGE, Association des Tunisiens des Grandes Ecoles françaises d’ingénieurs et de gestion, en juin 2007 à Paris, et en juillet à Tunis, a consacré une large partie des débats au nearshoring et aux services informatiques au Maghreb. Ce fut l’occasion d’anticiper sur une demande qui devrait s’amplifier, dans les prochaines années, et de développer les coopérations au sein du Grand Maghreb dans le but d’optimiser l’encadrement et de se doter des moyens d’attirer les investisseurs pour créer d’autres plateformes de services aux sociétés européennes.

Etait réuni pour la circonstance le fleuron des entrepreneurs non seulement de Tunisie, mais également de l’Algérie avec REAGE, Réseau des Algériens diplômés des Grandes Ecoles françaises, et AMGE, Association des Marocains des Grandes Ecoles. Hassen Zargouni, statisticien économiste, Président d’ATUGE Tunisie a insisté sur la volonté de ces participants de « mettre en commun  les ressources humaines et les compétences maghrébines comme l’ont fait, jadis pour sa construction, les pères fondateurs de l’Europe. » 

Ahmed Lakhdari confirme. « La dimension maghrébine existe et il convient de fédérer les compétences pour devenir les acteurs crédibles du changement. »

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4 janvier 2010 1 04 /01 /janvier /2010 07:55


Un examen de passage réussi

 

Au Maghreb, la croissance du marché des médicaments entraîne un fort développement du secteur local. Désormais, les fabricants européens doivent composer avec une production dont la hausse, quantitative et qualitative, s’avère impressionnante.

 

 

Le médicament… Une belle invention qui participe de cette nécessité vitale de soigner les pathologies et de sauver des vies humaines. Le Maghreb, qui a placé la santé publique au cœur de ses priorités, soutient de fait le développement de l’industrie pharmaceutique. Le Maghreb renforce ainsi son offensive sur ce marché, en approvisionnant de ce précieux sésame les officines et les unités de soins. Et s’efforce en outre d’en réduire l’importation, en organisant la production locale de médicaments. En tête, on retrouve le Maroc qui fabrique par multinationales interposées 1500 produits. Le Royaume est suivi par la Tunisi, avec plus de 1 400 produits générés et de l’l’Algérie, qui représente le plus gros marché avec plusieurs milliers de  produits enregistrés dont 30 %, en valeur, sont fabriqués au niveau local.

S’agissant des capacités d’approvisionnement du marché maghrébin, Rabat maîtrise l’ensemble de la filière, Tunis gère d’une main de maître son industrie du médicament et Alger produit du made in Algéria de qualité.   

 

Au Maroc, l’industrie pharmaceutique connaît un développement satisfaisant avec un niveau de performance reconnu par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Actuellement, 35 unités sont aux normes internationales, et produisent le stock médicamenteux permettant au Royaume d’assurer son autonomie. 80 % des besoins nationaux sont en effet couverts, les 20 % restants étant assurés par les importations en provenance principalement de pays européens. 10 % de la production nationale est par ailleurs exportée, essentiellement vers la France, et dans une moindre mesure vers Algérie, la Libye, ainsi que vers quelques autres pays du monde arabe, et de l’Union Européenne.

« Dans notre pays, la santé a fait un grand pas en avant au cours de ces dix dernières années. Ainsi, la généralisation de la vaccination a permis l'éradication d’un grand nombre de maladies (la polio, la diphtérie, le tétanos…). Nous n'avons  de la même manière plus d'épidémies. Ce sont des avancées extrêmement importantes » souligne Yasmina Baddou, ministre de la Santé du Royaume chérifien. Les classes thérapeutiques prépondérantes concernent les médicaments pour l’appareil digestif, le métabolisme, les anti-infectieux, ceux qui concernent le système nerveux central et l’appareil cardiovasculaire.

Pour optimiser la fabrication, le pays n’a pas hésité à développer son industrie de bout en bout de la chaîne de production. Avec tout d’abord des dispositifs de formation idoine dans les établissements d’enseignement supérieur : faculté de médecine et de pharmacie de l’université Hassan II Casablanca, filière biotechnologie de l’Université Al-Akhawayne Ifrane, laboratoire de Chimie bio-organique et macromoléculaire de l’université Marrakech… Le Maroc a ensuite axé sa stratégie sur la recherche et le développement en biotechnologies médicales et pharmaceutiques – avec, d’une part, des moyens significatifs alloués par le fond Sindibad dédié au financement des entreprises innovantes et la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) et, d’autre part, en se dotant  d’un pôle d'excellence en sciences de la vie. Enfin, le pays a aussi développé des installations et du matériel aux normes internationales et à encouragé l’investissement direct étranger. A ce jour, 27 sites industriels sont référencés. Parmi eux, citons notamment celui de Zenata-Casablanca où Maphar, filiale marocaine du Groupe français Sanofi-Aventis) a inauguré, l’été 2008, de nouvelles installations au sein de son usine.

 

La croissance tunisienne. En Tunisie, l’industrie pharmaceutique et parapharmaceutique est en forte croissance. Depuis une dizaine d’années, les autorités ont en effet mis en œuvre une série de mesures pour préserver cette activité et la faire monter en puissance. L’accès des populations au médicament a de prime abord été facilitée. La production locale, qui correspond à 47 % du marché, a été par ailleurs largement soutenue par l’Etat, qui a constitué des partenariats avec de grands groupes internationaux. Le leader sur le marché, avec 22 % de parts, est Siphat, une filiale de la Pharmacie Centrale De Tunisie. Ce dernier  est un établissement qui, sous la tutelle du ministère de la santé publique, détient le monopole des importations et ventile entre les officines et le secteur hospitalier. Cette orientation est allée de pair avec le développement de fortes compétences humaines, en misant sur le potentiel de diplômés. Le marché tunisien est à présent considéré comme porteur localement, et à l’extérieur de ses frontières, puisque investi comme technopole de relais pour des pays du Sud. Notons également que l’option « Tourisme médical » qui se développe depuis quelques années à destination d’une clientèle étrangère permet de soutenir cette industrie. Ttout cela vaut très certainement à Tunis d’avoir été élu, en mai 2008, à la vice-présidence du Conseil exécutif de l’OMS.

Il s’agit à présent, pour les décideurs de cette jeune économie, d’optimiser leur savoir-faire, en passant d’une logique de sous-traitance à une logique de cotraitance. Ce à quoi s’emploie le pays avec l’édification du Technopole Sidi Thabet : une interface entre industriels et académiciens sur le champ de la biotechnologie appliquée à la santé et aux industries pharmaceutiques. Créé en 2002 pour contribuer à la recherche et au développement, ce parc d’activité est dédié à la formation, l’innovation et la production. Son activité est en outre fortement axée sur la création d’entreprises à forte valeur ajoutée. Un Bioparc comprenant une zone bio-industrielle de 30 hectares est à cet effet mis à la disposition des investisseurs tunisiens et étrangers. 

 

Le marché algérien est le plus important de la région. Si l’approvisionnement est à ce jour principalement constitué par les importations (70 %), l’investissement national consenti sur la performance de la R&D ainsi que sur la formation du personnel devrait infléchir la tendance. La loi quinquennale d’orientation et de programmation sur la recherche scientifique et le développement technologique promulguée en avril 2008 prévoit en effet une réserve financière de 1,3 milliard de dollars, pour la période allant de 2008 à 2012. L’expansion du marché pharmaceutique devrait de surcroît connaître une forte augmentation, via le plan de développement 2005-2009 - auquel le gouvernement a consacré 2 milliards de dollars à la construction d’hôpitaux et de cliniques. Cela permettra d’accroître la production de médicaments - ce que les majors étrangères de l’industrie pharmaceutique ont déjà perçu. Selon un rapport publié le 13 août 2008 par l’institut britannique Markets and Research, les grandes marques renforcent leur positionnement sur le marché algérien des produits génériques, a l’instar de Sanofi-Aventis, qui projette de lancer une unité de production, ou de l’américaine Pfizer, qui s’est introduite sur le marché ou encore de la britannique GlaxoSmithKline. En retour, les autorités exigent des opérateurs nationaux ou étrangers qu’ils adoptent une forme juridique de droit algérien.

C’est d’ores et déjà le cas du groupe leader sur le segment de la production pharmaceutique nationale : Saidal, l’une des entreprises les plus performantes d’Algérie.

La société s’est lancée, de façon active, dans le partenariat avec les laboratoires étrangers et locaux : Pfizer, SANOFI Aventis, Groupement Pharmaceutique Européen, Spimaco (Arabie Saoudite), JPM (Jordanie), Acdima (ligue Arabe), Dar Al Dawa (Jordanie) et Solupharm (Algérie). S’agissant de l’activité de Saidal, sa mission principale consiste à produire et à commercialiser des produits pharmaceutiques à usage humain et vétérinaire. Pour cela, la société s’est dotée d’un centre de R&D chargé principalement de la conception et du développement des médicaments génériques, des produits pharmaceutiques, des extraits végétaux et des prestations d’analyse. Elle emploie 4 300 personnes et a réalisé un chiffre d’affaire de 8 milliards de dinars en 2007 - dont 22 millions de dinars à l’export, en majorité vers le Sénégal, la Libye, le Burkina-Faso, le Congo, le Tchad et le Yémen, en sus du Niger, son plus important client. Le plan à court terme du groupe est de produire, d’ici à 2009, 100 médicaments qui coûteront 400 % moins chers que ceux importés. La société souhaite aussi approvisionner 80% des parts du marché algérien (Le Maghreb, 11 août 2008).

 

 

Interview de Rachid Zaouani, du Groupe Saidal

 

Rachid Zaouani, vous dirigez Saidal depuis mai 2008. Quelles sont les étapes marquantes de la société ?

« Notre société est issue de la restructuration, en 1982, de la Pharmacie centrale algérienne. Il s’agissait alors de la plus ancienne unité d’Afrique, puisque créée en 1948, et du premier opérateur au monde à fabriquer, dès 1970, des médicaments génériques. La branche production est alors érigée en Entreprise nationale de production pharmaceutique.

En 1985, naît Saidal.. Quatre ans plus tard, l’entité se transformait avec la création du Groupe Saidal, entreprise publique économique dotée de l'autonomie de gestion qui a alors acquis le statut de société par actions. C’est ce qui lui a permis de se lancer dans le partenariat avec les grandes firmes internationales. En 1998, la société s’est transformée en groupe industriel avec trois filiales : Pharmal, Antibiotical et Biotic. Aujourd’hui, le capital de la société est de 2,5 milliars de dinars.

 

Que représente Saidal sur le marché de l’industrie pharmaceutique en Algérie ?

« La part de marché de Saidal est estimée entre 26 et 30 %. Quelque 250 produits sont fabriqués. Environ 300 sont en prévision pour la fin d’année 2008, toutes classes thérapeutiques confondues - avec une prédominance d’antibiotiques et de des traitements contre le cholestérol et le diabète, via l’insuline. Nous nous adaptons à la demande pour produire des médicaments à forte valeur ajoutée. Depuis trois ans, nous en développons de nouveaux - avec notamment un projet d’anticancéreux dont les études ont été diligentées par notre centre de recherche et de développement. Ce dernier est constitué de 250 personnes, dont 200 chercheurs formés dans les universités algériennes et internationales. »

 

Quid de l’avenir de l’industrie pharmaceutique en Algérie ?

La production médicamenteuse va tripler dans les prochaines années, en raison du vieillissement de la population. Nous devons donc être prêts à approvisionner le marché en produits pour l’hypertension, le diabète, la ménopause. 

 

Quels sont vos objectifs ?

S’agissant de notre capacité de production, nous mettons tout en œuvre pour revaloriser la fabrication locale. Aujourd’hui, la facture d’importation de médicaments s’élève à 700 millions de dollars. Notre objectif est de capter 40 % de ce marché. Pour cela, nous avons ouvert quatre nouvelles unités et allons ainsi multiplier notre chiffre d’affaires par cinq. Nous nous développons aussi à l’international, avec un plan tracé pour les cinq prochaines années ainsi qu’un objectif de 20 millions de dollars de produits exportés pour Afrique. 

 

 

 

Vers une politique de santé commune aux pays du Maghreb

 

Pour agir de concert sur le front de la lutte contre la maladie, le Maghreb mutualise ses ressources. A commencer par l’Inter Ordre des Pharmaciens Maghrébins, créé en mars 2007. L’organisation comprend l’Algérie, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie. Son but est d’harmoniser et de rapprocher les systèmes et les programmes au niveau de la région. Une autre initiative commune est le Congrès international de génétique et biologie moléculaire & de biotechnologie. Ce dernier a été impulsé par l’Association maghrébine de biotechnologie, en partenariat avec la Société marocaine de génétique et biologie moléculaire.

Enfin, les ministres de la santé des pays de l’Union du Maghreb arabe se sont réunis en mai 2008 à Tunis. Au cours de ce dixième conseil ministériel, le secrétaire général de l’UMA, Habib Ben Yahia, a appelé à la coordination des politiques de santé. Les participants ont également jugé nécessaire de multiplier les partenariats entre les pays du Maghreb pour ce qui est de l'achat unifié de médicaments et de vaccins ainsi que pour leur contrôle.

 

 

Paru dans Arabies, Mensuel du monde arabe et de la francophonie – N° 258 – Octobre 2008

 

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30 décembre 2009 3 30 /12 /décembre /2009 13:12


La diaspora maghrébine de France

Moteur de l’internationalisation des échanges économiques

 

 

 

 

 

 

Ils vivent à Paris et en province et dynamisent l’économie française et les échanges commerciaux en Europe, au Maghreb et à l’international : les entrepreneurs et experts de la diaspora tunisienne, algérienne et marocaine résidant en France.

Chacun dans leur spécialité, ils boostent les résultats d’activité d’un commerce extérieur français sous la pression de la concurrence, dans un marché mondialisé.

Ingénieurs informaticiens, chargés d’affaires, conseillers en développement international, project managers et entrepreneurs franco-maghrébins sont désormais les acteurs incontournables de l’économie du troisième millénaire.

 

 

 

Guy Mathiolon, Président de la Chambre de commerce et d’industrie de Lyon ne se trompait pas en déclarant lors des Etats généraux de l’économie lyonnaise, en septembre 2007 « qu’il en est de la diversité comme il en est de la mondialisation : c’est une opportunité plus qu’une contrainte ». Il ajoutait cependant que ces ressources humaines-là n’étaient pas suffisamment valorisées par les PME.

On l’aura compris, l’économie française a tout à gagner à conjuguer expressément et intelligemment avec les diverses composantes du monde du business, pour se développer à l’international. Et gagner ces points de croissance qui lui manquent cruellement pour rivaliser avec les économies des leaders anglo-saxons, européens, asiatiques…

D’autant que ces compétences sont avérées. Et depuis longtemps déjà. Formés, expérimentés, aguerris, ces entrepreneurs, experts et autres développeurs de compétitivité dont le talent et les ambitions sont une valeur ajoutée.

 

 

 

Passeports français et tunisien

pour accroître les relations commerciales Europe-Mena-Afrique

 

Taoufik Soudani. Tunisien d’origine, Français d’adoption. Conseiller en développement international Europe-Maghreb-Moyen Orient, et conseiller du commerce extérieur de la Tunisie. Toujours sur la brèche, il accompagne les entreprises européennes à investir et à s’implanter sur la zone MENA, permettant ainsi aux uns de gagner en compétitivité et de sauvegarder par-là même des emplois, aux autres de consolider leur économie en maîtrisant le process de fabrication.

« La double nationalité constitue un ressort extraordinaire pour promouvoir l’exportation française et c’est une ressource tout aussi utile pour ces pays en émergence » précise-t-il. « J’assure l’interface entre des cultures qui sont interdépendantes au moment même où se construit ce partenariat de part et d’autre de la Méditerranée. »

Et le projet gagnera en performance lorsque toutes ces ressources intellectuelles seront mutualisées. Car face à la Chine, à l’Inde ou au Brésil, il faut à présent fédérer les compétences euroméditerranéennes et eurafricaines pour faire contrepoids. Et acquérir par-là même ce réflexe interculturel qui facilité les négociations commerciales. A commencer par la compréhension des codes du business des partenaires étrangers, pour adapter sa stratégie d’action.

Ce à quoi s’emploie Dexcif International, une société qui permet aux entreprises de nouer des partenariats sur la zone Maghreb et Afrique subsaharienne, en se dotant des outils nécessaires à la co-construction de fructueuses collaborations.  

Ali Ben Hamouda, directeur d’un établissement de sous-traitance aéronautique basé en France bénéficie également de cette double expertise qui lui permet aujourd’hui de créer une société en Tunisie pour le groupe qu’il représente. Positionné sur plusieurs opérations industrielles -en France, aux Etats-Unis ou au Maroc- son choix s’est finalement porté sur le pays d’origine de ses parents. « C’est un choix professionnel et humain qui m’offre la possibilité de contribuer au développement d’un pays où j’ai mes attaches familiales. Dans le même temps, cela génère par ricochet des emplois en France, toute chose  contribuant à l’essor de son économie et à son positionnement sur la scène internationale. »

 

 

 

 

Les binationaux franco-algériens

Un relai de croissance en Europe, en Afrique du Nord et en Asie

 

Jihade Belamri, Président Directeur de BEE –Bureau d’Etudes Européen- s’inscrit lui aussi dans cette démarche de co-développement de business, dans un axe Lyon-Paris-Alger. « L’Algérie nous permet d’augmenter considérablement notre capacité de travail. Car lorsque je recrute deux ou trois professionnels là-bas, il me faut nécessairement un coordinateur d’études ici. Pour la France, c’est un vrai relai de croissance » atteste ce dirigeant d’un bureau d’étude et d’ingénierie opérant sur les segments de l’industrie, de la pharmacie, de la chimie, de l’eau et du nucléaire. Membre de la Commission pour la libéralisation de la croissance française présidée par Jacques Attali, Jihade Belamri souligne en sus que le recrutement par les entreprises de cadres binationaux franco-maghrébins fait partie des préconisations du gouvernement français pour développer le business avec ces pays. 

Le Ceinaf, Cercle des entrepreneurs et des industriels algériens de France, peut de la même manière se targuer d’avoir lui aussi créé de la richesse sur le territoire français en assurant la promotion des échanges bilatéraux franco-algériens. Et en fédérant les ressources entrepreneuriales pour développer l’activité économique et faciliter le transfert de compétences, tout en plaçant l’humain au centre de ses préoccupations.

Chérif Hadji, président de l’organisation patronale explique : « Ceinaf existe depuis 2001 et a été restructuré en 2005. En quelques années, nous avons essaimé sur tout le territoire français et en Algérie, en multipliant nos implantations. Nous sommes aujourd’hui impliqués dans le projet de création de la Cité de la maintenance industrielle et de la formation professionnelle en Algérie. En parallèle, nous lançons Génération Business Ceinaf, un outil destiné à aider financièrement les créateurs ou repreneurs d’entreprise.»

Karima Sadouki est également membre du Ceinaf. Elle a accompagné des entreprises françaises dans différents salons professionnels au Maroc, en Algérie, en Libye ou en Syrie.

 

 

 

 

Créer de la valeur en France et au Maroc

et soutenir les échanges euro-méditerranéens

 

Sihame Arbib, directrice de communication du groupe CFCI Paris et fondatrice du cabinet de conseil APIM consulting Bruxelles, a de son côté initié le Club CSI, Compétence synergie & initiatives. L’intention ? Optimiser les collaborations entre cadres ou chef d’entreprises -via ce réseau de compétences de binationaux franco-marocains- pour soutenir le développement au Maroc et permettre à la jeunesse d’ici d’évoluer professionnellement.

« Nous intervenons sur deux axes : le soutien à l’investissement au Maroc en partenariat avec Maroc Entrepreneur, ainsi que l’accompagnement à la création d’entreprise des jeunes de la diaspora marocaine résidant en France. Et sur ce plan, nous nous appuyons sur les compétences de Aziz Senni, président de la BAC -comprenez Business Angels des Cités- le premier fond d’investissement dédié au développement économique des banlieues. »

Quant à Maroc entrepreneurs, l’association propose un programme d’accompagnement Business Plan dédié à la création d’entreprise au Maroc, en direction des jeunes cadres MRE - Marocains résidant à l’étranger.

Même démarche pour Aimaf, Association des informaticiens marocains en France, qui outre son expertise et son dynamisme entrepreneurial dans l’hexagone et en Grande-Bretagne, soutient l’investissement et la création d’activité de nearshoring au Maroc. Expatriés pour la plupart dans les années 2000, ces informaticiens sont venus soutenir la croissance d’une activité qui manquait de diplômés. Le réseau d’AIMAF compte aujourd’hui 640 professionnels, dont 20 % ont créé leur entreprise en Ile de France et sur Casablanca. 

« Nous intervenons sur le segment de l’informatique financier et des télécoms et assurons l’intermédiation entre les partenaires des deux pays » explique Driss Bennaï, président d’Aimaf. Ingénieur, diplômé de l’école de Mohammedia, il travaille en mission chez Total. En parallèle, il a récemment créé sa société de conseil et de consulting en informatique. Ainsi positionné, il peut tout à la fois agir et en France, et au Maroc.

 

 

 

 

Visa international pour les Franco-Maghrébins

 

CS Communication & Systèmes, entreprise industrielle et technologique. Un siège en Région Parisienne, une douzaine d’implantations en France, des filiales dans les Pays de l’Est et en Europe. Plusieurs milliers d’ingénieurs intervenant sur une cinquantaine de pays. Une présence sur tous les continents. Chiffre d’affaire : 400 millions d’Euros. Président : Yazid Sabeg.

« Je constate que les Franco-Maghrébins sont un vrai souffle pour le monde de l’entreprise. Ils sont présents dans quantité de domaines et peuvent jouer un rôle important » atteste Yazid Sabeg. D’où la nécessité de s’intéresser davantage encore à cette composante intellectuelle pour développer le business, ici en France et à l’international. Car « le vrai ciment, ce sont les relations humaines » rappelle celui qui a rédigé la Charte de la diversité et qui a également écrit plusieurs ouvrages sur la question. Dont « Les oubliés de l’égalité des chances », publié par l’Institut Montaigne.

Composer avec la diversité, tel est le défi que doit relever l’économie française. En intégrant l’idée qu’il faille dans le même temps valoriser ce métissage pour édifier -via la diaspora maghrébine- cette union des peuples profitable à tous. « Je fais des affaires dans le monde entier et en France, et je considère dans le même temps qu’il faut regarder vers le Maghreb car nous avons un intérêt éminent à ce que les relations soient bonnes et prospères »  précise l’entrepreneur, qui entend bien développer ses activités sur cette zone où il n’est pas particulièrement présent. Et s’y emploie activement. Sitôt rentré d’un rendez-vous avec le Ministre de l’Industrie de l’Algérie, il repart en effet le lendemain au Maroc rencontrer le Directeur général de la Compagnie des chemins de fer, et compte dans son staff de très bons ingénieurs formés en Tunisie...

 

On le voit, la diaspora maghrébine de France est en mouvement. Un mouvement enclenché il y a déjà des lustres, et dont il est indispensable d’en médiatiser le potentiel et les compétences, de sorte que s’active ce grand projet d’Union Méditerranéenne et d'Union Euro-Africaine.

 


D'après des interviews effectuées en 2008.

 

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27 décembre 2009 7 27 /12 /décembre /2009 10:42


Des champs d'avenir...

 

 

En Tunisie, en Algérie et au Maroc, gouvernements et populations rurales s’activent au développement de l’agriculture et des produits de la mer pour achalander les étals des commerces de la région, et exporter partie de leur production vers les marchés du monde.

 

    route imouzzer   vigne

 


Les surfaces agricoles, les fonds marins et les unités industrielles du Maghreb central produisent quantité de ressources. Ces résultats sont le fruit de politiques et de programmes mis en œuvre depuis des années, pour parvenir à l’autosuffisance alimentaire et réduire dans le même temps la facture des importations, tout en augmentant la part des exportations. Pour cela, il faut composer avec les aléas climatiques et les règles du commerce international. Des défis que relèvent pourtant, contre vents et marées, les acteurs de cette économie vitale.   

 

En Tunisie, le secteur agricole occupe une place importante dans l’économie. Selon l’Agence de promotion des investissements agricoles, il contribue pour 12 % du PIB et c’est la principale activité dans plusieurs régions. « L’avantage compétitif de l’agriculture tunisienne découle de son potentiel agronomique et surtout de l’ingéniosité de ses hommes. Malgré son aridité, le climat offre de grandes opportunités dans les produits spécifiques, et dans ceux à haute valeur commerciale, tels que les produits de la mer, les produits alimentaires biologiques ou les primeurs » souligne l’APIA.

La Tunisie est, rappelons-le, le quatrième producteur mondial d’huile d’olives, avec 163 000 tonnes au cours de la dernière décennie, soit 6 % de la production mondiale. Quant à la production d’olives, elle est estimée entre 700 et 800 000 tonnes pour la saison 2008/2009. Le secteur céréalier est quant à lui soutenu, l’objectif étant d’atteindre 27 millions de quintaux à l’horizon 2011, comme le préconise Abdessalem Mansour, ministre de l'Agriculture et des ressources hydrauliques. Il soulignait en octobre 2008 à Jendouba qu’il convenait d'alléger le fardeau de l'importation et d’atteindre l'autosuffisance sur ce plan.  

D’autre part, des mesures visant à inciter la création de projets à forte valeur ajoutée et à encourager l’initiative privée ont été engagées par l’Etat, depuis 2002. Il s’agit des pépinières d’entreprises (agricoles, de pêche et de première transformation) établies au sein des établissements d’enseignement supérieur agricole. L’implantation d’exploitations modernes basées sur des technologies nouvelles a également été favorisée, avec à l’appui, un programme de formation prévoyant des modules techniques, en gestion,  et sur la création de projets. De la même manière, l’APIA incite les Tunisiens résidents à l’étranger (TRE) à investir dans l’agriculture, rapporte notre confrère Moncef Mahroug, qui précise que le montant de l’investissement des TRE dans ce secteur devrait en 2008 s’élever à 10 millions de dinars.

A l’export, les biens alimentaires représentent 9,4 %, avec par ordre d’importance : l’huile d’olive, les produits de la mer (207 millions de dinars en 2005 avec une clientèle importante en Italie, Japon et Grèce), les dattes (qui génèrent 187 millions de dinars de revenus pour 61.000 tonnes exportées vers 56 pays), les agrumes (à destination principalement de la France et l’Espagne) et les légumes. L’accord d’association signé en 1995 avec l’Union européenne et amélioré à plusieurs reprises, facilite l’exportation de fruits et légumes frais, conditionnés et transformés, des produits d’origine animale, des semences et plants, fleurs, et produits de la pêche.

 

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L’Algérie, de la même manière, optimise l’agriculture. En 2006, elle comptait pour 8 % du PIB, mais son taux devrait s’accroître, avec la Loi sur l’orientation agricole qui prévoit pour cela une série de mesures visant à réactiver l’économie rurale et à valoriser les produits du terroir. A savoir, des encouragements financiers pour soutenir les acteurs de la filière lait et céréales et en augmenter les rendements, ainsi que la planification de contrats programmes avec les wilayas d’ici la fin de l’année pour mettre en place à l’horizon 2013 un vaste programme de relance en milieu rural et de développement durable.

« Pour nous mettre à l’abri de la crise, il faut prendre conscience de l’importance que revêt la libéralisation des initiatives des créateurs de richesses, que sont les agriculteurs, les éleveurs et les investisseurs dans l’agroalimentaire » déclarait le 19 octobre Rachid Benaïssa, ministre de l’Agriculture et du Développement rural.

Sur ce champ, référons à l’agriculture et à l’élevage des régions sahariennes qui mobilisent leurs savoir-faire ancestraux pour dompter l’aridité des sols et cultiver -grâce à d’ingénieux système de captage de la nappe phréatique, d’irrigation et d’aspersion- fruits, légumes, céréales. S’élèvent de la même manière des troupeaux de plusieurs milliers de têtes de camelins, bovins, ovins, caprins. À El Golea, Metlili, Timimoun, Tamanrasset, des exploitations cultivent ainsi sur plusieurs centaines d’hectares des céréales, des dattes, des raisins muscats, des abricots… et entretiennent d’impressionnants cheptels. A l’extrême nord du grand Sud, dans la wilaya de Aïn Defla, un bassin laitier est quant à lui en passe d’être concrétisé par les nombreux producteurs.

Un des autres objectifs majeurs de l’Etat est de reconstruire un secteur agro-alimentaire moderne et compétitif. Le ministre préconise en ce sens le renforcement des relations d’affaires entre les agriculteurs et les industriels, pour garantir progressivement la sécurité alimentaire. « Il existe des perspectives agroalimentaires qu’il faut mettre en adéquation avec les capacités des agriculteurs nationaux » précise-t-il. Des coopérations se profilent, en particulier des partenariats algéro-américains pour encourager le développement de la filière laitière.

Et les ambitions de l’Algérie ne se limitent pas à son marché intérieur. Elle s’attaque en effet à l’export, en ciblant le marché méditerranéen et africain. S’agissant des principaux produits exportés, signalons les eaux (plus de 34 milliers de tonnes pour les neufs premiers mois de 2008), les mélasses (12,88 milliers de tonnes) et les dattes (9,34 milliers de tonnes destinées à 85% à l’Europe et équivalant à plus de 19 millions de dollars), les mollusques…

Pour indication, parmi les produits alimentaires exportés vers l’Afrique en 2007 : les boissons, les pâtes alimentaires, les farines, les oignons, les yoghourts, ceci comptant pour plus de 14% des exportations hors hydrocarbures, soit 85% de plus que l’année précédente.

Le groupe Cevital, sixième entreprise algérienne, leader de l’agroalimentaire, s’illustre quant à lui sur le segment des huiles et margarines, dont il approvisionne plusieurs villes africaines. Isaad Rebrab, son dirigeant, projette d’écouler également sa production de sucre raffiné à l’export, depuis sa raffinerie située sur le port de Bejaia, à l’Est du pays.

 

L’agriculture est l’un des piliers de la croissance du Maroc, avec 15 à 20 % du PIB (selon les années), et un taux de progression annuel des exportations de 5%. Grâce à une politique d’irrigation performante promue depuis plusieurs décennies, des agropoles industriels pour le conditionnement et la transformation, ainsi que des pôles de compétitivité dédiés à la recherche et au développement, le royaume chérifien a fait monter en puissance et en valeur son potentiel agricole et agro-industriel.

Le Plan Maroc vert, prévoit ainsi 110 à 150 milliards de dirhams d’investissements sur dix ans pour développer la filière de production végétale, la gestion de l'eau, la protection du cheptel et l'amélioration de la productivité, l'encadrement agricole et le financement des exploitations agricoles. « L'agriculture doit être le principal moteur de la croissance et de la lutte contre la pauvreté. Cette réforme est basée sur deux piliers : une agriculture moderne axée sur des investissements privés, et des investissements sociaux en milieu rural ».

En octobre 2008, a d’ores et déjà été mobilisée par le Crédit agricole du Maroc une enveloppe de 20 milliards de dirhams pour le secteur agricole (dont 5 milliards destinés aux crédits des petits agriculteurs et 1 milliard à travers la Fondation ARDI de micro crédit).

« Le Plan Maroc vert prévoit à cette enseigne deux types d’agriculture. L’une plus intensive destinée à l’exportation, l’autre traditionnelle et vivrière, qui emploie la population rurale » explique Ahmed El Haouti, Directeur du Centre régional d’investissement de Tadla Azilal, une région qui détient 30 % de la production nationale de betterave à sucre, 20 % de celle de lait, 20 % pour les agrumes et 17 % de l’huile d’olive. 

L’optimisation des cultures, le secteur de l’agro-industrie se développe, dans de nombreuses régions, et s’attache à la transformation de ces ressources. La fédération des industries de conserve des produits agricoles du Maroc et celle des industries de transformation et de valorisation des produits de la pêche sont à ce sujet très actives.

En parallèle, un ambitieux projet d’agropole sera réalisé à Meknès, par la société Medz, filiale du groupe Caisse de dépôt et de gestion (CDG). Il comprendra cinq filières : céréaliculture, oléiculture, fruits et légumes, lait et viande. « Il s’agit de la création d’un pôle de compétitivité dédié à l’industrie agroalimentaire et devant abriter sur le même site des entreprises de production, des centres de formation, des unités de recherche publiques ou privées » ont annoncé les promoteurs du projet. Un Institut spécialisé en industrie agroalimentaire (ISIAM) est dans le même temps programmé, pour former le capital humain. Son ouverture est prévue pour 2009-2010.

orangerPour accroître ses exportations, le Maroc a signé plusieurs accords de libre-échange avec les pays arabes, la Turquie, l’Union Européenne auprès de laquelle il a obtenu en octobre dernier le statut avancé et avec les Etats-Unis. Cependant, s’agissant de l’UE, quelques concessions supplémentaires de la part des voisins européens sont escomptées. « Les produits phares comme la tomate, les fruits et légumes, les fraises, ont été mis sur la liste négative, c'est-à-dire interdiction d'importation sauf dans le cadre de quotas » déclarait à la presse le  ministre du commerce extérieur, en juillet 2008. Les exportations d’agrumes étant en effet soumises à des quotas, elles enregistraient une baisse de 5% en avril de cette même année par rapport à la campagne précédente, alors même que leur production avait été multipliée par 2,5. Ce qui amène la filière agrumicole à conquérir les marchés lointains que sont les Etats-Unis, les pays du Golf, la Chine ou le Japon. Pour ce qui est des cultures biologiques principalement destinés à l’export,  leur activité est en progression continue.

 

On le voit, le potentiel agricole et halieutique du Maghreb central est riche et le développement de la filière img7agro-industrielle va crescendo, renforcé en cela par les initiatives de mutualisation qu’ont impulsé à ce sujet et l’Union du Maghreb Arabe, et les ministres de tutelle du Grand Maghreb. En  juillet 2008, à Fès, Maroc, ils se sont réunis, pour définir une stratégie commune afin de faire face aux grands défis de l’agriculture dans cette région. Habib Ben Yahia, Secrétaire général de l'UMA, a affirmé que « la conférence maghrébine sur l'agriculture a été une occasion propice pour redynamiser l'action et promouvoir davantage les stratégies communes de développement économique et social des pays de l'UMA » (source MAP). Des programmes de coopération dans les domaines de production de semences améliorées, de l’exploitation des ressources hydriques, dans ceux des transferts de technologies modernes et de recherche scientifique ont été mis en place, ainsi qu’un fonds de soutien aux agriculteurs. L'Union arabe des agriculteurs et coopératives arabes réunie en octobre, à Tunis, a, de la même manière, encouragé à l'établissement de programmes et stratégies susceptibles de renforcer le rôle des agriculteurs et des coopératives arabes.

 

 

Paru dans Arabies, Mensuel du monde arabe et de la francophonie - N° 261 - Janvier 2009

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22 décembre 2009 2 22 /12 /décembre /2009 16:02

 

L'axe Golfe - Maghreb

Paru dans Arabies - Juillet-Août 2009

 

12-03gr.jpgD'Afrique du Nord au Golfe, il n’y a qu’un pas ! Il a été franchi depuis plusieurs années, par les investisseurs émiriens, à la faveur de contrats de gré à gré avec les grands groupes maghrébins.

 

Le monde des affaires n’est à présent plus réglé sur le schéma unilatéraliste qui a longtemps prévalu. Les économistes Lahsen Abdelmalki et René Sandretto constatent ainsi que « les pays du Sud (ou en transition) sont en mesure de pratiquer des stratégies d’insertion dans les échanges internationaux en valorisant les qualités de leurs actifs (entreprises, infrastructures, main-d’œuvre, ressources, etc.) nationaux ou régionaux. Par ce moyen, ils peuvent accroître leurs débouchés en bénéficiant des effets de dimension et de concurrence engendrés par la formation d’un marché global » (La documentation Française, 2007).

Ce qui est déjà vérifié en termes d’investissement international pour l’Asie de l’Est, avec la Chine, l’est depuis quelques années –toute proportion gardée- avec l’Asie du Sud-Ouest, via les pays de la péninsule arabique. Et précisément concernant le volume de leurs affaires en Afrique du Nord.

Nombreuses sont en effet les réalisations à l’œuvre dans les trois pays du Maghreb central (Tunisie, Algérie, Maroc) qui sont conjointement menées avec les Etats du Conseil de Coopération du Golfe (CCG). Tous les secteurs d’activité sont ainsi concernés: immobilier, industrie, logistique, agriculture, pêche ou énergie. Il en est de même pour la finance et les assurances, les services aux entreprises, le tourisme, l’éducation et la formation, la communication ainsi que le marketing.

 La nouvelle géographie des échanges économiques. L’Arabie Saoudite, Oman, les Emirats Arabes Unis (EAU), le Qatar, le Koweït et le Bahrein sont les six pays membres du Conseil de Coopération du Golfe (CCG). S’agissant des seuls Emirats arabes unis, la Fédération inclut sept Etats : la capitale Abou Dhabi, Dubaï, Sharjah, Ras al-Khaimah, Fujairah, Umm al-Quwain et Ajman. Sur ces territoires est concentrée une partie importante des hydrocarbures (pétrole et gaz) du globe.

A la croisée des circulantes routes commerciales qui mènent à l’Asie, à l’Afrique et à l’Europe, la Péninsule est un hub qui rayonne ainsi sur une zone de chalandise évaluée à une population de deux milliards de personnes ! Elle constitue donc une gigantesque plate-forme de réexportation. Cela lui procure à l’évidence toute latitude pour contractualiser avec les économies du Maghreb, dont la croissance et la culture leur confèrent une aura inégalable. Les collaborations entre le Golf et le Maghreb vont en effet s’amplifiant, malgré la crise économique (et immobilière) qui pourrait, de manière parcellaire, ralentir l’un ou l’autre de ces projets. Pour autant, cela ne remet pas en question les aménagements qui se profilent, chacuns dans leur spécialité, dans toute la région.

La Tunisie, concentre à elle seule un nombre considérable d’investissements directs étrangers (IDE) en provenance du Golfe. Le pays focalise également bon nombre d’opérations sur le marché des banques et des services financiers, où les Koweïtiens sont du reste les leaders.

 « La physionomie du pays est appelée à changer rapidement, sous l’effet de la réalisation d’un ensemble colossal de projets immobiliers et d’infrastructures, annonçait en décembre 2008 l’Agence de promotion de l’investissement FIPA. Dans le centre ville, le promoteur émirien Bukhatir a engagé des travaux de construction d’une cité sportive à Tunis, qui devrait être achevée en 2015. Tout près, la société Al Maabar, originaire d’Abu Dhabi, a fait part de son intention de lancer Bled El Ward, un projet qui s’étend sur 5000 hectares en banlieue de Tunis et dont les investissements prévus se situent autour de 10 milliards de dollars. »

Gulf Finance House (GFH), banque d’investissement basée à Al-Manama (Bahrein), compte quant à elle parmi ses priorités le projet de Port financier à Tunis et elle est également active au Maroc. La banque se propose parallèlement de réaliser pour un montant de 3 milliards de dollars une plate-forme technologique visant à la promotion des compétences tunisiennes dans le domaine des technologies de la communication : Tunis Telecom City.

Enfin, le groupe Abu Dhabi Investment House s’investit pour sa part dans le projet Porta Moda, un complexe résidentiel et touristique dédié à la mode, à Tunis, et à Marrakech. Porta Moda se présentera sous forme de cités touristiques luxueuses qui accueilleront le gotha de la clientèle internationale. Coût de l’opération au Maroc : 400 millions de dollars.

S’agissant de l'impact potentiel de la crise économique sur ces réalisations d’envergure, Mohammed Nouri Jouini, ministre tunisien du Développement et de la Coopération Internationale, a précisé que l’agenda des réalisations projetées avec les Emiriens en Tunisie n’avait pas été perturbé et que ces programmes seront conduits sdans les délais convenus.

 

Investissement industriels et logistiques massifs. L’Algérie, elle, est largement bénéficiaire, en 2007 et 2008 -avec principalement les Emirats Arabes Unis et l'Arabie Saoudite-, dans de nombreux secteurs : transports et travaux publics, agro-industrie, métallurgie, chimie, plasturgie, énergie… En juin 2008, lors d’une visite à Alger, Soltan el-Mansour, ministre émirien de l'Economie des EAU, déclarait que les investissements émiriens en Algérie concerneraient plusieurs secteurs tels que l'industrie, les services, l'énergie, l'immobilier et l'agriculture.

S’agissant des infrastructures portuaires, Dubaï Ports Wolrd (DPW), troisième opérateur mondial dans les terminaux à conteneurs, a signé un partenariat avec l’Entreprise Portuaire d’Alger (EPAL). Djazaïr Port World bénéficie à cet égard depuis février dernier d’une concession de 30 ans sur le terminal à conteneurs. S’est parallèlement créé une joint-venture entre DPW et l’entreprise portuaire de Djendjen.

A propos de ces associations, Abdelhaq Bourouai, Pdg d’EPAL, déclarait en mars dans le magazine Les Afriques : « Dans ce gré à gré, nous avions l’avantage de la confiance entre les deux Etats, algérien et émirien. Dubai Ports World était absent de la Méditerranée et nous avions besoin d’un gros partenaire qui nous introduise dans le circuit mondial. »

Autre domaine où les pays du Conseil de Coopération du Golfe interviennent en Algérie : l’agro-industrie, avec des investissements colossaux. La société émirienne EIIC créé ainsi la plus grande ferme laitière d’Afrique adossée à un projet de production fourragère, à Hamadia. Le Saoudien Savola investit 140 millions d’euros à Oran dans une raffinerie de sucre. Quelque 100 millions d’USD sont également injectés par Mahacil (EAU) dans un complexe laitier en association avec Alger.

L’énergie et l’industrie chimique font de la même manière l’objet de placements financiers. Liwa Energy Limited (EAU), filiale de la compagnie Mubadala (basée à Abu Dhabi), a acquis 20 % des parts de la compagnie Shell, concernant deux projets d’exploration, en Algérie. Le groupe omanais Suhail Bahwan réalise avec Sonatrach un complexe d’ammoniac et d’urée, près d’Arzew. Ailleurs, c’est le consortium Koweitien Almet al-Qurain qui contribue, pour un milliard de dollars, à l'activité d'une usine de méthanol, alors qu'un groupe saoudien finance la construction d’une cimenterie.

Au Maroc, l’investissement en faveur du développement industriel et logistique est également tangible. Le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe (KFAED) a octroyé, en 2008, un prêt de 60 millions de dollars pour le financement de l’axe autoroutier entre Fès et Oujda, dont l’achèvement est prévu en 2010. Notons également une initiative en faveur de l’eau, dans la province de Chefchaouen, pour la réalisation d’un barrage. Le Fonds saoudien de développement (FSD) a pour cela accordé, en mars 2009, un prêt à Rabat. Enfin, l'Union Maroc Emirats arabes unis de Pêche (Umep) est pour sa part bien positionnée.

En Tunisie, outre des prises de participation de holdings du CCG dans l’industrie locale, un investissement de plusieurs millions de dinars a été effectué en 2008. Cet investissement concernera les forages du désert tunisien.

 

Opérations immobilières et touristiques de prestige. L’immobilier est l’un des autres grands axes d’investissements au plan régional, avec une priorité affichée pour les opérations touristiques. La diversité géographique et climatique de ces pays permet de multiplier le champ des possibles. Avec notamment une offre balnéaire ouvrant sur le grand large et des stations de ski, des clubs de sports et d’aventure, des centres équestres, des circuits de randonnées pédestres… Le Maroc détient la palme au regard du foisonnement de projets touristiques sur son territoire aménagés en association avec les pays du Golfe.

Bab-Al-Bahr-maquette.JPGFaisons un point sur certaines de ces opérations de prestige. Pour commencer, citons Emaar Properties, l’une des plus importantes sociétés d’investissement immobilier au monde, connu pour son fameux Burj Dubaï, et qui est présente à travers cinq projets menés royaume chérifien. Mohamed Ali Alabbar, Président d’Emaar explique : « Le Maroc offre un potentiel de croissance sans pareil pour Emaar. La concentration sur le tourisme et le dynamisme en terme de développement économique font de ce pays une destination idéale pour les investisseurs. » Gulf Finance House, qui a démarré en 2008 les travaux du Royal Ranches à Marrakech, réalise pour sa part un complexe offrant des équipements équestres d’exception. Et poursuit sa marche en avant avec Royal Resort Cap Malabata, à Tanger. La valeur de ces deux infrastructures est estimée à 1,6 milliards de dollars. Egalement promoteur et investisseur dans le domaine de l'hôtellerie et l'immobilier de luxe, le groupe Diar (Qatar), filiale du Conseil supérieur des affaires économiques et d'investissement du Qatar, n'est pas en reste.

A Tanger, il a en effet lancé Al-Houara, une station touristique internationale, livrable en 2011. Le groupe projette d’autres opérations touristiques. Le consortium Al-Maâbar (Abu Dhabi) s’est quant à lui fixé à Rabat, pour l’aménagement de la vallée du Bouregreg, sur la tranche Bab al Bahr.

L’accord d’association a été signé en 2006, sous l'autorité du roi Mohammed VI et de Khalifa Ben Zayed Al-Nahyane, président de la Fédération des Emirats arabes unis.

La Société Maroc Emirats arabes unis de Développement opère sur le créneau des projets touristiques, via plusieurs enseignes. Elle est présente dans le groupement à l'origine de la station touristique Mazagan, lequel comprend également la société émirienne Istithmar PSJC. D’autres investisseurs de la Péninsule sont actifs au Maroc, malgré la crise, a l’instar de la société saoudienne Siama, qui construit à Marrakech un complexe hôtelier et dont le directeur général Ammar Abdelhadi affichait, en février 2009, un certain optimisme, comme le relève l'Oxford Business Group : « Le moment est idéal pour les constructeurs car le coût des matériaux connaît une forte baisse en raison du ralentissement de l'économie."

En Algérie, l’appui des IDE du Golfe au développement touristique s’effectue à son rythme. Cette option, laissée en jachère durant les tragiques évènements qu’a connus le pays, est àrelancée. La société EEIIC arrive en pole position, avec d’une part Parc Dounya, dont les titanesques travaux ont débuté en 2008, et d'autre part un investissement de 200 millions de dollars dans le complexe touristique Moretti-Club des Pins, livrable pour 2011.

Mais loin d’investir dans la seule production de biens et de services, l’apport d’IDE des pays du Golfe est aussi destiné à la formation et l’enseignement. C’est ainsi que le Fonds Abu Dhabi pour le développement a signé en 2008 un accord pour la construction d’une école primaire à Asilah.

La prestigieuse université Al-Akhawayn a pour sa part conclu avec la Fondation Al-Maktoum. Elle se voit ainsi dotée d’outils d'innovation extrêmement qualifiés, lui permettant de contribuer à une croissance économique durable. « L'accord, est-il précisé, donne la possibilité de mener des recherches pour l'entrepreunariat. L'Université d'Al-Akhawayn fournira des compétences en ressources humaines pour mieux préparer des opportunités d'affaire ». C'est également le cas en Tunisie avec Tunis Telecom City, que ses promoteurs de Bahreïn se proposent de réaliser, et qui prévoit notamment la création d’une université internationale de communication.



 

 

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19 décembre 2009 6 19 /12 /décembre /2009 17:57

Autoroute TransMaghrébine : le projet du siècle

 

 

On l’attend cette liaison autoroutière entre le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. 2000 kms au total, qui relieront Tanger à Tunis, via Alger. Depuis la pointe Nord-Ouest du Maroc, jusqu’au Nord de la Tunisie, en passant par les 1216 kms qui traverseront l’Algérie. Un titanesque projet, dont chacun construit sa section. A terme, cette autoroute de la communication réunira les trois pays du Maghreb. Et plus encore. Elle s’intègrera au grand projet d’autoroute TransMaghrébine qui reliera Nouakchott en Mauritanie, à Tobrouk en Libye. Soit 7 000 kms de circulation à flux tendus, d’un bord l’autre des cinq Etats du Maghreb! 

 

« Sur le plan des échanges économiques, qu’ils soient intra ou inter-maghrébins, le développement va être extraordinaire. Acheminer des marchandises sur route jusqu’en Tunisie, c’est merveilleux ! Je rêve que cette colonne vertébrale aille jusqu’au Caire » témoigne avec emphase Bahri El Fegir, Professeur de Logistique internationale.

Lorsque la boucle sera bouclée et que chaque pays disposera de son propre réseau, lui-même connecté aux pays voisins, il s’agira alors d’organiser le transit autoroutier entre les trois Etats. Pour l’heure, comme le souligne Mohamed El Ouahdoudi Président de la Convention France Maghreb, « il faut resituer chaque projet dans son contexte national et régional. Et si cela peut aider à intégrer la dimension maghrébine, pourquoi pas ! »

 

 

 

Maroc : La Rocade Méditerranéenne

 

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« La rocade Méditerranéenne assurera une circulation dans des conditions confortables entre Tanger et Saïdia. Soit plus de 510 kms où alterneront sections d’autoroute et de route » souligne Hicham N’hammoucha, Directeur des Routes et de la Circulation Routière au Maroc. Tel est l'ambitieux programme du Ministère de l’Equipement et des Transports Marocain, avec au final, un gain de temps de plus de trois heures. « C’est un maillon important du schéma d’armature autoroutier national. Il revêt une importance au niveau international compte tenu du  développement des échanges commerciaux entre le Maroc et l’Europe et du rôle qu’il pourrait jouer pour donner à la côte méditerranéenne, zone touristique en pleine expansion, une dimension internationale » souligne le Ministère. 

 

Actuellement, les sections Saïdia/Al Hoceima à l’Est, Tanger/Fnideq côté Ouest, et le tronçon autoroutier Tétouan/M’diq (première tranche de Tétouan/Fnideq) soit 268 kms sont en service. L’axe Al Hoceima/Al Jebha (103 kms), a pour sa part été ouvert en septembre 2009. Quant à Al Jebha/Tétouan (120 kms), la construction lancée en 2007 devrait s’achever en 2010. C’est la partie la plus difficile, en raison du relief accidenté. A noter également d’autres projets d’infrastructures autoroutières au départ du port de Tanger Med, avec notamment la jonction à l’autoroute de Rabat, pour optimiser la circulation du fret maritime à l’intérieur du pays.

 

La connexion de la Rocade Méditerranéenne à l’autoroute Est-Ouest algérienne sera assurée par l’autoroute Fès/Oujda (328 kms). Pour l’heure, les travaux de construction au niveau de la province de Taza (141 kms), devraient selon la MAP –Maghreb Arabe Presse- s’achever en 2011. Les Autoroutes du Maroc ne manquent pas de souligner que ce projet d’infrastructure constitue « un tronçon important de l’Autoroute Maghrébine qui prend son origine à Nouakchott, capitale de la Mauritanie et dessert les principales métropoles de l’Union du Maghreb pour arriver à Tobrouk en Libye ». Une donne économique gigantesque dont Tanger est le hub pour Yvan Patet, PDG du groupe EM2C implanté à Casablanca. « Le transit des marchandises par l’autoroute, depuis le port de Tanger, favorisera à l’avenir le développement des échanges avec le Maghreb, l’Egypte, et au-delà. »  

 

 

 

L’Autoroute Est-Ouest en Algérie

 

Algerie-autoroute-Est-Ouest_thumbleft-popup-reference.jpgEn Algérie, même engouement pour mettre en œuvre cette liaison autoroutière qui garantira la circulation avec le Maroc et la Tunisie et favorisera le développement économique de la région. Car, comme le fait remarquer El Watan (édition du 23/09/2007), « là où passe la route et où s’arrête le train, l’activité économique se développe, des logements se construisent et les populations s’y fixent. » L’autoroute réduira en outre de moitié la durée de la traversée Est-Ouest de l’Algérie. Soit onze heures de route pour effectuer le trajet Annaba-Tlemcen.

Cette artère jugulaire, dixit Omar Merabet, Consultant–Economiste, va soutenir le développement à l’intérieur du pays, en désenclavant d’abord des régions entières, en produisant ensuite de l’activité dans les secteurs des hydrocarburants, de l’équipement automobile, des TIC... « L’autoroute Est-Ouest est le catalyseur de l’investissement » ajoute Si Mohammed Habib Lacarne, Consultant Manager, qui note que les Emirats Arabes Unis, le Japon et la Chine sont d’ores et déjà positionnés sur ce gigantesque marché. Des investissements qui génèrent par voie de conséquence une importante activité économique et la création de 100 000 emplois, pour la construction et l’entretien des routes, la réglementation des abords des voies rapides, le développement de l’activité sur les aires de stationnement et dans les villes et villages alentours.

 

Le tracé de l’autoroute Est-Ouest a été prévu plus au sud du littoral, dans un objectif de redynamisation des hauts plateaux (de Sétif à Sidi Bel Abbès) jusque là insuffisamment desservis. Annaba, Alger et Oran, les trois mégapoles de la côte algérienne, sont intégrées au plan de circulation ou reliées par des pénétrantes. Des connexions aux aéroports et aux ports de Bejaïa, Jijel, Mostaganem et Ghazaouet sont également établies afin d’assurer les liaisons aériennes et maritimes vers l’Italie et la France. Et l’autoroute sera elle-même reliée au Maroc par un raccordement au point Colonel Lotfi qui mènera à Oujda. Et à la Tunisie par le parc national d’El Qala, dans la wilaya d’El Tarf, selon le protocole d’accord entre les deux pays. 

 

La mise en œuvre des travaux est répartie entre un programme sino-japonais et un programme algérien. Trois lots, équivalent à 927 kms, sont ainsi réalisés par le consortium sino-japonais. Avec à l’Est, depuis la frontière tunisienne jusqu’à Bordj Bou-Arreridj, 399 kilomètres construits par les Japonais Cojaal. Au centre (Bordj Bou Arreridj-Chlef) et à l’Ouest (Chlef-frontière marocaine), 169 kms et 359 kms, par deux groupes chinois, CITIC et CRCC. Quant aux 300 autres kms, leur exécution est effectuée par l’Algérie. L’achèvement de cette arcade autoroutière est prévue pour 2010.   

 

En novembre 2009, Amar Ghoul, ministre des Travaux publics annonçait dixit APS Algérie Presse Service- que la jonction directe Oran-Alger à l'autoroute Est-Ouest se fera avant la fin de l’année. Il s’agira ensuite d’achever les travaux à partir de Relizane et jusqu’aux  des wilayas de Mascara, Sidi Bel Abbés et Tlemcen.  

   

 

Tunisie : des axes routiers vers l’Algérie et la Libye

 

La Tunisie prépare également le terrain pour que se prolonge la TransMaghrébine par les deux points de raccord requis avec l’Algérie et la Libye. Le transport est d’ailleurs l’une des priorités du XIe Plan (2007-2011), avec une enveloppe de 4 milliards d’Euros alloués à des projets d’infrastructures, pour tripler le réseau autoroutier. Le tiers des financements est ainsi consacré à l’extension des axes du Nord au Sud du pays, avec notamment la liaison par l’Ouest vers l’Algérie et celle par le Sud, en direction de la Libye.

 

L’autoroute Tunis-Algérie (207 kms) dans les zones intérieures du Nord-Ouest est l’un de ces projets. La réalisation du premier tronçon Tunis-Medjez El Bab-Oued Zarga (67 kms), une infrastructure 100 % tunisienne, a été inaugurée en 2006. Quant à la tranche Oued Zarga-Boussalem, son démarrage imminent était annoncé en août 2009 par l’agence TAP, Tunis Afrique Presse.


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Le prolongement de la TransMaghrébine à la Libye s’organise avec la même vélocité. 590 kms linéaires au total, de Tunis à Ras Jdir, au Sud du pays. A commencer par les 141 kms d’autoroute Tunis-Sousse qui fonctionnent d’ores et déjà. Quant à M’saken (Sousse)–Sfax (97 kms), dont le premier tronçon a été financé par la Banque Européenne d’Investissement (BEI) et le second par la Banque Japonaise de Coopération Exterieure (BJCE), il a été inauguré en 2008. Restera alors la réalisation du tronçon Sfax-Gabès (151 kms), dont on prévoit le lancement  fin  2009, et enfin Gabès-Ras Jdir (180 kms), à la frontière libyenne.

 

Paru dans Arabies, Mensuel du monde arabe et de la francophonie – N° 248 - Décembre 2007

Réactualisé en Décembre 2009

 

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